Vous savez cette sensation quand, un samedi soir d’hiver, toute la France semble se brancher sur la même chaîne ? Hier, c’était encore le cas. La télévision a retrouvé son grand rituel annuel : l’élection de Miss France. Et même si les chiffres ne sont plus tout à fait ceux d’antan, l’événement continue de faire trembler les compteurs. Pendant ce temps, une autre chaîne vivait une soirée cauchemardesque. On en parle tout de suite, avec des chiffres, des surprises et quelques réflexions perso.
Miss France 2026 : un succès incontestable, mais teinté de nostalgie
Quand on allume la télé à 21 h 10 un 6 décembre, on sait à peu près ce qui nous attend : paillettes, robes immenses, tableaux un peu kitsch et Jean-Pierre Foucault qui, imperturbable, anime ça depuis tellement longtemps qu’on a l’impression qu’il est né avec le micro à la main. Hier soir, à Amiens, la magie a encore opéré. 6,46 millions de téléspectateurs en moyenne ont suivi la soirée jusqu’au sacre de Miss Tahiti, Hinaupoko Devèze. Un chiffre énorme, presque indécent quand on regarde la concurrence.
Mais – il y a toujours un mais – c’est aussi près d’un million de moins que l’an passé. La première partie avait rassemblé 7,43 millions de curieux en 2024. Est-ce que l’émission commence à montrer des signes de fatigue ? Franchement, je ne crois pas. On parle quand même de 43,8 % de part d’audience sur l’ensemble du public et surtout d’un écrasant 66 % sur les femmes responsables des achats de moins de 50 ans. Autant dire que les annonceurs ont dû sabrer le champagne hier soir.
Dans un paysage télé fragmenté par le streaming et les réseaux, réussir à fédérer autant reste un exploit.
Ce qui m’a marqué, c’est la stabilité du rendez-vous. Malgré les critiques récurrentes sur le côté désuet, malgré les polémiques sur l’image de la femme, malgré tout… les Français sont là. Peut-être justement parce que c’est désuet. Dans un monde qui va trop vite, ce petit côté « France d’avant » fait du bien.
Le détail des chiffres qui font mal à la concurrence
Regardons de plus près :
- Première partie (jusqu’à minuit) : 6,67 millions – 41,1 %
- Seconde partie (après minuit) : 5,73 millions – 60,3 % (oui, vous avez bien lu)
- Pic d’audience au moment du sacre : probablement autour des 8 millions (les chiffres précis tombent plus tard)
À titre de comparaison, aucune autre chaîne n’a dépassé le million hier soir. C’est assez violent quand on y pense. France 3 sauve l’honneur avec une rediffusion d’une série policière qui fait 4,05 millions (21,6 %), mais on sent bien que le public est très senior. France 2 avec le Téléthon fait 808 000 fidèles (6,5 %). Respectable vu le contexte, mais loin du compte.
M6 et la soirée Michel Sardou : le fiasco de l’année
Maintenant, accrochez-vous. M6 a diffusé un hommage à Michel Sardou intitulé quelque chose comme « Je me souviens d’un adieu ». Résultat ? 628 000 téléspectateurs. Oui, vous avez bien lu. 3,5 % de part d’audience globale et surtout un pathétique 1,3 % sur les FRDA-50. Autant dire que même les petites chaînes de la TNT font mieux sur cette cible.
Je ne vais pas me moquer gratuitement – même si c’est tentant – mais c’est objectivement une catastrophe industrielle. Programmer un hommage à une légende de la chanson française face à Miss France, c’était déjà osé. Mais tomber si bas, c’est presque historique. On parle du pire score de prime time de l’année pour la Six, voire de ces dernières années.
Pourquoi un tel échec ? Plusieurs hypothèses :
- Le public de Sardou est souvent le même que celui de Miss France (seniors + province)
- Le format « hommage en plateau » a vieilli, les gens préfèrent les vrais concerts ou les documentaires intimistes
- La concurrence était tout simplement trop forte
Quoi qu’il en soit, les équipes de M6 doivent passer un dimanche compliqué aujourd’hui.
Pourquoi Miss France reste-t-elle intouchable ?
On peut critiquer le concept, les tenues, les chorégraphies parfois douteuses, mais force est de constater que l’émission a plusieurs cordes à son arc :
- Un animateur historique qui rassure (Foucault, c’est la madeleine de Proust télévisuelle)
- Une production rodée qui sait faire monter la sauce pendant trois heures
- L’effet « événement familial » : on regarde avec mamie, les filles, les cousines… tout le monde commente en direct
- Une couverture médiatique massive toute la semaine précédente
Et puis il y a cette dimension régionale qui joue encore. Voir « sa » Miss passer en finale, c’est toujours un petit moment de fierté locale. Hier, Tahiti a gagné, et je vous garantis que dans les bars de Papeete, ça a dû faire du bruit jusqu’au matin.
Et maintenant ? Vers un renouveau ou un lent déclin ?
La vraie question, c’est de savoir si ces 6,46 millions représentent un palier ou le début d’une érosion. Personnellement, je penche pour un palier. Tant que TF1 gardera la recette (un peu modernisée chaque année, mais pas trop), l’émission restera un bulldozer. Mais il faudra surveiller les prochaines éditions. Si on passe sous les 6 millions, les discussions internes risquent de devenir plus tendues.
En attendant, bravo à Hinaupoko Devèze. Elle a l’air solaire, parle superbement, et représente une France ultramarine qui a rarement été autant mise en lumière. Peut-être le début d’une nouvelle ère pour le concours ?
Et vous, vous avez regardé ? Vous en pensez quoi de ces chiffres ? Dites-moi tout en commentaire, j’adore lire vos retours (et ça fait vivre le blog !).
PS : petite pensée pour les équipes de M6 qui vont devoir expliquer ça lundi matin. Courage.
