Parfois, une phrase toute simple fait l’effet d’un coup de tonnerre dans un ciel déjà bien chargé. Ce matin, une grande organisation de défense des droits humains, connue pour son exigence et son indépendance, a franchi un pas que personne n’osait vraiment lui voir faire : elle accuse nommément le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens d’avoir commis des crimes contre l’humanité le 7 octobre 2023 et dans les mois qui ont suivi.
Pas des « simples » crimes de guerre (elle l’avait déjà dit il y a un an), non. Là, on parle du niveau supérieur dans la hiérarchie des horreurs : extermination, torture, violences sexuelles, prises d’otages systématiques. Des actes commis, selon le rapport, dans le cadre d’une attaque généralisée et systématique contre une population civile. Autrement dit, la définition même du crime contre l’humanité.
Un rapport qui ne passe pas inaperçu
Imaginez : plus de 170 pages, des témoignages recoupés, des vidéos analysées image par image, des expertises médico-légales. Le document est tombé hier soir et, croyez-moi, il n’a pas fini de faire parler de lui. Parce que, oui, l’organisation en question avait déjà sévèrement critiqué Israël – parfois jusqu’à employer le mot « génocide » pour Gaza – mais jamais elle n’avait placé le Hamas à ce niveau de responsabilité pénale internationale.
Et là, bam. Le mot est lâché. Extermination. Un terme que l’on réserve habituellement aux pires pages de l’histoire humaine.
Que s’est-il passé exactement le 7 octobre ?
On le sait, ce jour-là, des milliers de combattants et de civils armés palestiniens ont franchi la frontière, attaquant kibboutzim, une fête de musique et des villages. Résultat : 1 221 morts, majoritairement des civils, et 251 personnes enlevées. Des familles entières massacrées dans leurs maisons, des jeunes gens abattus ou brûlés vifs dans leurs voitures, des scènes d’une violence difficilement soutenable.
Ce que dit le rapport, c’est que tout ça n’était pas le fruit du chaos ou de la « colère populaire ». Non, il y avait un plan. Une intention claire. Et surtout une coordination qui dépasse largement le cadre d’une simple opération militaire.
« La détention d’otages s’inscrivait dans un plan explicitement formulé par la direction du Hamas et d’autres groupes armés palestiniens. »
Extrait du rapport
Autrement dit, on ne parle plus d’exactions isolées commises dans le feu de l’action. On parle d’une stratégie délibérée.
Les crimes qui choquent le plus l’opinion
Parmi les accusations les plus lourdes, il y a évidemment les violences sexuelles. Le rapport est prudent – il n’a pu n’interroger qu’une seule victime directe – mais il recense des témoignages crédibles de viols, de mutilations génitales, d’humiliations publiques. Des actes filmés, parfois diffusés en direct par les auteurs eux-mêmes.
Je me souviens encore de ces vidéos insoutenables qui avaient circulé ce jour-là. On se disait « ce n’est pas possible ». Et pourtant…
- Viols collectifs filmés
- Mutilations sur des corps de femmes
- Parades d’otages dénudées dans les rues de Gaza
- Témoignages de survivantes décrivant des sévices organisés
Tout cela, selon l’organisation, relève bien de crimes contre l’humanité. Pas juste de « débordements ».
Et les otages dans tout ça ?
Deux ans après, on a parfois l’impression que le monde a oublié qu’il reste encore des corps retenus à Gaza. Le rapport, lui, n’oublie pas. Il parle de disparitions forcées, de torture continue, de mauvais traitements systématiques. Certains otages sont morts en vie, d’autres ont été tués en captivité. Quarante-quatre étaient déjà morts au moment de leur enlèvement.
Et là encore, l’organisation est claire : retenir des civils pour les utiliser comme boucliers ou monnaie d’échange, c’est un crime contre l’humanité quand c’est fait de façon planifiée.
Qui est vraiment responsable ?
Le rapport pointe sans ambiguïté les Brigades Ezzedine Al-Qassam (branche armée du Hamas) comme principal responsable. Mais il n’épargne pas non plus le Jihad islamique, les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, et même… des civils palestiniens non affiliés qui ont participé activement aux massacres ou aux pillages.
Oui, vous avez bien lu. Des civils. Des gens ordinaires qui, ce jour-là, ont franchi la frontière avec les combattants et ont pris part aux tueries. C’est peut-être l’aspect le plus glaçant du rapport : la frontière entre « combattant » et « civil » s’est totalement effacée le 7 octobre.
Un timing qui interroge
Pourquoi maintenant ? C’est la question que tout le monde se pose. Le conflit est entré dans une phase de cessez-le-feu fragile depuis octobre, les regards se tournent déjà vers la reconstruction, les négociations… Et là, ce pavé dans la mare.
Certains y voient une volonté de rééquilibrer un discours jugé trop déséquilibré ces derniers mois. D’autres estiment que l’organisation applique simplement ses propres critères, sans regarder la montre. Moi, j’ai tendance à penser que quand on met deux ans à sortir un rapport aussi lourd, c’est qu’on a voulu être absolument certain de ses preuves.
Et franchement, quand on lit les annexes, on comprend pourquoi ça a pris du temps. Ils ont tout passé au crible.
Et Israël dans tout ça ?
Il serait hypocrite de ne pas en parler. La même organisation continue d’accuser Israël de crimes très graves à Gaza – elle maintient même l’accusation de génocide, ce qui fait bondir Jérusalem. Donc non, ce n’est pas un virage à 180°. C’est plutôt une position qui devient… comment dire… plus nuancée ? Plus chirurgicale ?
En tout cas, le message est clair : les droits humains ne choisissent pas leur camp. Quand il y a des crimes des deux côtés, on les dénonce des deux côtés. Point.
Quelles conséquences concrètes ?
Sur le plan juridique, pas grand-chose dans l’immédiat. Les leaders visés dans les anciens mandats de la CPI sont morts. Mais ce rapport va forcément peser dans les futurs dossiers. Il donne aussi une base solide à tous ceux qui demandent que les responsables du 7 octobre soient jugés, quel que soit le bord.
Sur le plan politique, par contre, c’est une bombe. Dans les chancelleries, dans les opinions publiques, dans les campus, dans les réseaux… Ce rapport va servir d’arme à certains, de boulet à d’autres. Et moi, je parie qu’on va en entendre parler pendant des mois.
Parce qu’au fond, ce qui est en jeu, c’est la possibilité même de parler de ce conflit sans immédiatement être accusé de partialité. Et là, pour une fois, une voix que personne ne peut taxer de « pro-israélienne » vient rappeler que non, le 7 octobre n’était pas une « résistance légitime ». C’était un massacre planifié.
Et ça, ça change pas mal de choses.
Je ne sais pas vous, mais moi, quand je lis ce genre de rapport, j’ai toujours la même pensée : on est en 2025, et on en est encore à devoir rappeler que massacrer des civils, violer, prendre des otages, ce n’est pas de la « lutte armée ». C’est juste inhumain.
Et tant qu’on n’aura pas le courage de le dire des deux côtés de la barricade, on n’avancera pas d’un pouce vers une paix digne de ce nom.
