Imaginez gouverner un pays pendant deux ans sans pouvoir faire adopter votre propre budget. C’est pourtant ce qu’a vécu l’Argentine sous la présidence ultralibérale de Javier Milei. Et puis, juste avant les fêtes de fin d’année, le miracle : le Parlement valide enfin son projet pour 2026. Une première qui fait beaucoup parler, et pour cause.
Franchement, quand on suit l’actualité argentine de loin, on a parfois l’impression d’assister à un feuilleton politique interminable. Mais là, ce vote au Sénat, par 46 voix contre 25, ça change pas mal de choses. Ça donne enfin à Milei les mains libres pour appliquer sa vision économique sans être bloqué par un texte datant de 2023.
Un Tournant Politique Inattendu pour Milei
Revenons un peu en arrière pour bien comprendre. Depuis son arrivée au pouvoir fin 2023, Javier Milei a imposé une cure d’austérité radicale. Résultat ? L’inflation, qui dépassait les 200 % annuels, a chuté de manière spectaculaire. Aujourd’hui, on parle d’environ 31 %. Impressionnant, non ?
Cependant, tout n’a pas été rose. Cette politique a plongé le pays dans une récession en 2024, avec des pertes d’emplois massives et une pression énorme sur les services publics. Sans majorité parlementaire, le président devait se contenter d’un budget reconduit d’année en année. Autant dire que c’était comme conduire une voiture avec le frein à main serré.
Les élections législatives de mi-mandat, fin octobre, ont tout changé. Son parti a remporté une victoire significative, renforçant sa position. Du coup, Milei n’a pas perdu de temps : il a écourté les vacances parlementaires pour faire avancer ses réformes avant la fin de l’année.
Les Chiffres Clés du Budget 2026
Ce budget fraîchement adopté prévoit des objectifs ambitieux. D’abord, une croissance du PIB de 5 % pour l’année prochaine. Dans un pays qui sort tout juste de la récession, c’est un signal fort d’optimisme.
Ensuite, l’inflation est projetée à 10,1 %. Si cela se réalise, ce serait une performance remarquable après les années folles d’hyperinflation. Et surtout, il réaffirme l’engagement d’un équilibre budgétaire, crucial pour un pays lourdement endetté et soutenu par des institutions internationales.
- Croissance prévue : 5 % du PIB
- Inflation cible : 10,1 %
- Objectif principal : Zéro déficit
- Impact attendu : Stabilisation macroéconomique durable
Ces chiffres ne sortent pas de nulle part. Ils s’appuient sur les résultats déjà obtenus en matière de maîtrise des dépenses publiques. Mais reste à voir si la réalité suivra ces prévisions.
Pourquoi Cette Adoption Est Historique
Ce qui rend ce vote si particulier, c’est qu’il s’agit du premier budget propre à Milei validé par les deux chambres. Avant, tout se faisait par décrets ou reconduction. Désormais, il dispose d’un cadre légal clair pour poursuivre sa politique.
Durant les débats au Sénat, qui ont duré plus de huit heures, les échanges ont été vifs. Un sénateur du parti présidentiel a déclaré quelque chose comme : « Nous n’allons pas dépenser plus que ce que nous gagnons. » Une phrase simple, mais qui résume toute la philosophie de cette administration.
Nous allons mettre de l’ordre dans nos comptes.
– Un sénateur proche du gouvernement
De l’autre côté, l’opposition n’a pas mâché ses mots. Certains ont critiqué les coupes dans les financements minimaux pour l’éducation, la science ou la défense. Des exigences administratives plus strictes pour les universités ont aussi fait polémique.
Un opposant a même lancé, avec une pointe d’ironie : imaginez dire à vos enfants que vous avez contribué à affaiblir le système éducatif. Des mots durs qui montrent à quel point les clivages restent profonds.
Les Conséquences sur l’Économie Argentine
Maintenant que le budget est adopté, quelles perspectives pour 2026 ? D’un côté, les partisans y voient la confirmation que l’austérité porte ses fruits. La baisse de l’inflation a déjà redonné du pouvoir d’achat à certains Argentins, même si le chemin reste long.
De l’autre, les critiques soulignent le coût social. La récession a touché durement les classes moyennes et populaires. Des dizaines de milliers d’emplois ont disparu dans le secteur public et privé. Est-ce que la croissance promise compensera ces sacrifices ?
Personnellement, je trouve fascinant de voir comment un pays peut rebondir après des années de crise chronique. L’Argentine a connu tant de cycles d’euphorie et de désillusion. Cette fois, avec un budget aligné sur une vision claire, il y a peut-être une chance de briser ce cercle vicieux.
Mais attention, rien n’est gagné. Le pays reste très dépendant du soutien international, notamment pour gérer sa dette. Et la confiance des marchés joue un rôle énorme.
Les Points Controverés du Texte
Parmi les mesures qui ont fait grincer des dents, il y a la suppression des planchers de financement pour certains secteurs clés. Éducation, recherche scientifique, défense : plus de garanties minimales automatiques.
- Éducation : Fin des budgets protégés
- Science : Moins de fonds assurés
- Défense : Réallocation selon priorités
- Universités : Contrôles administratifs renforcés
Ces changements visent à plus de flexibilité, selon le gouvernement. Mais pour l’opposition, c’est un risque majeur pour l’avenir du pays. Comment former les prochaines générations sans investir solidement dans l’enseignement ?
Et puis il y a la réforme du travail, qui pointe à l’horizon. Celle-là promet d’être encore plus conflictuelle, avec probablement des manifestations dans les rues. On sent que 2026 sera une année charnière.
Et Après ? Les Défis à Venir
Avec ce budget en poche, Milei a gagné une bataille importante. Mais la guerre économique est loin d’être terminée. La croissance de 5 % devra se matérialiser concrètement, avec des créations d’emplois et une amélioration du quotidien.
L’inflation à deux chiffres, même basse comparée au passé récent, reste un défi. Les Argentins ont souffert trop longtemps de la hausse des prix pour accepter un retour en arrière.
Enfin, sur le plan politique, cette victoire renforce la position du président. Mais l’opposition reste vigilante, et les prochaines échéances électorales seront cruciales.
Ce qui m’interpelle le plus, c’est cette capacité de l’Argentine à se réinventer malgré les crises répétées. Milei incarne une rupture radicale, et ce budget en est la preuve tangible. Reste à savoir si cette voie ultralibérale portera ses fruits à long terme, ou si des ajustements seront nécessaires face à la réalité sociale.
Une chose est sûre : on va continuer à suivre ça de très près. L’Amérique latine nous réserve souvent des surprises, et l’Argentine plus que quiconque.
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