Imaginez-vous à la barre d’un géant automobile, avec 14 marques emblématiques sous votre responsabilité, des usines au ralenti et une image de marque à reconstruire. C’est le défi colossal qui attend Antonio Filosa, le nouveau PDG de Stellantis, qui a pris ses fonctions ce 23 juin 2025. Ce Napolitain de 51 ans, avec son style reconnaissable et sa double nationalité italo-brésilienne, n’est pas un inconnu dans le secteur. Mais la tâche s’annonce titanesque : pertes de parts de marché, problèmes de fiabilité et une action en bourse en chute libre. Alors, qui est cet homme, et comment compte-t-il redresser la barre ?
Un Nouveau Capitaine pour un Navire en Eaux Troubles
Quand on parle de Stellantis, on pense à des noms comme Peugeot, Fiat, Jeep ou Chrysler. Ce géant, né de la fusion entre PSA et FCA en 2021, est aujourd’hui le cinquième constructeur automobile mondial. Mais en 2025, il traverse une tempête. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une perte de 33 % de la valeur boursière en six mois, 56 % sur un an. Les usines tournent au ralenti, et les clients doutent de la fiabilité des véhicules. C’est dans ce contexte qu’Antonio Filosa, un vétéran de l’industrie, prend les rênes.
Diriger une entreprise mondiale avec des racines aussi profondes est un privilège immense.
– Nouveau PDG de Stellantis
Son arrivée n’est pas une surprise totale. Filosa, qui a fait ses armes chez Fiat dès 1999, a gravi les échelons avec une ténacité impressionnante. D’abord envoyé au Brésil en 2005, il a transformé la région sud-américaine en un bastion pour Stellantis, dominant le marché local. Puis, en 2023, il prend la direction de Jeep aux États-Unis, où il orchestre le succès de la Jeep Avenger, première Jeep électrique et voiture de l’année en Europe. Ce palmarès, c’est son ticket d’entrée pour le poste de PDG. Mais la question demeure : saura-t-il répliquer ce succès à l’échelle mondiale ?
Les Défis Majeurs de Stellantis en 2025
Pour comprendre l’ampleur de la mission de Filosa, il faut plonger dans les problèmes qui secouent Stellantis. Le premier trimestre 2025 a été un désastre : toutes les marques du groupe, de Peugeot à Dodge, ont perdu des parts de marché en Europe et en Amérique du Nord. Les usines, faute de commandes, fonctionnent à minima. Les investisseurs, eux, ont perdu confiance, comme en témoigne la chute brutale de l’action en bourse.
Mais ce n’est pas tout. Stellantis fait face à une crise de fiabilité. Les moteurs Puretech de PSA et les airbags Takata ont terni l’image du groupe, avec des rappels massifs et des accidents qui ont fait les gros titres. Restaurer la confiance des consommateurs sera une priorité absolue. Et puis, il y a la transition énergétique. Les voitures électriques, bien que stratégiques, restent trop chères pour beaucoup d’acheteurs, tandis que les hybrides gagnent du terrain. Comment Filosa va-t-il jongler avec tout ça ?
- Pertes de marché : Parts en baisse en Europe et en Amérique du Nord.
- Problèmes de fiabilité : Moteurs et airbags défectueux nuisent à l’image.
- Transition énergétique : Besoin d’une offre hybride et électrique compétitive.
- Crise boursière : Chute de 56 % de l’action en un an.
Personnellement, je trouve que cette situation ressemble à un puzzle géant. Chaque pièce – fiabilité, innovation, finances – doit être soigneusement placée pour que l’ensemble tienne. Filosa, avec son expérience, semble avoir les épaules, mais le temps presse.
Une Équipe Dirigeante pour Restaurer l’Équilibre
Pour relever ces défis, Filosa a dévoilé une équipe dirigeante qui reflète un savant mélange d’expérience et de diversité. Avec un comité exécutif composé à parts égales de Français, d’Américains et d’Italiens, il cherche à préserver l’équilibre culturel au sein du groupe. Ce choix n’est pas anodin : Stellantis, avec ses racines franco-italo-américaines, doit parler à tous ses marchés.
Une surprise, cependant : le départ d’un cadre clé, souvent vu comme le successeur naturel de l’ancien PDG. Ce dernier, qui avait occupé des postes stratégiques, a préféré quitter le navire pour explorer d’autres horizons, peut-être chez un autre constructeur français. Ce départ laisse un vide, mais Filosa a compensé en intégrant des profils techniques solides, comme un ingénieur français chevronné, chargé de redorer l’image technique des véhicules.
Notre force, c’est la diversité de nos talents et l’héritage de nos marques.
– Nouveau PDG de Stellantis
Ce comité exécutif sera-t-il la clé pour redonner un second souffle à Stellantis ? J’ai l’impression que Filosa mise sur une approche collaborative, mais il devra s’assurer que ces différentes voix s’accordent pour éviter les dissonances.
Une Tournée pour Rassurer et Inspirer
Depuis l’annonce de sa nomination en mai 2025, Filosa n’a pas chômé. Il a entamé une tournée mondiale des usines et des équipes commerciales, une stratégie qui rappelle celle de son prédécesseur. De l’usine historique de Peugeot à Sochaux à celle de Citroën en Slovaquie, en passant par l’Italie, l’Espagne et les États-Unis, il veut montrer qu’il est proche du terrain.
Cette approche, c’est du pain béni pour les employés. Voir le PDG sur le terrain, discuter avec les ouvriers et les concessionnaires, ça envoie un message fort : on ne dirige pas depuis un bureau à Détroit. Mais c’est aussi un pari risqué. Si les résultats ne suivent pas, ces visites pourraient être perçues comme de la communication creuse.
| Destination | Objectif | Impact attendu |
| Sochaux, France | Renforcer les liens avec Peugeot | Rassurer les équipes françaises |
| Turin, Italie | Lancement de la Fiat Grande Panda | Relancer l’image de Fiat |
| Slovaquie | Visite usine Citroën C3 | Booster la production |
Ces déplacements montrent que Filosa veut comprendre les réalités locales. Mais entre nous, je me demande si ces visites suffiront à regagner la confiance des marchés. Après tout, dans l’automobile, ce sont les produits qui parlent.
Reconstruire l’Image de Marque
Si Stellantis veut rebondir, il faut d’abord régler la question de la fiabilité. Les moteurs Puretech et les airbags Takata ont causé des migraines aux clients et aux concessionnaires. Ces problèmes, amplifiés par les réseaux sociaux, ont terni l’image de marques comme Peugeot et Citroën. Filosa a déjà pris une première mesure en nommant un expert en ingénierie pour superviser la qualité.
Mais au-delà des réparations techniques, il s’agit de reconquérir les cœurs. Les consommateurs veulent des voitures fiables, mais aussi désirables. Le lancement de la Fiat Grande Panda, à la fois hybride et électrique, est un signal fort. Présentée à Turin en juin 2025, elle incarne la volonté de Stellantis de proposer des véhicules abordables et modernes. Est-ce que ce sera suffisant pour faire oublier les déboires passés ?
Une marque, c’est une promesse. Nous devons la tenir à nouveau.
– Expert en marketing automobile
Je trouve que cette citation résume bien l’enjeu. Une voiture, ce n’est pas qu’un moteur et quatre roues ; c’est une histoire, une émotion. Filosa devra jouer sur ce registre pour ramener les clients dans les showrooms.
Un Équilibre Délicat entre Europe et Amérique
Historiquement, l’Europe est le poumon de Stellantis en termes de volume, mais l’Amérique du Nord génère l’essentiel des profits. Cette dualité complique les choix stratégiques. Faut-il miser sur les pick-ups RAM et Jeep aux États-Unis, ou renforcer Peugeot et Fiat en Europe ? Filosa semble vouloir éviter de trancher. Sa tournée européenne, tout comme ses visites aux États-Unis, montre qu’il veut garder un pied sur chaque continent.
Mais ce grand écart n’est pas sans risque. Si Stellantis délaisse l’Europe, il pourrait perdre son identité. À l’inverse, négliger l’Amérique du Nord, c’est dire adieu aux marges confortables. Filosa devra trouver un juste milieu, peut-être en misant sur des modèles hybrides qui plaisent des deux côtés de l’Atlantique.
- Consolider l’Europe : Regagner des parts de marché avec des modèles abordables.
- Relancer l’Amérique : Capitaliser sur Jeep et RAM pour les profits.
- Innover : Accélérer sur les hybrides et électriques.
Franchement, je trouve ce défi fascinant. C’est comme marcher sur une corde raide avec des vents contraires. Filosa a l’expérience, mais il lui faudra aussi un peu de chance.
L’Héritage de Carlos Tavares
Impossible de parler de Filosa sans évoquer son prédécesseur, Carlos Tavares. Ce dernier, qui a dirigé Stellantis jusqu’à sa démission en décembre 2024, a laissé une empreinte indélébile. Connu pour sa rigueur et son obsession des coûts, il a transformé Stellantis en une machine à profits… jusqu’à ce que la machine s’enraye. Les critiques pointent du doigt une stratégie trop axée sur les marges, au détriment de l’innovation et de la qualité.
Filosa, lui, semble vouloir changer de cap. Moins focalisé sur les chiffres à court terme, il mise sur une vision plus humaine, centrée sur les équipes et les clients. Mais il devra composer avec l’héritage de Tavares, notamment la fusion complexe entre PSA et FCA, qui a créé un groupe puissant mais difficile à gérer.
Le passé nous enseigne, mais l’avenir nous appelle.
– Analyste du secteur automobile
Ce contraste entre les deux hommes m’interpelle. Tavares était un stratège implacable, mais Filosa semble plus proche des gens. Reste à voir si cette approche portera ses fruits.
Et Maintenant, Quelle Feuille de Route ?
Alors, à quoi ressemble le plan de Filosa ? Pour l’instant, il mise sur trois axes : qualité, innovation et proximité. La qualité passe par des investissements dans l’ingénierie et des contrôles renforcés. L’innovation, elle, repose sur des lancements comme la Fiat Grande Panda et une accélération sur les hybrides. Quant à la proximité, ses tournées montrent qu’il veut écouter les équipes et les clients.
Mais le vrai test viendra dans les mois à venir. Les investisseurs veulent des résultats rapides, les clients veulent des voitures fiables, et les employés veulent un cap clair. Filosa devra prouver qu’il peut non seulement gérer la crise, mais aussi redonner à Stellantis son éclat d’antan.
Si je devais parier, je dirais que son expérience au Brésil et avec Jeep lui donne une longueur d’avance. Mais dans l’automobile, rien n’est jamais gagné d’avance. Une chose est sûre : les prochains mois seront décisifs pour Stellantis, et tous les regards sont tournés vers ce Napolitain ambitieux.
