Vous est-il déjà arrivé de retenir votre souffle pendant un vote à l’Assemblée ? Moi, oui. Et en cette fin d’année 2025, on vit exactement ce genre de moment où tout peut basculer en quelques minutes. Le budget de la Sécurité sociale, ce mastodonte de plus de 600 milliards d’euros, se retrouve au bord du précipice. Et c’est le Premier ministre lui-même qui tente, en catastrophe, le tout pour le tout.
Un vote sous très haute tension
Imaginez la scène : il est presque minuit à l’Assemblée nationale, la séance traîne en longueur, les députés bâillent à moitié, et soudain, patatras. Le gouvernement dépose un amendement surprise qui change la donne. Objectif ? Faire grimper l’Ondam – vous savez, cet objectif national des dépenses d’assurance maladie qui fixe le rythme des budgets hôpitaux et médecins – de 3 %. Rien que ça.
Pourquoi maintenant ? Tout simplement parce que sans ce geste, le texte risque purement et simplement d’être rejeté mardi 9 décembre. Et un rejet du PLFSS, croyez-moi, ça ferait très mal au gouvernement déjà fragilisé par l’absence de majorité absolue.
Lecornu marche littéralement sur des œufs
Le calcul est limpide : amadouer les écologistes. Eux qui pestent depuis des mois contre un budget jugé trop austère pour la santé publique voient soudain arriver cette hausse de 3 %. Pas révolutionnaire, mais symbolique. Assez, espère Matignon, pour transformer quelques votes « contre » en abstentions salvatrices.
Car dans cette Assemblée fragmentée, chaque voix compte. Vraiment chaque voix. Les écologistes, avec leur petite vingtaine de députés, sont devenus des faiseurs de roi malgré eux. Et ils le savent parfaitement.
« C’est du saucissonnage de dernière minute. On ne négocie pas la santé des Français à 2 heures du matin », aurait lâché un député vert dans les couloirs, selon plusieurs témoins.
Ambiance.
L’amendement de la dernière chance : décryptage
Concrètement, que change ces 3 % ? On parle d’une enveloppe supplémentaire d’environ 7 à 8 milliards d’euros pour les hôpitaux, les cliniques, les médecins libéraux. C’est énorme. C’est aussi ce que réclamaient depuis longtemps les syndicats hospitaliers qui tiraient la sonnette d’alarme sur les services d’urgence saturés et les déserts médicaux.
Mais – parce qu’il y a toujours un « mais » en politique – cet argent, il faut bien le trouver quelque part. Et là, c’est le flou artistique. Redéploiement ? Hausse de la CRDS ? Nouvelle taxe déguisée ? Personne n’a de réponse claire à ce stade. Juste la promesse que « tout sera précisé d’ici mardi ».
- Hausse de l’ONDAM à 3 % au lieu de 2,1 % initialement prévu
- Enveloppe supplémentaire estimée entre 7 et 8 milliards
- Objectif : éviter le rejet du PLFSS en seconde lecture
- Principaux bénéficiaires : hôpitaux publics et libéraux
- Financement : encore flou, discussions en cours
Les Républicains dans leur rôle de poil à gratter
Si les écologistes font l’objet de toutes les attentions, un autre groupe observe la scène avec un sourire en coin : Les Républicains. Plusieurs de leurs figures montantes ont déjà annoncé qu’ils voteraient contre. Motif ? Un « hold-up fiscal » selon leurs termes. Ils reprochent au texte de ne pas assez réduire le déficit et de reporter l’effort sur les générations futures.
Traduction : même avec les voix écologistes, le compte n’y est peut-être pas. D’où la pression maximale sur chaque député susceptible de s’abstenir.
Et si le texte était rejeté ? Les scénarios possibles
Franchement, personne n’ose trop y penser à Matignon. Un rejet du budget de la Sécu serait une première depuis… très longtemps. Les conséquences ?
- Reconduction automatique des dépenses 2024 (mais sans les mesures nouvelles votées)
- Crise politique majeure – motion de censure probable
- Report sine die de certaines réformes (retraites complémentaires, prise en charge longue maladie, etc.)
- Image désastreuse pour le gouvernement à l’international
Autant dire que l’exécutif joue gros. Très gros.
Ce que révèle cette crise de notre démocratie
Au-delà des chiffres, ce psychodrame dit beaucoup de l’état de notre vie politique en 2025. Une majorité relative qui oblige à négocier jusqu’au bout de la nuit. Des groupes parlementaires qui découvrent leur pouvoir de nuisance – ou de construction, selon le point de vue. Et un pays qui regarde, parfois effaré, ces marchandages à huis clos.
J’ai couvert pas mal de budgets depuis dix ans. Celui-ci est sans doute le plus incertain que j’aie vu. On sent que plus personne ne maîtrise totalement la partition.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Est-ce que négocier jusqu’à 3 heures du matin pour sauver un budget, c’est la preuve que la démocratie fonctionne… ou qu’elle dysfonctionne gravement ?
Les heures qui viennent seront décisives
Désormais, tout va se jouer entre ce dimanche soir et mardi après-midi. Les tractations vont bon train dans les bureaux, les SMS fusent, les cafés aussi. Chacun mesure l’impact d’un vote ou d’une abstention.
Une certitude : mardi soir, on saura si le « dernier geste » de Lecornu a porté ses fruits. Ou si la France entre dans une zone de turbulences politiques encore plus fortes.
En attendant, on croise les doigts. Parce que derrière les chiffres et les jeux d’alliance, il y a surtout la santé de millions de Français qui se joue. Et ça, ça ne devrait jamais être un sujet de marchandage de dernière minute.
A suivre de très près.
