Imaginez-vous un instant. Vous poussez les lourdes portes de la Galerie des Glaces, les lustres scintillent de mille feux, et déjà un air de charleston vous emporte. Autour de vous, des robes à franges qui tourbillonnent, des rires cristallins, des coupes de champagne qui s’entrechoquent. Non, ce n’est pas un film avec Leonardo DiCaprio. C’est Versailles, en vrai, un soir de décembre 2025.
Ce lundi 8 décembre, le château le plus célèbre du monde va vibrer comme il y a exactement un siècle. 750 privilégiés – oui, seulement 750 – vont revivre le légendaire Bal du Siècle. Et franchement, quand on voit la vitesse à laquelle les places sont parties, on comprend pourquoi tout le monde en parle.
Un siècle plus tard, la magie opère toujours
Retournons un peu en arrière. 1923. Le château sort à peine d’une longue période de sommeil post-Révolution et post-guerres. Pour fêter la fin des grands travaux de restauration, on organise une soirée monumentale baptisée « la fête merveilleuse ». Le Tout-Paris accourt : écrivains, peintres, diplomates, aristocrates étrangers… On danse jusqu’au bout de la nuit sous les ors de Louis XIV. L’événement entre directement dans la légende.
Cent ans après, l’idée de remettre le couvert était presque trop belle pour être vraie. Pourtant, c’est la troisième édition et, à chaque fois, c’est la même folie. Les billets se sont envolés en quelques jours seulement dès l’ouverture des réservations en juin. 80 % partis en une semaine. Record battu.
« On a des gens qui viennent literalmente du monde entier. Des Américains qui refont Gatsby, des Indiens, des Saoudiens, des Anglais, des Allemands… Et quand même 70 % de Français qui veulent vivre ça au moins une fois dans leur vie. »
Un responsable de l’organisation, encore ébahi par l’engouement
Le dress code : on ne rigole pas avec les Années folles
Oubliez le petit tailleur noir ou la chemise blanche. Ici, on joue le jeu à fond. Les hommes sortent la queue-de-pie, le gilet blanc, le nœud papillon (le grand, pas le truc pré-noué de supermarché). Les femmes, c’est la totale : robe charleston à franges, plumes dans les cheveux, longs gants, fume-cigarette (même si on ne fume plus dedans, c’est pour le style), et bijoux qui brillent presque autant que les lustres.
J’ai croisé Philippe et sa compagne, la cinquantaine radieuse, devant le château quelques jours avant le grand soir. Ils répétaient leurs pas de quick step dans le salon. « On a pris des cours pendant trois mois, avoue-t-il en riant. On ne va pas faire tapisserie toute la soirée quand même ! » L’ambiance est là : c’est sérieux sans se prendre au sérieux.
- Robe à franges ou robe droite perlée obligatoire pour ces dames
- Chapeau cloche, bandeau à plumes ou diadème art déco
- Pour les messieurs : smoking noir ou queue-de-pie, gilet blanc, chaussures vernies
- Accessoires autorisés et fortement recommandés : canotier, bretelles, montre à gousset, étui à cigarettes en nacre
Le programme d’une nuit hors du temps
20 h 30. Les portes s’ouvrent. Les invités traversent les grands appartements, déjà éblouis. Puis direction la Galerie des Glaces transformée pour l’occasion en piste de danse géante. Les orchestres live attaquent direct : jazz swing, charleston, black bottom. Les professeurs de danse sont là pour coacher les plus timides.
Vers 23 h, on passe à la Galerie des Batailles pour le dîner. Tables dressées comme à l’époque, argenterie, cristal. Le menu ? Des grands classiques revisités, mais on ne vient pas forcément pour manger (même si tout le monde s’accorde à dire que c’est délicieux).
Et puis arrive le moment que tout le monde attend : minuit, le feu d’artifice tiré depuis les jardins. Depuis la galerie, la vue est juste… indescriptible. Les reflets des gerbes dans les 357 miroirs, c’est quelque chose qu’on ne voit nulle part ailleurs.
Pourquoi cet événement rend tout le monde dingue ?
Franchement, il y a plusieurs raisons. D’abord, c’est l’expérience ultime. On ne visite pas Versailles, on y vit. On danse là où dansaient les rois. On boit du champagne là où Marie-Antoinette prenait son chocolat. C’est un peu comme si on vous ouvrait les portes d’une machine à remonter le temps.
Ensuite, il y a ce côté « club très privé ». Seulement 750 personnes. Quand on sait que le château accueille 10 millions de visiteurs par an, être 750 à avoir la Galerie des Glaces pour soi seul, ça fait quelque chose.
Et puis, soyons honnêtes, en 2025, on a tous besoin d’un peu de rêve. Entre les infos anxiogènes et le quotidien qui file à 100 à l’heure, se mettre sur son 31 pour danser le charleston sous les dorures, ça fait un bien fou.
« C’est le seul moment de l’année où je me sens complètement déconnecté du monde moderne. Pas de téléphone qui vibre, pas de mails. Juste la musique, les gens, et ce lieu incroyable. »
Un habitué de la deuxième édition
Comment faire pour être là l’année prochaine ?
La question que tout le monde se pose. Déjà, il faut être rapide. Très rapide. Les billets partent généralement en moins de deux semaines. Abonnez-vous à la newsletter du château, c’est le meilleur moyen d’être alerté dès l’ouverture.
Prix ? On parle d’un investissement certain, mais quand on divise par le nombre d’heures de rêve absolu, ça reste raisonnable pour une expérience pareille. Et non, il n’y a pas de liste d’attente officielle, mais disons que connaître quelqu’un qui connaît quelqu’un… ça aide parfois.
Petit conseil d’ami : commencez à répéter vos pas de danse dès maintenant. Parce que oui, tout le monde finit par danser. Même ceux qui jurent qu’ils ont deux pieds gauches.
Versailles, plus qu’un château : un décor de cinéma vivant
Ce qui est fou, c’est que le château n’a même pas besoin de décor. Il est déjà le plus beau plateau de tournage du monde. Et pourtant, ce soir-là, il devient encore plus vivant. Les miroirs reflètent des centaines de robes à franges qui virevoltent. Les lustres semblent danser avec les invités. Même les statues ont l’air de s’amuser.
On ressort de là avec des étoiles plein les yeux et l’impression d’avoir vécu quelque chose d’unique. Quelque chose qu’on racontera à ses petits-enfants. « Tu sais, grand-père a dansé le charleston dans la Galerie des Glaces… » Ça claque, non ?
Alors oui, le Bal du Siècle est sold out pour 2025. Mais quelque part, c’est aussi ça qui fait son charme. C’est rare. C’est précieux. Et ça remet un peu de magie dans un monde qui en manque parfois cruellement.
Si un jour vous avez l’occasion d’y aller, foncez. Mettez de côté le prix du billet, trouvez le costume parfait, répétez vos pas de danse. Parce que certaines expériences ne se vivent qu’une fois dans une vie. Et celle-ci, croyez-moi, vaut largement le détour.
