Imaginez un peu : une équipe qui participe à la grande messe du football africain depuis des années, qui frôle même les quarts de finale, mais qui n’a jamais goûté à la saveur d’une victoire en phase finale. Frustrant, non ? Et puis, un samedi soir à Rabat, tout bascule. Le Bénin bat le Botswana 1-0 et entre enfin dans l’histoire. Ce n’est pas juste trois points, c’est une délivrance nationale.
J’ai suivi ce match avec une attention particulière, parce que le parcours des Guépards m’a toujours touché. Ils incarnent cette persévérance discrète, cette envie de prouver qu’on peut exister même quand on n’est pas favori. Et là, ils l’ont fait. Simplement, proprement, avec le cœur.
Une première victoire qui efface des années d’attente
Cinq participations à la Coupe d’Afrique des nations. Cinq. Et jusqu’à ce 27 décembre 2025, zéro victoire au compteur. C’est presque incroyable quand on y pense. Pourtant, le Bénin a déjà montré qu’il pouvait embêter les grands. Souvenez-vous de cette édition 2019 où ils avaient atteint les quarts sans gagner le moindre match : trois nuls en poules, puis cette séance de tirs au but héroïque face à un géant. Mais une victoire, une vraie, sur le terrain, en 90 minutes… ça manquait cruellement.
Ce succès face au Botswana n’a rien d’un exploit retentissant sur le papier. Mais dans le cœur des supporters béninois, il vaut de l’or. Il récompense des années de patience, de reconstruction, de travail dans l’ombre. Et il arrive au bon moment, alors que l’équipe avait démarré par une défaite frustrante contre la République démocratique du Congo.
Parce que oui, le chemin n’a pas été linéaire. Après l’épopée 2019, les éditions suivantes ont été plus compliquées. Des éliminations précoces, des doutes. Mais l’arrivée d’un sélectionneur expérimenté, qui connaît bien le continent, a redonné de la stabilité. Les joueurs croient à nouveau en eux. Et ça se voit.
Yohan Roche, le héros inattendu d’un soir
Parlons un peu du buteur. Yohan Roche. Un nom qui résonne désormais dans tout le Bénin. Latéral gauche, formé en France, passé par des clubs professionnels là-bas. Quelques jours plus tôt, il avait commis une erreur coûteuse face à la RDC, offrant presque le but adverse. La pression était énorme.
Mais le football, c’est aussi ça : la rédemption. À la 28e minute, un une-deux magnifique avec Steve Mounié sur le côté gauche, une frappe qui trompe le gardien grâce à une déviation heureuse. 1-0. Le stade explose. Et Roche devient l’homme du match.
C’est une immense fierté. On savait qu’on pouvait écrire l’histoire, et on l’a fait. Surtout après le premier match où j’avais ma part de responsabilité. Voir ma famille dans les tribunes, marquer ce but… ça me touche profondément.
– Yohan Roche, en conférence de presse
Cette citation dit tout. L’émotion brute, la pression relâchée. Roche n’est pas seulement un joueur, il est devenu un symbole. Celui du joueur qui se relève, qui transforme ses erreurs en force. J’ai trouvé ça particulièrement touchant, parce que dans le foot moderne, on pardonne rarement les fautes. Lui, il a su répondre présent.
Steve Mounié, l’attaquant expérimenté, a aussi joué un rôle clé dans cette action. Son appel, sa passe décisive déguisée. À eux deux, ils ont montré que cette équipe béninoise possède des individualités capables de faire la différence, même dans les matchs fermés.
Un match tendu jusqu’au bout
Le score final de 1-0 ne reflète pas totalement la physionomie du match. Après l’ouverture du score, le Bénin a reculé, peut-être par prudence, peut-être par fatigue. Le Botswana, pourtant novice à ce niveau, a poussé. Des occasions franches, des frappes qui passent juste à côté, un dernier corner dans le temps additionnel qui fait retenir le souffle de tout un peuple.
Mais la défense a tenu. Les Guépards ont montré une solidarité exemplaire. C’est peut-être ça, le plus encourageant : cette capacité à souffrir ensemble. Dans une compétition comme la CAN, où les matchs se jouent souvent sur des détails, cette résilience peut faire toute la différence.
- Une première période dominée par le Bénin, avec ce but libérateur
- Une seconde période plus compliquée, où la gestion du score a été délicate
- Des arrêts décisifs du gardien, souvent oublié mais si précieux
- Une organisation défensive enfin cohérente après les errances du premier match
Ces éléments combinés ont permis de conserver ce précieux avantage. On sent que l’équipe apprend match après match. C’est le signe d’un groupe qui progresse, qui gagne en maturité.
Le contexte du groupe : tout reste possible
Maintenant, regardons le classement. Après deux journées, le Bénin compte trois points. Pas mal du tout. La dernière rencontre face au Sénégal s’annonce décisive. Les Lions de la Teranga, bourreaux des Guépards en 2019, restent favoris, mais ils ont eux aussi des interrogations après un match nul contre la RDC.
Une victoire, ou même un nul selon les autres résultats, pourrait envoyer le Bénin en huitièmes. Imaginez la suite : reproduire l’exploit de 2019, mais cette fois avec des victoires au compteur. Le rêve est permis.
De son côté, le Botswana, avec zéro point, est presque éliminé. Mais les Zèbres auront à cœur de bien finir contre la RDC. Dans ce groupe, rien n’est joué. C’est ça aussi, la beauté de la CAN : l’incertitude permanente.
Pourquoi cette victoire marque un tournant
Au-delà des trois points, cette victoire a une portée symbolique énorme. Elle libère les joueurs mentalement. Fini le complexe de l’équipe qui ne gagne jamais. Désormais, ils savent qu’ils peuvent battre n’importe qui.
Je pense sincèrement que ce succès va booster la génération actuelle. Les jeunes qui regardaient le match à Cotonou, à Porto-Novo, dans les villages, ont vu que c’était possible. Le football béninois a besoin de ces moments pour se structurer, pour attirer plus de talents, pour rêver plus grand.
Et puis, il y a cette identité qui se dessine. Un mélange de joueurs locaux et de binationaux expérimentés. Une solidarité à toute épreuve. Un sélectionneur qui connaît les rouages du football africain. Tous les ingrédients sont là pour construire quelque chose de durable.
Les enseignements à retenir pour la suite
Si on analyse froidement, plusieurs leçons émergent de ce match :
- La gestion des erreurs individuelles : Roche a montré l’exemple en se rachetant magnifiquement
- L’importance des automatismes sur les côtés, où l’action décisive est née
- La nécessité de mieux gérer les temps faibles pour éviter de trembler jusqu’au bout
- Le rôle des leaders comme Mounié pour guider les plus jeunes
- La confiance acquise qui peut tout changer dans un tournoi court
Ces points vont être cruciaux face au Sénégal. Les Lions ont une attaque redoutable, une expérience immense. Mais les Guépards ont désormais une carte à jouer : celle de l’équipe libérée, qui n’a plus rien à perdre.
Personnellement, j’ai l’intime conviction que cette génération béninoise peut créer la surprise. Pas forcément en remportant la CAN – soyons réalistes – mais en passant au moins un tour. Ce serait déjà historique… à nouveau.
Et maintenant ? Vers un avenir plus ambitieux
Cette victoire, c’est aussi un message envoyé au football africain. Le Bénin n’est plus un simple participant. Il veut compter. Les infrastructures se développent doucement, les championnats locaux gagnent en visibilité. Tout un écosystème est en train de se mettre en place.
Dans quelques années, on parlera peut-être de cette CAN 2025 comme du déclic. Celui qui a permis à une nation passionnée de football de franchir un cap. Parce que le talent est là, la passion aussi. Il ne manquait qu’une victoire pour débloquer tout ça.
En attendant le dernier match de poule, savourons ce moment. Les images des joueurs en larmes, des supporters en transe, resteront gravées. Le football africain, dans toute sa beauté, sa dramaturgie, son émotion. Le Bénin vient d’y ajouter un nouveau chapitre. Et quel chapitre.
Alors, vous y croyez, vous, à la qualification ? Moi, après avoir vu cette détermination, je commence à y penser sérieusement. Le football réserve parfois de ces surprises qui font toute sa magie. Rendez-vous mardi pour la suite de l’aventure des Guépards.
