Vous êtes-vous déjà demandé jusqu’où le corps humain pouvait aller quand on lui enlève presque toute limite ? Personnellement, chaque fois que je vois un athlète de strongman hisser une pierre de 150 kg au-dessus de sa tête comme si c’était un simple sac de courses, j’ai le souffle coupé. Ce samedi 6 décembre 2025, à Évreux, on va pouvoir vivre ça en vrai, et pas n’importe où : dans la salle même où s’entraîne l’un des géants les plus respectés de la discipline en France.
Quand le champion devient organisateur
À 41 ans, Aurélien Lejeune aurait pu se contenter de continuer à empiler les podiums. Cinq fois sacré Homme le Plus Fort de France, habitué des compétitions internationales, il vient encore de ramener une très belle sixième place des Official Strongman Games au Texas devant dix mille spectateurs. Pourtant, quelque chose a changé.
« Ma carrière de compétiteur est plutôt derrière que devant moi », confie-t-il avec cette franchise désarmante qu’ont les vrais costauds. Le plaisir est toujours là, la motivation aussi, mais l’envie de transmettre, de faire grandir le strongman français, est devenue plus forte que tout. Résultat : il organise sa toute première compétition, les Barbarian Games. Et franchement, quand un mec capable de soulever une voiture décide de prendre les choses en main, on a intérêt à suivre ça de près.
Trois épreuves, une seule règle : aller le plus lourd possible
Le concept est d’une pureté presque brutale, et c’est précisément ce qui rend le strongman si fascinant. Pas de fioritures, pas de jury artistique : on charge, on soulève, on pose. Celui ou celle qui totalise le plus de kilos sur les trois mouvements l’emporte.
- Deadlift : la barre classique, mais chargée jusqu’à l’absurde. On parle de plusieurs centaines de kilos que les meilleurs feront décoller du sol comme si de rien n’était.
- Log lift : une énorme bûche en métal (le « log ») qu’il faut pousser au-dessus de la tête. Les bras tremblent, les épaules hurlent, le public retient son souffle.
- Atlas stones : les fameuses pierres rondes, ces boulets de béton lisses qui glissent dès qu’on est fatigué. Les hisser sur des plateformes de plus en plus hautes, c’est l’épreuve qui sépare les hommes des légendes.
Chaque athlète dispose de trois essais par mouvement. Simple sur le papier, infernal dans les faits. Et c’est exactement ce qui fait vibrer les spectateurs : on voit la douleur, on entend les cris, on sent la poudre de magnésie dans l’air.
« Le but est simple : soulever le plus lourd possible. Le plus haut total gagne. »
Aurélien Lejeune, organisateur et figure historique du strongman français
Une compétition déjà complète en dix jours
L’engouement a été immédiat. En à peine une semaine et demie, les cinquante places disponibles étaient prises d’assaut. Des athlètes venus de toute l’Europe ont répondu présent, attirés par la réputation du bonhomme. Parce que oui, quand c’est Aurélien Lejeune qui appelle, on vient. Point.
Quatre catégories seront représentées, hommes et femmes confondus, avec même une catégorie master pour les plus de 40 ans – celle où notre hôte brille encore sur la scène mondiale. Preuve que la force n’a pas d’âge, tant qu’on entretient la flamme.
Évreux, future place forte du strongman français ?
Ce premier opus n’est qu’un début. L’idée, c’est clairement de poser les bases d’un rendez-vous régulier. Deux à trois compétitions par an dès 2026, peut-être plus si l’alchimie prend. L’objectif affiché : faire de l’Eure, et plus précisément d’Évreux, un vrai pôle de la discipline en France.
On est encore loin des shows à l’américaine avec dix mille personnes dans les gradins, bien sûr. Mais le rêve est là, et il est crédible. Surtout quand on voit comment le strongman explose sur les réseaux ces dernières années. Entre les vidéos virales, les passages télé et les collaborations avec des influenceurs fitness, la discipline sort enfin de l’ombre.
Aurélien Lejeune l’a bien compris : aujourd’hui, la performance pure ne suffit plus. Il faut du spectacle, de la communication, des lives Instagram bien foutus. Et il s’en donne les moyens. L’événement sera diffusé en direct sur les réseaux, avec plusieurs caméras, des commentateurs, tout ce qu’il faut pour que ceux qui ne pourront pas être là se prennent quand même une claque virtuelle.
Pourquoi le strongman nous hypnotise autant
Il y a quelque chose de primal dans ce sport. On revient à l’essence même de la force humaine. Pas de ballon, pas de stratégie complexe, juste toi contre la gravité. Et quand tu vois un athlète de 120 kg faire trembler le sol en soulevant 400 kg en deadlift, tu te rends compte à quel point on est tous des fourmis à côté.
Moi qui ai eu la chance de suivre quelques compétitions de ce genre, je peux vous dire que l’ambiance est unique. Il n’y a pas cette tension parfois malsaine qu’on peut trouver ailleurs. Ici, les concurrents s’encouragent, se tapent dans le dos, rient ensemble quand la barre refuse de bouger. C’est une grande famille de géants.
Et puis il y a cette dimension presque philosophique : jusqu’où peut-on pousser son corps ? Quelle est la limite quand on refuse d’en avoir une ? Les athlètes de strongman ne trichent pas avec ça. Ils vont au bout, quitte à flirter avec la blessure, quitte à vomir dans un coin après l’effort. C’est brut, c’est vrai, c’est beau.
Informations pratiques : venez nombreux !
Si vous êtes dans le coin ou que vous pouvez faire le déplacement, ne ratez pas ça. L’entrée est libre et gratuite, ce qui est plutôt rare pour ce genre d’événement. Rendez-vous à l’Espace Bien-Être, 433 rue Gay-Lussac à Évreux, ce samedi 6 décembre dès 10h30.
Prévoir des bouchons d’oreilles si vous êtes sensibles (les cris de guerre, ça secoue) et surtout, préparez-vous à en prendre plein les yeux. Parce que oui, voir des humains repousser les lois de la physique en direct, ça marque une vie.
Et qui sait, peut-être que dans quelques années on parlera des Barbarian Games comme on parle aujourd’hui des Arnold Classic ou du World’s Strongest Man. Tout commence quelque part. Ce samedi, ça commence à Évreux.
Alors, prêt à venir voir des barres plier et des pierres voler ? Moi, j’y serai. Et quelque chose me dit que je ne serai pas le seul.
