Imaginez une petite fille de cinq ans, grandissant dans un village du Burkina Faso, rêvant déjà de changer le monde. Cette enfant, c’est Assita Kanko, une femme qui, des décennies plus tard, porte aujourd’hui ses combats avec une détermination sans faille au cœur du Parlement européen. Son parcours, marqué par des épreuves personnelles et une ambition débordante, incarne une lutte universelle : celle de l’émancipation féminine et de la défense des valeurs qu’elle chérit. Mais comment une eurodéputée belge, issue d’une culture traditionnelle africaine, s’est-elle imposée comme une figure de la droite radicale en Europe ? C’est ce que nous allons explorer.
De Godyr à Bruxelles : Un Parcours Hors Norme
Née en 1980 dans un petit village du Burkina Faso, Assita Kanko n’a pas eu une enfance ordinaire. À l’âge de cinq ans, elle subit l’excision, une pratique culturelle profondément enracinée, mais traumatisante. Ce moment, qu’elle décrira plus tard dans un livre poignant publié en 2013, a forgé sa vision du monde. « Si ma mère avait eu son indépendance financière, personne n’aurait osé m’imposer cela », confie-t-elle avec conviction. Cette expérience personnelle devient le moteur de son engagement pour l’égalité des genres.
« Je suis persuadée que l’indépendance économique des femmes est la clé pour briser les chaînes des traditions oppressantes. »
– Une eurodéputée engagée
Excellente élève – elle se décrit elle-même comme la « première de la classe » –, elle se passionne pour le journalisme dès son adolescence. Mais un événement tragique vient bouleverser ses plans : l’assassinat, en 1998, de son mentor, un journaliste d’investigation burkinabè. Ce drame la pousse à quitter son pays natal pour poursuivre ses études aux Pays-Bas, où elle apprend le néerlandais, avant de s’installer en Belgique. Son bilinguisme, un atout précieux, marque le début de son ascension politique.
Une Carrière Politique Audacieuse
En Belgique, Assita Kanko ne tarde pas à faire parler d’elle. D’abord élue à Bruxelles au sein d’un parti libéral francophone, elle surprend en 2018 en rejoignant l’Alliance néo-flamande (N-VA), un parti nationaliste de droite dirigé par une figure influente de la politique belge. « Je me sens libre, indomptable, et fière d’être une nouvelle Flamande », déclare-t-elle à l’époque. Ce choix, audacieux, reflète sa volonté de ne pas se laisser enfermer dans des cases.
Depuis 2019, elle siège au Parlement européen au sein du groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR), souvent qualifié de droite radicale. Ce groupe, qui gagne en influence depuis les élections de 2024, réunit des figures comme les nationalistes polonais, les membres du parti italien Fratelli d’Italia, ou encore une personnalité française connue pour ses positions conservatrices. Mais Assita Kanko insiste : elle n’est pas là pour suivre aveuglément. « Je porte mes propres idées », martèle-t-elle, refusant d’être réduite à une étiquette.
- Rejoindre la N-VA : un choix stratégique pour défendre ses convictions.
- Siéger avec l’ECR : une plateforme pour influencer les débats européens.
- Refuser les stéréotypes : elle revendique son indépendance d’esprit.
Ce qui frappe, c’est sa capacité à naviguer entre des univers parfois opposés. Née dans une culture musulmane, elle choisit de ne pas pratiquer de religion, tout en respectant ses racines. « Je ne me revendique d’aucune religion, mais je comprends d’où je viens », explique-t-elle. Cette liberté de pensée, elle la met au service de causes qui lui tiennent à cœur, notamment la défense des femmes.
Un Combat pour l’Émancipation Féminine
Si Assita Kanko est une voix qui compte, c’est parce qu’elle parle d’expérience. Ses quatre ouvrages, tous centrés sur l’égalité hommes-femmes, témoignent de son engagement. Elle ne se contente pas de dénoncer les injustices ; elle propose des solutions concrètes, comme l’indépendance économique pour protéger les femmes des violences et des traditions oppressantes. « Personne n’oserait toucher à ma fille aujourd’hui », affirme-t-elle, soulignant combien l’autonomie change la donne.
Mais son combat ne s’arrête pas là. Au Parlement européen, elle s’attaque à des sujets sensibles, comme l’influence des mouvements extrémistes en Europe. Lors d’une récente session plénière, elle a brandi un rapport pointant du doigt des dynamiques inquiétantes, notamment en France, où certaines organisations prôneraient des valeurs contraires à l’égalité des genres. « Nous devons ouvrir les yeux », a-t-elle lancé, appelant à une vigilance accrue au niveau européen.
« Certaines organisations endoctrinent les enfants et considèrent les femmes comme inférieures. Il est temps d’agir. »
Ce discours, direct et sans détour, divise. Pour certains, elle va trop loin ; pour d’autres, elle dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Personnellement, je trouve son approche rafraîchissante : elle ne craint pas de bousculer les conventions, tout en s’appuyant sur des faits. Mais comment concilie-t-elle ces combats avec son positionnement à droite ?
Souverainisme et Atlantisme : Une Vision Affirmée
Assita Kanko ne cache pas ses convictions. Elle se définit comme souverainiste, attachée à la primauté des gouvernements nationaux au sein de l’Union européenne. « Ils sont plus proches des citoyens », argue-t-elle. Cette position, souvent associée à la droite, ne l’empêche pas de prôner un renforcement de l’UE face aux défis mondiaux. Pour elle, l’Europe doit devenir un bloc uni pour défendre ses valeurs face aux grandes puissances comme la Chine, la Russie, ou même certains acteurs du Moyen-Orient.
Son atlantisme est tout aussi marqué. En janvier 2025, elle fait partie des rares élus européens invités à l’investiture d’un président américain connu pour ses critiques virulentes de l’UE. Pourquoi ce choix ? Pour elle, le lien transatlantique est « inestimable ». « Ignorer les États-Unis, c’est affaiblir l’Europe », explique-t-elle. Une position qui, là encore, divise, mais qui reflète sa vision d’une Europe forte, capable de tenir tête à ses adversaires.
| Position | Description | Impact |
| Souverainisme | Respect des gouvernements nationaux | Renforce le rôle des États dans l’UE |
| Atlantisme | Alliance forte avec les États-Unis | Favorise une coopération transatlantique |
| Émancipation féminine | Autonomie économique des femmes | Lutte contre les violences et traditions oppressantes |
Cette posture, à la croisée du conservatisme et du pragmatisme, intrigue. Elle prône moins de bureaucratie – « la bureaucratie étouffe l’innovation » – tout en défendant des politiques sécuritaires. Ses interventions sur la protection des frontières ou la lutte contre les influences extrémistes en Europe montrent une volonté de protéger ce qu’elle appelle les « valeurs occidentales ».
Une Voix Qui Dérange
Assita Kanko ne fait pas l’unanimité. Son positionnement à droite, ses prises de parole tranchées et son refus des étiquettes lui attirent des critiques. « Une femme noire ne pourrait pas être de droite ? C’est insupportable ! », s’indigne-t-elle face à ceux qui la jugent. Cette phrase, pleine de fougue, résume bien son caractère : elle refuse de se plier aux attentes ou aux stéréotypes.
Pourtant, son discours trouve un écho. Dans un contexte où l’Europe fait face à des défis migratoires, sécuritaires et identitaires, sa voix porte. Elle incarne une forme de conservatisme moderne : ancré dans des valeurs traditionnelles, mais ouvert à des combats progressistes comme l’égalité des genres. C’est peut-être là son plus grand talent : savoir parler à des publics différents, tout en restant fidèle à elle-même.
- Refuser les stéréotypes : elle revendique son indépendance d’esprit.
- Parler sans filtre : ses interventions sont directes et percutantes.
- Rassembler : elle tente de concilier conservatisme et progressisme.
En la suivant, on ne peut s’empêcher de se demander : jusqu’où ira-t-elle ? Son parcours, déjà impressionnant, laisse présager d’autres combats. À 44 ans, elle est encore loin d’avoir dit son dernier mot.
Et Après ? Une Influence Grandissante
Assita Kanko n’est pas seulement une eurodéputée. Elle est une figure qui incarne un certain renouveau de la droite européenne. Son groupe, l’ECR, gagne du terrain, et elle y joue un rôle clé. Mais ce qui la distingue, c’est sa capacité à lier des enjeux globaux – comme la sécurité européenne – à des combats personnels, comme l’émancipation des femmes. Elle ne se contente pas de suivre les débats ; elle les façonne.
À l’avenir, on peut s’attendre à ce qu’elle continue de faire entendre sa voix sur des sujets brûlants : migrations, sécurité, relations transatlantiques. Mais une question demeure : parviendra-t-elle à fédérer au-delà de son camp ? Son discours, à la fois inclusif et clivant, pourrait être la clé pour y parvenir. Ou, au contraire, un frein dans une Europe polarisée.
« L’Europe doit devenir un bloc uni pour défendre ses valeurs face aux puissances hostiles. »
En attendant, Assita Kanko continue de tracer sa route, portée par une conviction : changer les choses, c’est possible, à condition de ne jamais baisser les bras. Et si son parcours nous apprenait une chose, c’est que les rêves d’une petite fille de Godyr peuvent bouleverser les débats au cœur de l’Europe.
Alors, qu’en pensez-vous ? Une femme comme Assita Kanko peut-elle réconcilier les extrêmes tout en défendant ses idéaux ? Une chose est sûre : son histoire ne laisse personne indifférent.
