Imaginez un peu : un clasico français, ce duel électrique entre l’OM et le PSG, mais joué à des milliers de kilomètres de la France, dans un stade ultramoderne au cœur du désert. Et là, côté marseillais, des tribunes désespérément vides. Pas un chant, pas une écharpe ciel et blanc. C’est exactement ce qui va se passer le 8 janvier prochain au Koweït.
J’avoue que quand j’ai appris la nouvelle, ça m’a fait quelque chose. Ce match, censé être une fête du football français, risque de perdre une bonne partie de son âme sans la passion débordante des supporters phocéens. Mais en creusant un peu, on comprend vite que ce n’est pas un caprice. C’est un vrai ras-le-bol.
Un boycott ferme et collectif
Les groupes de supporters marseillais ont été clairs et unis : personne ne fera le voyage. Cette décision a été prise lors d’une réunion avec les dirigeants du club, et elle est irrévocable. Même si, soyons honnêtes, l’offre proposée était plutôt généreuse.
Le club avait mis les moyens : une centaine de places à un prix symbolique, avec le reste du déplacement – avion, hôtel, tout le package – pris en charge. Franchement, pour un supporter lambda, c’est le genre de proposition qui fait rêver. Pourtant, refus catégorique.
Pourquoi un tel rejet ? La réponse tient en un mot : la délocalisation. Jouer le Trophée des Champions à l’étranger, ça passe de plus en plus mal auprès des fans les plus fervents.
La délocalisation, un sujet qui fâche depuis longtemps
Il faut dire que ce n’est pas la première fois. Depuis plus de quinze ans, ce trophée censé ouvrir la saison française se balade aux quatre coins du monde. On l’a vu au Qatar, en Chine, aux États-Unis, au Gabon, au Canada… La France ? Ça arrive rarement ces temps-ci.
À l’époque du Covid, on avait eu droit à un affrontement OM-PSG à Lens, en terrain neutre mais sur le sol français. Les Parisiens l’avaient emporté 2-1, et malgré les restrictions, l’ambiance était là. C’était déjà ça.
Mais aujourd’hui, revenir à ces exils lointains, ça coince. Les supporters considèrent que ce match appartient au public français. Le voir exporté pour des raisons essentiellement financières, ça laisse un goût amer.
Ce trophée, c’est le football français qui devrait en profiter en premier, pas seulement les retombées économiques à l’international.
Et je partage un peu ce sentiment. Le clasico, c’est une rivalité historique, ancrée dans la culture foot de notre pays. Le déplacer si loin, c’est comme organiser un derby milanais à Dubaï : ça perd en authenticité.
Les arguments des supporters en détail
Allons plus loin. Ce boycott n’est pas juste une question de principe abstrait. Il y a des raisons concrètes qui pèsent lourd dans la balance.
- Le coût reste élevé, même avec l’aide du club. Entre congés à poser, organisation personnelle et imprévus, partir à l’autre bout du monde n’est pas à la portée de tous.
- La distance et le décalage horaire rendent le voyage épuisant, surtout pour un match unique.
- Beaucoup estiment que ces délocalisations servent avant tout les intérêts financiers des instances et des clubs, au détriment de l’ambiance et de la proximité avec les fans.
- Enfin, il y a cette impression que le football français s’exporte comme un produit marketing plus qu’un spectacle populaire.
Ces points reviennent souvent dans les discussions entre supporters. Et on peut les comprendre : assister à un match de son équipe, c’est aussi une question d’accessibilité et de tradition.
D’un autre côté, les clubs y trouvent leur compte. Les contrats juteux, la visibilité internationale, les partenariats… C’est une réalité économique difficile à ignorer dans le foot moderne.
L’historique du Trophée des Champions à l’étranger
Pour bien mesurer l’ampleur du phénomène, remontons un peu le temps. Depuis 2009, le trophée a rarement posé ses valises en France.
Quelques exemples marquants :
- Le Qatar a accueilli plusieurs éditions, avec des stades pleins grâce au public local et expatrié.
- La Chine, les États-Unis, le Maroc ou encore Israël ont aussi eu leur tour.
- Des destinations parfois surprenantes comme le Gabon ou la Tunisie.
- Seules exceptions récentes : les années Covid où la France était obligatoire.
Cette itinérance mondiale a permis d’exporter l’image de la Ligue 1, c’est indéniable. Mais à quel prix pour les supporters ? C’est la question que posent aujourd’hui les fans marseillais.
L’aspect peut-être le plus intéressant, c’est que ce boycott pourrait faire réfléchir les instances. Si d’autres groupes suivent, la pression pourrait monter pour un retour plus fréquent en France.
Ce que ça change pour le match lui-même
Concrètement, le 8 janvier, le stade koweïtien sera sans doute bien rempli côté PSG. Les supporters parisiens, plus habitués à ces déplacements lointains grâce à la puissance financière de leur club, devraient répondre présent.
Pour l’OM, l’ambiance risque d’être étrange. Les joueurs évolueront dans un environnement presque hostile, sans ce douzième homme qui fait la force du Vélodrome ou des parcages visiteurs en France.
Est-ce que ça influencera le résultat ? Difficile à dire. Le football réserve parfois des surprises quand une équipe se sent dos au mur. Mais psychologiquement, ça peut peser.
L’absence des supporters, c’est toujours un manque. On joue aussi pour eux, pour partager l’émotion.
– Un joueur professionnel expérimenté
En tout cas, ce match risque de marquer les esprits, pas forcément pour la qualité du spectacle, mais pour ce qu’il révèle des tensions actuelles dans le football français.
Et après ? Vers un retour en France ?
On peut se poser la question : ce boycott marquera-t-il un tournant ? Les instances du football français vont-elles entendre le message ?
Rien n’est moins sûr. Les enjeux financiers sont énormes, et les contrats signés sur plusieurs années. Mais à long terme, ignorer la base des supporters pourrait coûter cher en termes d’image et de popularité.
J’ai remarqué que dans d’autres championnats, comme en Angleterre ou en Allemagne, les supercoupes se jouent généralement sur le sol national. Peut-être un modèle à suivre ?
En attendant, les fans marseillais soutiendront leur équipe depuis la France, devant la télé ou dans les bars. La passion ne s’éteint pas avec la distance. Elle se transforme parfois en contestation.
Au final, ce boycott pose une question plus large : à qui appartient vraiment le football ? Aux supporters qui le font vivre au quotidien, ou aux intérêts économiques qui le portent à l’international ?
Une chose est sûre : sans la ferveur populaire, même le plus beau des stades perd de son éclat. Rendez-vous le 8 janvier pour voir comment cette histoire se concrétise sur le terrain. Et qui sait, peut-être que ce geste fort des Marseillais fera bouger les lignes à l’avenir.
Le football, c’est avant tout une histoire de passion. Et parfois, dire non, c’est aussi une façon de la défendre.
