Imaginez une région qui attend sa première couronne depuis plus de cent ans. Une région fière, un peu secrète, souvent oubliée des projecteurs nationaux. Et puis arrive une jeune femme de 24 ans, déterminée comme jamais, qui se dit tout simplement : « Cette fois, c’est pour nous. » Aloïce Sejotte n’est pas seulement la nouvelle Miss Limousin. Elle porte, presque malgré elle, tout un symbole.
J’ai suivi de loin les élections régionales ces derniers mois, et franchement, rarement une candidate m’a autant marqué par son authenticité. Pas de discours tout fait, pas de pose étudiée à outrance. Juste une énergie brute, un sourire franc et cette phrase qui résonne encore : « Il faut aller chercher cette coupe ! » On sent qu’elle y croit. Vraiment.
Aloïce Sejotte, ou l’histoire d’une revanche douce
Revenons un peu en arrière. L’an dernier, déjà, elle s’était présentée. Elle avait tout donné, préparé ses discours, répété ses pas sur les talons jusqu’à l’épuisement. Et puis non. La couronne régionale lui était passée sous le nez. Beaucoup auraient rangé l’écharpe au placard et passé à autre chose. Pas elle.
Cette année, elle est revenue plus forte, plus sereine aussi. Comme si l’échec précédent lui avait appris exactement ce qu’il fallait corriger. Et quand on lui demande comment elle gère la pression à quelques jours de la grande finale nationale, elle répond avec un naturel désarmant : elle sait qu’elle peut compter sur les anciennes Miss Limousin pour la coacher. C’est beau, cette sororité régionale qui transcende les générations.
« J’ai réussi à gérer mon stress jusque-là, donc il n’y a pas de raison que je n’y arrive pas ! »
Cette phrase, elle l’a lâchée juste après son élection régionale. Et quelque part, elle résume tout le personnage : une fille qui avance, qui apprend, qui ne se laisse pas abattre.
Le Limousin, terre sans couronne… jusqu’à quand ?
Il faut le dire clairement : le Limousin reste la grande absente du palmarès Miss France. Jamais, en plus d’un siècle d’élection, une représentante de la région n’a été sacrée. Le meilleur résultat ? Une première dauphine en 2006. C’est tout.
Pour les habitants, c’est presque devenu une blague douce-amère. À chaque élection, on espère, on vote en masse, et puis… rien. Alors quand Aloïce a été élue en octobre, quelque chose a changé dans l’air. Les réseaux sociaux régionaux se sont enflammés. On a senti une vraie mobilisation. Comme si tout le monde s’était dit : « Cette année, on y va à fond. »
- Plus de 100 ans d’histoire Miss France
- 0 couronne pour le Limousin
- 1 seule première dauphine (2007)
- 2025 : un espoir nommé Aloïce
Cette statistique, elle pèse. Mais elle motive aussi terriblement.
Une artisan du luxe qui fabrique… la malle de Miss France
Et puis il y a son métier. Ça, c’est le détail qui tue. Aloïce travaille dans la maroquinerie de luxe. Oui, vous savez, ces maisons où l’on coud encore à la main, où chaque point est une œuvre d’art. Elle participe à la fabrication des malles et des sacs iconiques. Dont – attention, petit frisson – la malle officielle de Miss France.
Quand on lui demande ce qu’elle préfère dans son travail, elle répond sans hésiter : partir d’une simple peau et aboutir à un objet magnifique. Il y a quelque chose de poétique là-dedans. Transformer la matière brute en rêve portable. Un peu comme ce qu’elle vit en ce moment, non ? Passer d’une jeune femme discrète de Haute-Vienne à une candidate qui pourrait bien coiffer la couronne nationale.
« J’ai toujours été assez manuelle, et j’aime le fait de sortir un beau produit en commençant avec une peau. »
Aloïce Sejotte
Et ce n’est pas juste du marketing. Elle croit vraiment à la durabilité dans son métier : service après-vente irréprochable, possibilité de recycler certains modèles… Dans un monde où la fast-fashion nous étouffe, entendre une candidate parler d’écologie responsable dans le luxe, ça fait du bien.
Une candidate qui sort du cadre
On a l’habitude, avec Miss France, des profils très divers. Infirmière, étudiante en droit, sportive de haut niveau… Mais une artisan maroquinière ? C’est inédit. Et c’est rafraîchissant.
Aloïce ne correspond à aucun stéréotype. Elle n’a pas le parcours « classique » qu’on imagine parfois. Elle n’a pas fait dix ans de mannequinat ou de télévision. Elle travaille de ses mains, dans un atelier, avec des odeurs de cuir et de colle noble. Et pourtant, elle porte l’écharpe avec une aisance folle.
Je trouve ça génial, personnellement. Ça montre que la beauté, aujourd’hui, peut aussi être dans le geste, dans le savoir-faire, dans l’authenticité. Pas seulement dans la taille de mannequin ou le nombre de followers.
Le 6 décembre 2025 : le grand soir
Le Zénith d’Amiens. 36 candidates. Une seule couronne. Le 6 décembre prochain, tout peut basculer. Aloïce le sait. Elle s’est préparée pendant des mois, entre son travail, les répétitions, le voyage de préparation avec les autres Miss.
On dit que cette promotion 2025 est l’une des plus soudées. Moins de dramas, plus de bienveillance. Et Aloïce, avec son tempérament calme et son humour discret, semble parfaitement à sa place dans ce groupe.
Alors, sera-t-elle la première ? Difficile à dire. La concurrence est rude, certaines candidates ont déjà un buzz énorme. Mais une chose est sûre : elle a déjà gagné quelque chose d’immense. Elle a fait rêver tout un territoire. Elle a prouvé qu’on pouvait venir d’une région qu’on dit « oubliée » et viser les étoiles.
Ce qu’Aloïce nous dit de la France de 2025
Au-delà de l’élection, il y a quelque chose de plus profond. Aloïce représente une France qui travaille dur, qui garde ses savoir-faire, qui croit encore à la beauté du geste artisanal. Une France rurale et fière, qui n’a pas besoin des grandes villes pour briller.
Dans un monde où tout va vite, où l’on valorise souvent l’apparence plus que la substance, elle rappelle qu’on peut être élégante, déterminée et profondément ancrée dans des valeurs solides.
Et si jamais elle gagne ? Ce sera historique. La première Miss Limousin. La preuve que rien n’est impossible. Et si elle ne gagne pas ? Elle aura quand même marqué les esprits. Parce qu’une candidate comme elle, ça ne s’oublie pas.
Alors moi, le 6 décembre, je regarderai. Et quelque part, j’espère secrètement entendre : « Miss France 2026 est… Miss Limousin ! » Parce que parfois, les belles histoires méritent leur happy end.
En attendant, Aloïce continue de travailler son discours, de répéter ses pas, de sourire à la caméra. Avec cette petite flamme dans les yeux qu’ont celles qui savent qu’elles portent plus qu’une écharpe. Elles portent tout un territoire.
Et ça, c’est déjà immense.
