Vous est-il déjà arrivé de vous dire, en passant devant votre bar-tabac habituel, que ce petit commerce de quartier pouvait un jour devenir le théâtre d’une scène digne d’un polar ? Moi, franchement, non. Et pourtant, mercredi matin, à Fontenay-sous-Bois, c’est exactement ce qui s’est produit.
Il est un peu avant 11 heures, l’heure où les habitués viennent chercher leurs clopes ou leur ticket à gratter. La journée commence à peine. Et puis, en quelques secondes, tout bascule.
Un braquage qui tourne à la panique en plein jour
Deux types font irruption dans le bar-tabac Le Danton, avenue Danton. L’un brandit ce qui ressemble à première vue à un vrai flingue, l’autre tient une bombe lacrymogène. Le gérant n’a même pas le temps de réagir : on lui crie de vider la caisse.
Et là, le premier couac – et pas des moindres – arrive plus vite que prévu. L’arme du premier braqueur lui échappe des mains. Elle tombe lourdement sur le carrelage… et se casse en deux. Littéralement. Des morceaux de plastique noir partout. C’est un faux. Un pistolet en plastique.
À ce moment-là, n’importe qui aurait pu croire que le hold-up allait s’arrêter net. Que les deux hommes, démasqués, allaient détaler comme des lapins. Eh bien non.
Quand le plan B devient brutal
Le deuxième individu ne se démonte pas. Au contraire. Il passe en mode « on termine le boulot ». Il se jette sur le gérant et lui assène plusieurs coups avec la bombe lacrymogène, directement sur la tête. Le pauvre homme encaisse, tente probablement de se défendre, mais la violence est trop soudaine, trop brutale.
En quelques instants, les deux malfaiteurs raflent entre 3 000 et 4 000 euros en liquide – la recette du matin – et, cerise sur le gâteau, le téléphone portable du gérant. Puis ils disparaissent dans la nature. Direction inconnue.
« On a eu très peur. On a entendu du bruit, des cris, et puis plus rien. Quand on a compris, c’était déjà fini. »
Un riverain présent à proximité, encore sous le choc
Le gérant blessé, mais vivant
Le gérant, sonné, la tête en sang, est pris en charge par les pompiers. Direction l’hôpital le plus proche. Rien de vital, fort heureusement, mais des blessures qui marquent. Physiquement et psychologiquement.
Ce genre d’agression laisse des traces. On ne gère plus son commerce de la même façon après ça. La caisse, les clients, les horaires… tout devient source d’angoisse. Et on se dit que ça aurait pu être bien pire.
Une enquête ouverte, des suspects toujours en fuite
Très rapidement, les forces de l’ordre bouclent le quartier. Les techniciens de la police scientifique passent la scène au peigne fin. L’enquête est confiée au service départemental de police judiciaire du Val-de-Marne. Un vol à main armée, même avec une arme factice, ça ne rigole pas.
Pour l’instant, les deux hommes n’ont pas été retrouvés. Pas d’interpellation, pas d’identification formelle. On imagine qu’ils ont pris soin de se couvrir le visage, probablement des cagoules ou des casques de moto. Classique.
- Arme factice cassée sur place → pièce à conviction majeure
- Bombe lacrymogène utilisée comme matraque → traces ADN possibles
- Vidéosurveillance du bar et des commerces voisins → en cours d’exploitation
- Témoignages des clients présents → précieux pour le portrait-robot
Autant d’éléments qui, mis bout à bout, peuvent permettre de remonter la piste. Mais en attendant, l’impression qui domine, c’est celle d’une impunité flagrante.
Fontenay-sous-Bois, une ville tranquille… jusqu’à quand ?
Quand on parle de Fontenay, on pense plutôt à une commune paisible du Val-de-Marne, bien desservie, avec ses pavillons et ses immeubles des années 70. Pas vraiment le genre d’endroit où l’on s’attend à voir débarquer des braqueurs en pleine matinée.
Et pourtant, ces dernières années, les faits divers se multiplient. On se souvient du meurtre au couteau en pleine rue il y a quelques mois, ou encore des tensions récurrentes dans certains quartiers. Rien de comparable à certaines zones plus chaudes de Seine-Saint-Denis, mais quand même. Ça bouge.
Les commerçants, eux, commencent à sérieusement saturer. Entre les vols à l’arrachée, les cambriolages nocturnes et maintenant les braquages à visage découvert (ou presque), la coupe est pleine.
« On paye déjà cher les charges, les assurances, et maintenant il faut avoir peur de se faire braquer à 10h du matin ? C’est plus tenable. »
Un autre gérant de bar-tabac du secteur, qui préfère rester anonyme
Arme factice : une tendance qui inquiète
Ce qui frappe dans cette affaire, c’est l’utilisation d’une arme factice qui ressemble à s’y méprendre à une vraie. Ce n’est pas nouveau, malheureusement. Les répliques ultra-réalistes pullulent sur internet, parfois pour quelques dizaines d’euros.
Pour les malfaiteurs, c’est l’outil parfait : ça impressionne, ça évite les peines trop lourdes en cas d’arrestation (pas d’arme réelle = moins de prison), et surtout, ça passe inaperçu jusqu’au moment où… ça tombe par terre et que tout le monde voit que c’est du plastique.
Mais entre-temps, la victime, elle, a eu une arme pointée sur la tempe. L’effet psychologique est le même. La peur est réelle. Et quand ça dérape, comme ici, les conséquences physiques aussi.
Et nous, on fait quoi maintenant ?
On pourrait se dire que c’est un fait divers isolé. Que ça arrive partout. Que c’est la crise, la misère, blablabla. Mais à force, ça commence à faire beaucoup.
Les commerçants demandent plus de patrouilles, des caméras supplémentaires, des boutons d’alarme reliés directement police-secours. Certains songent même à fermer plus tôt ou à ne plus accepter les gros billets. D’autres parlent d’embaucher un vigile – ce qui, pour un petit bar-tabac, revient à travailler à perte.
Et puis il y a cette question qui revient tout le temps : jusqu’où va-t-on laisser la petite délinquance se transformer en violence gratuite ? Parce que là, on n’est plus dans le vol à l’étalage ou le tag sur la vitrine. On est dans le sang et les coups.
Moi, je ne vais pas vous faire le coup du « c’était mieux avant ». Mais quand même. Quand je vois un gérant se faire fracasser le crâne parce qu’il bosse à 7h du matin pour faire vivre sa famille, je me dis qu’on a un vrai problème.
Au moment où j’écris ces lignes, les deux suspects courent toujours. Peut-être qu’ils se terrent quelque part dans le département. Peut-être qu’ils préparent déjà le prochain coup. En attendant, un homme est à l’hôpital, un commerce est traumatisé, et toute une ville se pose la même question : qui sera le suivant ?
On espère simplement que l’enquête aboutira vite. Parce que la justice, quand elle frappe fort et rapidement, c’est aussi le meilleur moyen de calmer les ardeurs de ceux qui pensent que braquer un bar-tabac un mercredi matin, c’est une bonne idée.
Affaire à suivre, évidemment.
