Vous est-il déjà arrivé de regarder votre bulletin de vote en vous demandant si, quelque part, on ne jouait pas votre retraite ou votre prochaine consultation chez le médecin ? Moi, si. Et ce mardi 9 décembre 2025, à l’Assemblée nationale, c’est exactement ce qui se passe, mais à l’échelle du pays entier.
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 arrive en vote solennel après des jours et des nuits de débats acharnés. La partie « recettes » est passée de justesse il y a quelques jours avec seulement 26 voix d’avance – un score de coupe du monde des prolongations. Autant dire que personne ne sait encore si le texte final franchira l’obstacle. Alors avant que les députés ne lèvent la main (ou pas), voici les dix questions qui taraudent tout le monde, y compris, je le confesse, votre serviteur.
Un vote sous haute tension comme rarement
Franchement, on n’avait pas vu ça depuis longtemps. L’hémicycle ressemble à une cocotte-minute prête à exploser. D’un côté le gouvernement qui joue son va-tout, de l’autre une opposition multiple et des alliés qui font la tronche. Même les habitués du Palais-Bourbon parlent d’« inconnue totale ». Et quand on sait que le texte touche à la fois nos cotisations, nos remboursements et nos futures pensions… on comprend mieux pourquoi ça chauffe.
1. Le déficit va-t-il vraiment exploser en 2026 ?
Commençons par le chiffre qui donne le vertige. Les prévisions font état d’un trou abyssal, bien plus large que ce qu’on imaginait il y a encore six mois. Les dépenses continuent de galoper pendant que les rentrées peinent à suivre. Et là, attention : on ne parle pas de quelques millions, mais de dizaines de milliards. L’histoire classique du tonneau des Danaïdes, version française.
Ce qui inquiète le plus ? Le fait que même avec les mesures d’économies déjà prévues, le rouge reste impressionnant. Certains experts estiment qu’on pourrait frôler des records historiques. Et quand le déficit de la Sécu dérape, c’est toute la trajectoire des finances publiques qui vacille.
2. Les retraites : vers un nouveau psychodrame ?
Ah, les retraites… Le sujet qui fait bondir tout le monde dès qu’on l’effleure. Dans ce PLFSS, plusieurs dispositions touchent directement le système par répartition. Rien de révolutionnaire à première vue, mais suffisamment pour remettre le feu aux poudres.
On parle notamment de la revalorisation des pensions, de l’âge effectif de départ et des éventuelles mesures de sauvetage des régimes spéciaux qui continuent de coûter cher. J’ai discuté avec un ancien haut fonctionnaire qui m’a glissé : « Si on ne fait rien maintenant, dans cinq ans ce sera trop tard. » Glacial.
« Toucher aux retraites, c’est toujours jouer avec le feu dans ce pays. »
– Un député de la majorité, sous couvert d’anonymat
3. L’objectif de dépenses santé passe subitement de 2 à 3 % : pourquoi ce virage ?
C’est l’amendement qui a fait tousser tout le monde. Initialement fixé à +2 %, l’ONDAM (objectif national de dépenses d’assurance maladie) a été relevé à +3 % au dernier moment. Traduction : on autorise les dépenses de santé à augmenter plus vite que prévu.
Officiellement, c’est pour répondre à l’inflation médicale et aux besoins post-covid qui n’en finissent pas. Mais dans les couloirs, certains y voient plutôt un moyen d’acheter la paix sociale avec les hôpitaux et les médecins libéraux. Résultat ? Quelques milliards d’euros supplémentaires qui pèseront sur le déficit. Dur à avaler pour les défenseurs de la rigueur.
4. Les groupes parlementaires vont-ils vraiment se déchirer jusqu’au bout ?
- La majorité relative joue les équilibristes entre ses différentes sensibilités
- Une partie des alliés menace de s’abstenir, voire de voter contre
- L’opposition de gauche promet le chaos si le texte passe en l’état
- L’extrême droite, elle, attend son heure pour récupérer le mécontentement
Bref, c’est Beyrouth à l’Assemblée. Et le pire, c’est que personne ne sait encore comment chaque groupe va se positionner au moment fatidique.
5. Que se passe-t-il si le texte est rejeté ?
Scénario catastrophe ou pas ? En réalité, le gouvernement a plusieurs cartes dans sa manche : nouvelle lecture, 49.3 sur un autre texte, voire décret d’avance. Mais politiquement, un rejet serait une claque monumentale. On parle là d’un des budgets les plus structurants de l’année. Le faire tomber serait un signal terrible envoyé aux Français et aux marchés.
6. Les petites mesures qui peuvent tout changer
Parfois, ce ne sont pas les gros titres qui font basculer un vote, mais les toutes petites lignes. Un amendement sur les arrêts maladie, une disposition sur les franchises médicales, un ajustement sur les cotisations des indépendants… Tout ça peut faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.
J’ai vu des PLFSS passer ou tomber pour 0,1 % de cotisation en plus ou en moins. C’est dire si chaque virgule compte.
7. Les Français vont-ils payer la note plus tard ?
C’est LA question qui me tient éveillé la nuit. Parce que, soyons honnêtes : reporter le problème, c’est bien joli, mais quelqu’un finira par présenter l’addition. Hausse des cotisations ? Baisse des remboursements ? Augmentation des impôts déguisée ? Tout est sur la table.
Et quand je vois les jeunes générations qui galèrent déjà à boucler les fins de mois, je me dis qu’on leur prépare un héritage empoisonné.
8. Y a-t-il encore des marges de négociation d’ici mardi soir ?
En politique, tout est possible jusqu’à la dernière seconde. Des discussions discrètes ont lieu dans les bureaux, les couloirs, parfois même dans les cafés autour de l’Assemblée. Un geste sur les retraites complémentaires, une promesse sur les déserts médicaux… Tout peut servir de monnaie d’échange.
9. Quel impact sur les prochaines élections municipales ?
On est à 100 jours des municipales 2026, ne l’oublions pas. Un budget Sécu qui passe en force ou qui explose en vol, ça laisse des traces dans les esprits. Les maires sortants vont devoir expliquer pourquoi les impôts locaux augmentent pendant que la Sécu vacille. Sympa comme campagne.
10. Et après ? Vers une grande réforme structurelle ?
Parce que, au fond, ce PLFSS 2026 n’est qu’un pansement sur une jambe de bois. Tout le monde le sait : il faudra bien, un jour, s’attaquer aux grandes réformes structurelles. Fusion des régimes ? Nouveau mode de calcul des pensions ? Financement par l’impôt plutôt que par les cotisations ? Les pistes ne manquent pas, mais le courage politique, lui…
Ce mardi soir, quand le président de séance annoncera le résultat, on saura si on continue à reculer pour mieux sauter, ou si, enfin, on ose regarder le mur en face.
En attendant, une seule certitude : votre serviteur sera scotché devant la chaîne parlementaire, une tasse de café à la main, en se demandant quelle France on léguera à nos enfants. Et vous ?
