Vous êtes tranquillement installé devant votre télé un jeudi soir, et pourtant, des millions de Français ont décidé… de zapper. Hier encore, la série qui devait sauver la case du jeudi sur la première chaîne en a pris pour son grade. Franchement, quand on voit les chiffres tomber, on se demande si certains programmes ne sont pas tout simplement maudits.
Un jeudi soir qui fait mal à TF1
Allez, soyons honnêtes : passer sous la barre des 2,2 millions avec un inédit en prime time sur TF1, c’est presque un exploit… dans le mauvais sens. Cette fois, c’est la saison 2 d’une comédie pourtant censée faire rire les familles qui s’est pris les pieds dans le tapis. Et le pire ? Même en réduisant la cadence à un seul épisode inédit par semaine, la sauce ne prend toujours pas.
J’ai suivi les audiences depuis le lancement. Au début, on se disait « bon, c’est la rentrée, les gens testent ». Puis « ok, deux inédits c’était peut-être trop ». Et maintenant ? Un seul inédit et toujours cette fuite inexorable du public. C’est dur à avaler quand on connaît le potentiel comique de l’acteur principal.
Les chiffres qui font grincer des dents
Je vais être direct : 2,14 millions de téléspectateurs. Point. C’est le score réalisé hier soir. La semaine précédente, c’était déjà pas la joie, mais là, on perd encore 400 000 personnes. Oui, vous avez bien lu. Quatre cent mille Français ont préféré faire autre chose en une semaine seulement.
Sur les fameuses ménagères de moins de cinquante ans – vous savez, cette cible que tout le monde courtise –, on frôle à peine les 13,4 %. Pour une grande chaîne privée, c’est catastrophique. On est très loin des standards habituels, même en période creuse.
- Perte semaine après semaine malgré l’ajustement de programmation
- Score global à 11,5 % de part d’audience
- Difficulté évidente à fidéliser le public familial
- Concurrence écrasante d’une simple rediffusion sur le service public
Quand France 3 gagne avec… une rediffusion
Pendant ce temps-là, de l’autre côté de la Hertzien, on se marre bien. Une chaîne publique décide de ressortir un téléfilm déjà diffusé plusieurs fois, et bim : 3,03 millions de téléspectateurs, 17,2 % du public. Le même téléfilm, diffusé en juillet dernier, avait déjà fait exactement le même score. Incroyable, non ?
Il y a quelque chose de presque cruel dans cette victoire. D’un côté, une production toute neuve avec un casting cinq étoiles qui rame comme jamais. De l’autre, un téléfilm que tout le monde a déjà vu au moins une fois et qui continue de remplir tranquillement son office. C’est la télé dans toute sa splendeur : imprévisible et parfois très ironique.
Parfois, les Français n’ont pas besoin de nouveauté. Ils veulent juste du confort, du connu, quelque chose qui ne les prend pas en traître le jeudi soir après une longue journée.
M6 sauve l’honneur des privées… grâce aux gâteaux
Heureusement pour le camp des chaînes privées, il y avait la Six pour rattraper un peu le coup. La demi-finale du concours de pâtisserie a encore fait son petit effet avec 1,70 million de gourmands en moyenne. C’est stable, c’est solide, et surtout, c’est leader sur la cible commerciale qui compte.
20,6 % sur les fameuses ménagères. Autant vous dire que les annonceurs sourient. Dans un paysage où les grandes fictions peinent, les programmes feel-good et les concours continuent de tirer leur épingle du jeu. Il y a une leçon là-dedans, quelque part.
Et France 2 dans tout ça ?
La deuxième chaîne publique a tenté l’enquête choc en prime time. Résultat ? 1,70 million aussi, mais avec un sujet qui a dû faire grincer quelques dents dans certains conseils d’administration. On remontera nettement par rapport au précédent numéro qui avait signé le pire score historique du programme. Preuve que le choix du sujet reste déterminant.
Même France 5 s’en sort honorablement avec un documentaire qui dépasse les 740 000 curieux. À ce niveau-là, on se dit que tout le monde sauve les meubles… sauf la Une.
Pourquoi ça ne marche pas ? Quelques pistes sérieuses
Maintenant, la question à un million : qu’est-ce qui coince vraiment ? Parce que soyons clairs, l’acteur principal sait faire rire la France depuis trente ans. Alors pourquoi cette fois, ça ne prend pas ?
D’abord, il y a le contexte. Lancer une comédie familiale en fin d’année, quand les gens sont fatigués, stressés par les fêtes qui approchent, c’est toujours risqué. On préfère souvent du léger-léger, du déjà-vu qui ne demande pas trop d’investissement émotionnel.
Ensuite, la concurrence. Quand une rediffusion d’un téléfilm policier sympathique fait 3 millions sans forcer, c’est que le public a fait son choix : sécurité avant tout. Et ça, aucune tête d’affiche ne peut lutter contre le confort d’un programme qu’on connaît déjà.
- Fatigue du public face à la nouveauté en période chargée
- Force écrasante des rediffusions « doudou »
- Difficulté à créer un rendez-vous hebdomadaire fort
- Peut-être un ton qui ne passe plus auprès des nouvelles générations ?
J’ai ma petite théorie perso : on demande peut-être trop aux comédies françaises de prime time. Entre les attentes démesurées, la comparaison permanente avec les séries étrangères ultra-rythmées et le besoin de plaire à tout le monde, on finit par produire des objets un peu tièdes. Et le public, lui, sent quand ça manque de peps.
Que peut faire TF1 maintenant ?
La question qui brûle les lèvres dans les couloirs de la tour de Boulogne-Billancourt : et maintenant ? Parce qu’à ce rythme, finir la saison va ressembler à un chemin de croix.
Option 1 : tenir bon et espérer un miracle de Noël (on a vu plus improbable). Option 2 : déprogrammer discrètement et passer à autre chose dès janvier. Option 3 : changer de case, tenter le samedi ou même reporter les derniers épisodes à une période plus favorable.
Ce qui est sûr, c’est que cette saison 2 va laisser des traces. Pas seulement dans les statistiques, mais dans la façon dont la chaîne va aborder ses prochaines comédies. Peut-être qu’on va enfin oser des formats plus courts, plus nerveux, moins formatés. Ou peut-être qu’on va retomber dans les mêmes erreurs. L’avenir nous le dira.
Le mot de la fin
Ce qui me frappe le plus dans cette histoire, c’est à quel point la télévision reste un miroir impitoyable de notre époque. On peut avoir le meilleur casting, le budget le plus confortable, la promo la plus massive : si le public n’est pas là au bon moment, rien n’y fait.
Hier soir, la grande gagnante s’appelle la rediffusion. Celle qu’on moque souvent, qu’on dit ringarde, qu’on enterre un peu vite. Elle a gentiment rappelé à tout le monde qu’en télé, le plus important reste de savoir ce que les gens ont vraiment envie de voir quand ils rentrent chez eux, épuisés, à 21 h 10 un jeudi de décembre.
Et vous, vous étiez devant quoi hier soir ?
