Vous souvenez-vous de l’époque où le Parti socialiste faisait trembler les majorités ? Franchement, ces derniers mois, on avait plutôt l’impression qu’il végétait dans un coin du Palais Bourbon, entre abstentions moroses et communiqués larmoyants. Et puis, patatras, mardi soir, tout a basculé. Le budget de la Sécurité sociale 2026 est passé grâce aux voix socialistes. Oui, vous avez bien lu : grâce à eux. Et c’est Olivier Faure qui a tout orchestré. Alors, coup de génie ou simple survie politique ? Allons voir ça de plus près.
Un vote à 13 voix près qui change tout
319 voix pour, 306 contre. Treize petites voix d’écart. Dans une Assemblée morcelée comme jamais, ça ne pardonne pas. Sans le vote quasi unanime des socialistes – 63 pour, seulement 6 abstentions – le texte tombait à l’eau et le gouvernement se retrouvait dans une situation plus que délicate en pleine période budgétaire.
J’ai suivi la séance jusqu’au bout. L’ambiance était électrique. On sentait que chaque camp retenait son souffle. Et quand le résultat est tombé, il y a eu ce moment de silence, puis les applaudissements à gauche, les mines déconfites à droite. Un vrai film.
Pourquoi les socialistes pouvaient dire oui
Sur le papier, le PLFSS est le genre de texte que la gauche historique a toujours défendu. Retraites complémentaires revalorisées, investissements dans l’hôpital public, allègement ciblé de CSG pour certains seniors… Ce n’est pas la révolution, mais c’est nettement plus social que ce qu’on aurait pu craindre il y a encore un an.
Olivier Faure l’a répété dans l’hémicycle : « Ce n’est pas un chèque en blanc, c’est un texte que nous avons profondément amélioré. » Et il n’a pas tort. Les concessions arrachées sont loin d’être symboliques.
« On ne vote pas pour le gouvernement, on vote pour les Français qui ont besoin de cette protection sociale. »
– Un député socialiste, juste après le vote
Les concessions qui ont tout fait basculer
Alors concrètement, qu’est-ce que le PS a obtenu ? Pas mal de choses, en réalité.
- Revalorisation plus forte que prévue des petites retraites complémentaires (Agirc-Arrco)
- Plan d’urgence pour les services d’urgences et la psychiatrie
- Gel de la baisse des APL pour les étudiants et les familles monoparentales
- Exonération ciblée de CSG pour les retraites inférieures à 2 500 €
- Engagements sur le recrutement de 12 000 soignants sur 2026-2027
Ce n’est pas la lune, mais dans le contexte actuel, c’est énorme. Surtout quand on sait que le gouvernement navigue sans majorité absolue depuis 2022.
D’ailleurs, j’ai trouvé intéressant de voir à quel point certains ministres semblaient soulagés. On sent que derrière les discours de fermeté, il y avait une vraie peur de l’accident industriel.
Olivier Faure a joué son va-tout
Il faut le dire clairement : Faure a mouillé la chemise comme rarement. Il a passé la journée du mardi en discussions permanentes, allant même convaincre certains écologistes (trois ont fini par voter pour) et tentant – sans succès – de rallier quelques voix chez les républicains modérés.
À l’intérieur de son propre groupe, ce n’était pas gagné non plus. Une partie des députés, plutôt proches de l’aile gauche, voulaient l’abstention ou le vote contre par principe. Faure a dû promettre, expliquer, parfois élever la voix. Un vrai travail de terrain.
Résultat ? Une discipline de vote impressionnante. Seuls six socialistes ont choisi l’abstention. C’est rare, très rare, dans le contexte actuel.
Et maintenant ? Les conséquences politiques
Ce vote change pas mal de choses. D’abord pour le PS. Olivier Faure sort renforcé. Ceux qui le voyaient déjà comme un premier secrétaire en sursis vont devoir remballer leurs pronostics. Il a montré qu’il pouvait peser, vraiment peser, dans cette Assemblée ingouvernable.
Ensuite, pour le gouvernement. On parle beaucoup de « majorité de projet » ces temps-ci. Eh bien là, on en a eu un exemple concret. Le texte est passé sans 49.3, ce qui est une petite victoire symbolique.
Mais attention, ça reste fragile. Les socialistes ont prévenu : c’est du cas par cas. Le budget général, qui arrive bientôt, sera un autre morceau. Et là, les points de friction (retraites, fiscalité des hauts revenus) risquent d’être bien plus explosifs.
Un précédent dangereux… ou salutaire ?
Certains, à gauche de la gauche, crient à la trahison. On entend déjà les habituels « PS = traîtres » sur les réseaux. Mais soyons sérieux deux minutes : refuser de voter un texte qui améliore la situation des retraites modestes et de l’hôpital public, juste pour garder une posture, c’est ça la responsabilité ?
Personnellement, je trouve que Faure a fait preuve d’un pragmatisme qu’on avait presque oublié à gauche. Il a choisi l’utilité sur l’incantation. Et dans le contexte actuel, ça mérite d’être salué.
Après, rien n’est réglé. Le PS reste faible dans les sondages, la reconstruction sera longue. Mais ce vote montre une chose : même minoritaire, un groupe discipliné et malin peut encore faire bouger les lignes.
Ce qu’il faut retenir de cette journée historique
- Le PLFSS 2026 est adopté grâce aux socialistes
- Olivier Faure sort renforcé au sein de son parti
- Le gouvernement évite le 49.3 sur un texte majeur
- Les concessions obtenues sont réelles et concrètes
- La suite budgétaire s’annonce beaucoup plus tendue
En résumé, on a assisté à un de ces moments rares où la politique reprend ses droits sur la posture. Olivier Faure a joué, il a gagné. Pour combien de temps ? Ça, personne ne le sait. Mais ce mardi 9 décembre 2025 restera comme le jour où le Parti socialiste a rappelé qu’il existait encore. Et franchement, dans le chaos actuel, ce n’est pas rien.
À suivre, évidemment. Le budget général arrive. Et là, ça va être une tout autre histoire…
