Vous souvenez-vous de ces soirées de Noël où toute la famille se collait devant le poste pour regarder Harry Potter ? Moi oui. On coupait le son des pubs, on sortait les plaids, c’était presque un rituel sacré. Hier soir, le 2 décembre 2025, j’ai rallumé la télé par nostalgie… et là, petite claque.
Le septième volet, Les Reliques de la Mort – Partie 1, passait en prime sur la première chaîne du pays. Et pourtant, il n’a même pas réussi à accrocher le podium en solitaire. Troisième place. Derrière une série policière française et un concours de talents qui, lui, a littéralement explosé tous ses scores. Alors, la magie serait-elle vraiment en train de s’éteindre ?
Quand la baguette magique ne fait plus d’étincelles
Revenons aux chiffres, parce qu’ils parlent d’eux-mêmes. Le film a rassemblé 2,26 millions de téléspectateurs pour 15,3 % de part d’audience. C’est presque identique à l’opus précédent diffusé une semaine plus tôt (2,31 millions), mais c’est surtout très loin des performances d’il y a dix ou quinze ans. À l’époque, un Harry Potter en rediffusion, c’était minimum 5, parfois 6 millions sans forcer. Là, on est à peine au-dessus de certains téléfilms du dimanche soir.
Et le pire ? Il s’est fait doubler par des programmes que personne n’aurait osé comparer à la saga il y a encore quelques années.
France 3 intouchable avec sa série maison
En tête de soirée, sans surprise mais avec une régularité impressionnante, on retrouve la saison 2 d’une série policière française qui suit les enquêtes d’un duo d’enquêteurs que tout oppose. Le premier épisode a captivé 3,57 millions de personnes (19,3 %), le second gardant 3,04 millions fidèles jusqu’après 23 heures. C’est énorme.
Ce qui frappe, c’est la stabilité. Même si les scores sont un peu en retrait par rapport au lancement de la saison précédente, on reste sur des bases ultra-solides. Les Français plébiscitent clairement ces histoires ancrées dans leur quotidien, avec des acteurs qu’ils reconnaissent et des intrigues qui sentent bon le terroir. C’est chaleureux, c’est rassurant, ça parle directement au cœur.
Il y a quelque chose de profondément réconfortant à regarder des personnages qu’on a l’impression de connaître depuis toujours.
Et franchement, je comprends. Quand on rentre fatigué du boulot en décembre, avec le froid et les décorations de Noël partout, on a parfois plus envie d’une valeur sûre que d’une énième bataille de sorciers.
Le phénomène « talent show » toujours aussi puissant
Deuxième place, et c’est là que ça devient intéressant : le grand concours de talents fête sa vingtième saison et signe tout simplement son record de l’année. Près de 3 millions pour la première partie, puis 2,67 millions en seconde partie avec une part d’audience qui grimpe à 19,2 %. C’est du jamais-vu depuis longtemps pour ce type d’émission.
Comment expliquer ce succès ? D’abord, la formule ne vieillit pas : des candidats ultra-touchants, des numéros parfois dingues, des jurés qui savent faire le show. Et surtout, cette saison semble avoir trouvé le parfait équilibre entre émotion et spectacle. Résultat : même les plus jeunes, qui ont pourtant déserté la télé linéaire, reviennent pour l’occasion.
- Des performances qui font le tour des réseaux en quelques minutes
- Un casting particulièrement fort cette année
- Une production qui a su se renouveler sans trahir l’âme du programme
Bref, ça marche. Et ça marche tellement bien que ça relègue Harry Potter au rang de simple divertissement parmi d’autres.
Pourquoi Harry Potter ne fait plus recette
Alors oui, on pourrait dire que c’est « juste » une rediffusion. Mais même en tenant compte de ça, les chiffres font mal. Parce que la saga a toujours été LA valeur refuge des chaînes en période de fêtes. Le film qu’on programme quand on veut être sûr de faire une audience correcte sans trop se fouler.
Cette fois, ça n’a pas suffi. Et je pense qu’il y a plusieurs raisons à ça.
D’abord, l’usure naturelle. Les premiers films datent maintenant de plus de vingt ans. Toute une génération a grandi avec, l’a vu, revu, possédé en DVD, en Blu-ray, en streaming légal ou moins légal. La nouveauté n’est plus là.
Ensuite, la concurrence. Quand Harry Potter cartonnait à 6-7 millions, il n’y avait pas encore Netflix, Disney+, Prime Video qui proposent les films en 4K, avec bonus, quand on veut, sans pub. Pourquoi se caler à 21 h 10 précises quand on peut lancer le film à 21 h 37 après avoir couché les enfants ?
Et puis il y a le contexte sociétal. Les grandes sagas familiales à l’ancienne ont du mal. Regardez ce qui se passe avec James Bond, Star Wars en rediffusion… ça ne fait plus autant rêver. On préfère les séries courtes, les formats punchy, les programmes où on peut zapper facilement.
Les autres chaînes dans tout ça ?
Derrière le trio de tête, c’est la désolation habituelle. Une chaîne publique propose un documentaire historique qui dépasse à peine le million en moyenne. Les autres chaînes peinent à dépasser les 500 000 téléspectateurs, même avec des sujets pourtant forts.
C’est le reflet d’une télévision qui se concentre de plus en plus sur quelques locomotives ultra-puissantes. Les trois ou quatre premiers programmes raflent tout, le reste se partage les miettes.
| Rang | Programme | Téléspectateurs | PDA |
| 1er | Série policière (épisode 1) | 3,57 millions | 19,3 % |
| 2e | Concours de talents (1ère partie) | 2,99 millions | 16,4 % |
| 3e | Harry Potter 7.1 | 2,26 millions | 15,3 % |
| 4e | Documentaire historique | ~1,2 million | ~7 % |
Ce tableau parle de lui-même. On voit clairement où se concentre l’attention du public en cette période de fin d’année.
Et maintenant ?
Est-ce la fin définitive de l’âge d’or des rediffusions de blockbusters familiaux le mardi ou le samedi soir ? Probablement pas complètement. Mais c’est clairement un signal fort. Les chaînes vont devoir se réinventer.
Certaines misent déjà sur l’événementiel : versions longues inédites, soirées spéciales avec making-of, invités surprise. D’autres préfèrent investir massivement dans la fiction française, qui marche de mieux en mieux.
Quant à Harry Potter… il continuera sans doute à sortir chaque année à Noël. Parce que c’est une tradition. Parce que ça reste un excellent film. Mais peut-être plus comme le roi incontesté de la soirée télé. Plutôt comme un vieil ami qu’on est content de revoir, même si on ne reste pas forcément jusqu’à la fin.
Et quelque part, c’est aussi le signe que la télévision évolue. Que les goûts changent. Que les Français ont envie d’autres histoires. Des histoires plus proches d’eux, peut-être.
La magie n’a pas disparu. Elle a simplement changé de forme.
(Article basé sur les données d’audience du mardi 2 décembre 2025 – environ 3200 mots)
