Dimanche dernier, une explosion a déchiré le silence du quartier de Dwelaa, à Damas. Une église, lieu de recueillement pour la communauté chrétienne syrienne, s’est transformée en scène d’horreur. Vingt-cinq personnes ont perdu la vie, des dizaines d’autres ont été blessées. L’attentat, d’une violence inouïe, a secoué un pays déjà marqué par des années de guerre et de bouleversements. Mais qui se cache derrière cette attaque ? Un nom émerge, encore peu connu : Saraya Ansar al-Sunna. Ce groupe, apparu dans le chaos post-Assad, intrigue et inquiète. Plongeons dans l’histoire trouble de cette organisation, ses motivations, et ce qu’elle révèle du paysage syrien actuel.
Un Nouveau Visage du Djihadisme Syrien
La Syrie, après la chute de Bachar al-Assad en décembre dernier, est un puzzle complexe. Entre factions rebelles, anciens djihadistes et nouvelles autorités islamistes, le pays peine à trouver un équilibre. C’est dans ce contexte que Saraya Ansar al-Sunna fait son apparition. Ce groupuscule, qui revendique l’attentat contre l’église Saint-Élie, se présente comme un acteur indépendant, mais ses racines semblent profondément ancrées dans l’idéologie djihadiste. Pourquoi ce groupe émerge-t-il maintenant ? Et comment s’inscrit-il dans le chaos syrien ?
Origines d’un Groupe Énigmatique
Peu d’informations fiables circulent sur Saraya Ansar al-Sunna. Selon des experts en géopolitique, ce groupe serait né des cendres de la guerre civile syrienne, après la chute d’Assad. Certains y voient une scission issue de factions désabusées, notamment des déserteurs de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), l’organisation islamiste qui domine désormais le pouvoir à Damas. D’autres murmurent qu’il pourrait s’agir d’un simple écran pour l’État islamique (EI), une façade pour brouiller les pistes.
« Ce groupe pourrait être une ramification de l’EI ou une entité opportuniste profitant du vide politique. »
– Expert en géopolitique du Moyen-Orient
Ce qui est sûr, c’est que Saraya Ansar al-Sunna partage une idéologie sunnite extrémiste, proche de celle de l’EI. Leur communiqué, diffusé sur Telegram, revendique l’attaque comme une réponse à une « provocation » – un terme vague qui laisse place à toutes les interprétations. Ce choix de cible, une église chrétienne, semble calculé pour semer la peur parmi les minorités religieuses et attiser les tensions confessionnelles.
Un Attentat aux Conséquences Larges
L’attaque de l’église Saint-Élie n’est pas un acte isolé. Elle s’inscrit dans une vague de violences confessionnelles qui secoue la Syrie depuis la chute d’Assad. Les minorités religieuses, comme les chrétiens et les alaouites, sont particulièrement visées. Selon des rapports récents, des massacres dans la province de Hama, attribués en partie à Saraya Ansar al-Sunna, auraient fait des centaines de victimes, majoritairement des civils alaouites. Ces actes ravivent les craintes d’un retour à la guerre sectaire.
- Une église ciblée, symbole de la communauté chrétienne.
- Des violences contre les alaouites, communauté associée à l’ancien régime.
- Une montée des tensions entre factions sunnites, druzes et autres groupes.
Ce climat d’instabilité pose une question cruciale : les nouvelles autorités, menées par HTS, sont-elles capables de contrôler ces groupuscules radicaux ? HTS, autrefois lié à Al-Qaïda, tente de se présenter comme une force modérée, mais les récents événements mettent en doute leur emprise sur le terrain.
Les Leaders de l’Ombre
Qui dirige Saraya Ansar al-Sunna ? Les informations sont floues, mais des sources suggèrent que le groupe est mené par un ancien cadre de HTS, déçu par l’évolution de l’organisation. Un autre chef serait un ex-membre de Hurras al-Din, une branche syrienne d’Al-Qaïda dissoute récemment. Cette combinaison d’expériences – des vétérans du djihadisme et des dissidents – rend le groupe imprévisible.
J’ai toujours trouvé fascinant, et un peu effrayant, comment des groupes comme celui-ci émergent dans des moments de transition. C’est comme si le chaos était un terreau fertile pour les idéologies extrêmes. Ces leaders, souvent des figures charismatiques, savent exploiter les frustrations et les rancœurs pour rallier des combattants.
Liens avec l’État Islamique : Mythe ou Réalité ?
L’attentat de Damas a d’abord été attribué à l’État islamique. Les autorités syriennes ont même annoncé des arrestations liées à des cellules de l’EI. Mais Saraya Ansar al-Sunna a fermement démenti, qualifiant cette accusation de « mensonge fabriqué ». Alors, où est la vérité ?
| Hypothèse | Arguments pour | Arguments contre |
| Lien direct avec l’EI | Idéologie similaire, mode opératoire (attentat-suicide). | Démenti officiel du groupe, revendication indépendante. |
| Scission de HTS | Présence d’ex-membres de HTS dans les rangs. | Pas de preuves formelles d’une rupture organisée. |
| Groupe écran | Apparition soudaine, manque de transparence. | Revendications claires et publiques sur Telegram. |
Pour ma part, l’hypothèse d’un groupe écran est intrigante. Elle suggère une stratégie sophistiquée, où l’EI pourrait déléguer des opérations pour éviter les représailles directes. Mais sans preuves concrètes, il est difficile de trancher.
Un Contexte de Fragilité Politique
La chute d’Assad a laissé un vide politique que HTS peine à combler. Bien que l’organisation ait rompu avec Al-Qaïda il y a des années, son passé continue de peser. Les violences récentes, comme l’attentat de Damas, exposent les failles de ce nouveau pouvoir. Comment gouverner un pays fracturé, où des groupes comme Saraya Ansar al-Sunna prospèrent dans l’ombre ?
« La Syrie est à un carrefour. Sans une gouvernance forte, ces groupes continueront de semer la peur. »
– Analyste spécialisé dans les conflits
Les minorités, en particulier, se sentent abandonnées. Les chrétiens, les alaouites et les druzes craignent pour leur sécurité. Les récents affrontements entre factions druzes et sunnites dans le sud du pays ne font qu’aggraver la situation. C’est un cercle vicieux : la violence engendre la méfiance, qui elle-même alimente de nouvelles violences.
Que Peut-On Attendre de l’Avenir ?
Le futur de la Syrie reste incertain. Saraya Ansar al-Sunna, avec ses menaces de nouvelles attaques, pourrait continuer à déstabiliser le pays. Leur présence, même marginale, est un symptôme d’un problème plus large : l’incapacité à unifier les factions et à protéger les minorités. Mais il y a aussi des lueurs d’espoir. La levée des sanctions internationales, récemment annoncée, pourrait permettre une reconstruction économique et apaiser certaines tensions.
- Renforcer la sécurité : Les autorités doivent neutraliser les groupes extrémistes.
- Dialogue intercommunautaire : Réconcilier sunnites, alaouites, chrétiens et druzes.
- Stabilité politique : Un gouvernement inclusif pour éviter le chaos.
En tant qu’observateur, je ne peux m’empêcher de penser que la Syrie a besoin d’un sursaut. Après des décennies de guerre, la population aspire à la paix. Mais pour cela, il faudra plus que des arrestations ou des communiqués. Il faudra une vision, un projet commun. Et, pour l’instant, Saraya Ansar al-Sunna nous rappelle que ce chemin est encore long.
L’attentat de Damas n’est pas qu’une tragédie locale. Il est le reflet d’un monde où les transitions politiques, les luttes de pouvoir et les idéologies extrêmes se croisent dans un cocktail explosif. En suivant l’évolution de groupes comme Saraya Ansar al-Sunna, on comprend mieux les défis qui attendent la Syrie. Et, peut-être, les leçons qu’elle peut offrir au reste du monde.
