Imaginez un instant : une jeune femme de 28 ans, en fauteuil roulant depuis toujours, qui entre dans un immense stade sous les acclamations, brandissant le drapeau français. Ce n’est pas un rêve, c’est la réalité qu’a vécue Aurélie Aubert récemment. Son sourire timide mais rayonnant a conquis des millions de téléspectateurs, et aujourd’hui, elle continue de tracer un chemin que peu auraient osé imaginer pour elle.
Ce qui frappe d’abord chez elle, c’est cette capacité à savourer chaque instant, comme si chaque victoire était une surprise renouvelée. Et franchement, quand on regarde son parcours, on comprend pourquoi elle prend les choses au jour le jour. La boccia, ce sport de précision souvent comparé à la pétanque mais adapté aux athlètes à mobilité très réduite, est devenu sa passion, sa raison de vivre. Sans elle, dit-elle parfois, la vie serait bien fade.
Une ascension fulgurante qui défie tous les pronostics
L’histoire d’Aurélie Aubert commence loin des projecteurs. Atteinte de paralysie cérébrale dès la naissance, à cause d’un manque d’oxygène, elle grandit dans un monde où chaque geste quotidien est un défi. Pourtant, à 18 ans, elle découvre la boccia. Et là, tout change. Ce sport stratégique, où il faut placer ses balles le plus près possible d’une cible blanche, lui offre une liberté qu’elle n’avait jamais connue.
Pendant des années, elle s’entraîne sans relâche, souvent dans l’ombre. Les grands titres internationaux lui échappent, mais elle persévère. Puis arrivent les Jeux Paralympiques de Paris en 2024. Beaucoup la voient comme une outsider. Elle, elle décide simplement de se faire plaisir. Résultat ? Une médaille d’or historique, la première pour une Française dans cette discipline.
« Je n’aurais jamais pu imaginer qu’un jour, un collège porterait mon nom. »
Cette phrase, prononcée lors de l’inauguration d’un établissement scolaire en Normandie baptisé en son honneur, résume parfaitement l’incrédulité qui l’habite encore. Les travaux du collège avaient commencé bien avant sa victoire, quand personne ne connaissait vraiment son nom. Aujourd’hui, des adolescents étudient dans un lieu qui porte sa marque. C’est énorme, non ?
Le duo indissociable avec son assistante et coach
Derrière chaque grand athlète, il y a souvent une équipe. Pour Aurélie, c’est surtout une femme : Claudine, son assistante de vie, son entraîneuse, et sa rampe de lancement sur le terrain. Depuis 2017, elles forment un binôme fusionnel. Claudine, bénévole et sexagénaire passionnée, gère tout : les déplacements, les stratégies, les encouragements.
Elles se complètent parfaitement. Aurélie parle de couper sa médaille en deux pour la partager. Claudine, elle, voit dans cette réussite le fruit de années de travail commun. Leur relation va bien au-delà du sport ; c’est une amitié profonde, presque familiale. Et quand on les écoute, on sent une émotion sincère, celle de deux femmes qui ont tout donné.
« Si j’avais pu, j’aurais coupé en deux ma médaille pour la partager avec Claudine. »
– Aurélie Aubert
Cette complicité a été la clé pendant les compétitions. À Paris, elles sont restées dans leur bulle, concentrées sur le plaisir plutôt que sur la pression. Et ça a marché au-delà de toute attente.
Des honneurs qui se multiplient à toute vitesse
Après l’or paralympique, les reconnaissances pleuvent. En juillet 2025, elle remporte les Championnats d’Europe, un titre inédit pour elle. Puis vient l’élection comme Championne des championnes dans la catégorie para-sport, un trophée prestigieux qui l’a laissée sans voix.
Elle avoue avoir été très surprise. Son entourage l’était encore plus. Garder ces trophées en sécurité, les montrer avec fierté mais sans excès, tout cela montre une humilité touchante. Chez elle, ou plutôt chez Claudine en attendant, ces objets symbolisent une revanche sur la vie.
- Médaille d’or paralympique en 2024
- Titre de championne d’Europe en 2025
- Élue Championne des championnes para
- Collège portant son nom en Normandie
- Porte-drapeau lors de la cérémonie de clôture
Cette liste impressionne. Et pourtant, Aurélie reste la même : timide, réfléchie, profondément reconnaissante.
La boccia, bien plus qu’un sport pour elle
Pour beaucoup, la boccia est un sport méconnu. Pour Aurélie, c’est une bouée de sauvetage. Elle le dit sans détour : sans ce sport, ses journées seraient monotones, passées à attendre entre les repas ou les activités basiques. La boccia lui donne un objectif, une structure, une joie quotidienne.
À 18 ans, elle découvre cette discipline et s’y accroche. Depuis, elle remplit sa vie. Quand elle n’y joue pas, elle pleure parfois. Quand elle lance une balle et que tout se passe bien, sa journée est belle. C’est aussi simple et puissant que ça.
Et l’aspect le plus touchant, peut-être, c’est l’impact sur les autres. Elle raconte souvent cette anecdote : un petit garçon lourdement handicapé dont les parents ont découvert, grâce à sa visibilité, un sport qu’il pouvait pratiquer. Ces retours lui donnent un sens supplémentaire à ses efforts.
Une nouvelle confiance et un statut changé
Avant 2024, Aurélie n’avait jamais gagné de titre majeur international. Elle envisageait même Paris comme sa dernière grande compétition. Mais la médaille a tout bouleversé. Être porte-drapeau à la clôture, entrer dans le Stade de France sous les ovations, ça marque à vie.
Elle qui se décrit comme très timide avoue avoir gagné en assurance. Les sollicitations, les partenariats, les invitations : elle les accepte désormais plus facilement. Son statut de championne lui ouvre des portes, mais elle reste ancrée dans ses valeurs.
« La médaille m’a permis d’avoir plus confiance en moi. »
Cette confiance se voit aussi dans sa façon de parler de l’avenir. Elle ne se projette plus comme avant. Les étapes, une par une.
Quel avenir pour cette championne discrète ?
La question que tout le monde se pose : va-t-elle continuer jusqu’aux Jeux de Los Angeles en 2028 ? Elle ne veut pas s’avancer. Son titre européen la qualifie directement pour les Mondiaux 2026, une première pour elle grâce au ranking. C’est déjà énorme.
Mais au-delà des compétitions, Aurélie semble surtout vouloir profiter. Continuer à s’entraîner, à partager avec Claudine, à inspirer. Claudine, de son côté, avoue qu’elle avait prévu de poser ses valises après Paris. Pourtant, elle poursuit, parce qu’Aurélie a besoin d’elle et parce que le plaisir est toujours là.
Ce qui est sûr, c’est que son histoire met en lumière la boccia et le para-sport en général. Plus de visibilité, plus de pratiquants, plus d’espoir pour ceux qui pensaient ne jamais pouvoir faire de sport de haut niveau.
L’impact sociétal d’une victoire inattendue
On sous-estime souvent l’effet qu’une championne peut avoir sur la société. Aurélie le vit au quotidien. Des familles qui découvrent des possibilités pour leurs enfants, des jeunes qui se disent que le handicap n’est pas une fin en soi. C’est peut-être ça, le plus beau legs.
En Normandie, où elle vit et s’entraîne, son nom résonne désormais différemment. Un collège, des rues peut-être un jour, mais surtout des regards changés. Les gens voient désormais ce qu’une personne en situation de handicap peut accomplir avec du talent, du travail et du soutien.
- Visibilité accrue pour la boccia en France
- Inspiration pour les personnes lourdement handicapées
- Reconnaissance institutionnelle rare pour une athlète para
- Modèle de résilience et d’humilité
Personnellement, je trouve que des histoires comme celle-ci font du bien. Dans un monde souvent dur, elles rappellent qu’avec de la persévérance, on peut renverser des montagnes. Aurélie Aubert n’a pas seulement gagné des médailles ; elle a gagné le respect et l’admiration de tout un pays.
Et qui sait ce que l’avenir lui réserve ? Les Mondiaux en 2026, peut-être d’autres titres, ou simplement le plaisir continu de jouer. Une chose est certaine : elle continuera à nous surprendre, à sa manière douce et déterminée.
En fin de compte, ce qui reste, c’est cette image d’une jeune femme souriante, médaille au cou, qui prouve chaque jour que les limites sont souvent celles qu’on s’impose. Aurélie Aubert n’est pas seulement une championne ; elle est un symbole vivant de ce que la volonté peut accomplir. Et ça, ça vaut toutes les médailles du monde.
