Imaginez la scène. Vous entrez dans un tribunal déjà saturé de colère, d’angoisse et de rancœurs accumulées pendant des semaines. L’air est tellement lourd qu’on dirait qu’il va exploser à la moindre étincelle. Et pourtant, c’est exactement ce qui s’est produit ce jeudi 4 décembre 2025 à Créteil.
Un jeune homme de vingt ans, Mansour, abattu d’une balle de fusil dans le dos en pleine rue à Gentilly en 2022. Trois ans plus tard, le verdict tombe comme un couperet… ou plutôt comme plusieurs, puisque les peines pleuvent et qu’un homme repart libre. J’étais scotché en suivant les échos de cette audience. Franchement, rarement un délibéré n’aura été aussi chargé en émotions brutes.
Un verdict qui fait l’effet d’une bombe
Quatre condamnations lourdes, un acquittement. Voilà le bilan brut. Le tireur présumé écope de trente ans de réclusion criminelle, la peine maximale réclamée par l’accusation. Les trois autres complices reconnus coupables prennent entre neuf et vingt-cinq ans. Et puis il y a cet homme, le cinquième, que la cour a choisi de laisser repartir libre. Acquitté.
Dans la salle, c’est l’apocalypse. Cris, insultes, sanglots. Les gendarmes, déjà ultra nombreux, forment un cordon humain pour éviter que la situation ne dégénère complètement. On parle de huit clos partiel décidé en urgence en début de semaine après une bagarre générale dans le box. Oui, vous avez bien lu : les accusés en sont venus aux mains entre eux, devant les jurés.
Retour sur les faits : une exécution en pleine rue
Tout commence en 2022 à Gentilly, dans le Val-de-Marne. Mansour, vingt ans à peine, marche tranquillement quand une voiture s’arrête à sa hauteur. Un individu sort, arme un fusil à pompe et tire dans le dos. Une seule détonation. Fatale. Le jeune homme s’effondre. Son frère, présent sur place, le prend dans ses bras. Une image qui hantera la famille à jamais.
Très vite, l’enquête oriente les policiers vers un règlement de comptes sur fond de trafic et de rivalités de quartier. Cinq hommes sont interpellés. Le tireur présumé, celui qui aurait appuyé sur la gâchette, se mure dans un silence total depuis le début. Pas un mot. Même pas un regard pour la famille de la victime. Glacial.
« Mon frère est mort dans mes bras. Je revois encore le sang partout… »
Témoignage déchirant du frère de la victime lors de l’audience
Un procès sous très haute tension
Dès le premier jour, l’ambiance est électrique. La salle est pleine à craquer. Famille, amis, soutiens des deux côtés. Les forces de l’ordre sont partout. Et pour cause : les incidents se multiplient.
- Insultes dans le public
- Menaces à peine voilées
- Un accusé qui craque et fond en larmes
- Et puis cette fameuse bagarre dans le box, lundi soir
Ce soir-là, ça part en vrille. Un des accusés perd ses nerfs, traite un autre de balances. Les coups pleuvent. Les gendarmes interviennent en nombre. La scène déborde même devant le palais de justice. Résultat : huis clos partiel et renforcement massif de la sécurité pour le verdict.
Je vous avoue que, même en suivant ça de loin, j’ai ressenti cette tension. On sent que tout peut basculer à n’importe quel moment.
Les peines prononcées : entre sévérité et surprise
Revenons au délibéré. Après des heures de discussions, la cour rend sa décision. Et elle tape fort :
| Accusé | Rôle présumé | Peine |
| Tireur présumé | Auteur des coups de feu | 30 ans de réclusion |
| Complice 1 | Chauffeur / guetteur | 25 ans |
| Complice 2 | Fourniture de l’arme | 18 ans |
| Complice 3 | Participation logistique | 9 ans |
| 5e accusé | Présence contestée sur les lieux | Acquitté |
L’acquittement, c’est le choc. Pour la famille de Mansour, c’est une claque supplémentaire. Comment expliquer que quelqu’un reparte libre alors que leur fils, leur frère, est mort ? Les avocats de la défense, eux, parlent de doute raisonnable et de preuves insuffisantes. La justice a tranché.
Pourquoi tant de violence autour de ce procès ?
On pourrait se dire que c’est « juste » un énième règlement de comptes. Mais non. Ce genre d’affaires cristallise toutes les frustrations. Quartiers sensibles, trafics, sentiment d’impunité, désespoir des familles… Tout remonte à la surface.
Et puis il y a cette question qui brûle les lèvres : est-ce que trente ans de prison vont apaiser la douleur d’une mère qui a perdu son enfant ? Probablement pas. La justice fait son travail, mais elle ne ramène personne.
Ce qui m’a marqué, c’est aussi le contraste. D’un côté, des accusés qui oscillent entre mutisme total et crises de nerfs. De l’autre, une famille digne dans la souffrance, qui répète qu’elle veut juste « comprendre pourquoi ».
Les leçons d’un procès hors norme
Ce verdict, au-delà des peines, pose des questions de fond. Sur la sécurisation des audiences quand les passions sont à vif. Sur la capacité de la justice à rester sereine dans ce genre de climat. Sur le rôle des quartiers et des politiques publiques pour éviter que ça se reproduise.
Parce qu’au final, derrière les trente ans, les vingt-cinq ans ou l’acquittement, il y a un jeune de vingt ans qui ne rentrera jamais chez lui. Et ça, aucune peine, aucun délibéré ne pourra l’effacer.
Je termine là-dessus, un peu sonné. Ce genre d’histoire vous prend aux tripes. On parle de chiffres, de peines, de procédure… mais il s’agit avant tout d’une vie fauchée beaucoup trop tôt. Et d’une famille qui va devoir apprendre à vivre avec un vide immense.
Si cet article vous a touché ou interrogé, n’hésitez pas à laisser un commentaire. Ces sujets-là méritent qu’on en parle, calmement mais sans détour.
