Vous est-il déjà arrivé de passer devant une boutique de téléphonie le matin et de découvrir la vitrine complètement explosée, comme si un camion était rentré dedans ? Moi, oui. Et à chaque fois, la même question me traverse l’esprit : comment peut-on faire ça en pleine nuit sans que personne ne remarque rien ? Ces dernières semaines, en Seine-et-Marne et dans l’Essonne, ce scénario s’est répété dix fois. Dix boutiques SFR, Orange et Bouygues dévalisées. Et derrière tout ça, quatre jeunes – un de 20 ans et trois gamins de 15 ans – qui semblaient avoir trouvé la recette parfaite pour repartir avec des centaines de smartphones dernier cri.
Franchement, quand on entend ça, on a du mal à y croire. Des ados qui cassent tout et repartent avec l’équivalent d’une petite fortune en iPhone et Samsung Galaxy… Ça ressemble à un mauvais film. Sauf que c’est bien réel, et ça s’est passé près de chez nous.
Une série qui a duré deux mois sans relâche
L’histoire commence en octobre, à Villiers-en-Bière. Dans la nuit du 19 au 20, la boutique Bouygues du centre commercial se fait littéralement exploser la vitrine. Une semaine plus tard, c’est SFR, juste en face, qui subit le même sort. Les commerçants n’en reviennent pas : deux casses en huit jours au même endroit !
Puis ça continue. Brétigny-sur-Orge, Évry-Courcouronnes, et d’autres centres commerciaux de la région. À chaque fois, le même schéma : repérage en journée, retour la nuit, porte du sas forcée, vitrines éclatées à coups de masse ou de pied-de-biche, et razzia express sur les modèles exposés les plus chers. En quelques minutes, c’est fini. Les alarmes hurlent, mais le temps que les vigiles ou la police arrivent, les voleurs sont déjà loin.
Le préjudice ? Plus de 200 000 euros. Autant dire que les assurances vont passer un joyeux Noël…
Un mode opératoire presque trop simple
Ce qui frappe, c’est la simplicité du procédé. Pas de haute technologie, pas de piratage d’alarme ultra-sophistiqué. Non. Juste de la force brute et une bonne dose d’audace.
- Repérer un centre commercial où la sécurité semble légère le soir
- Revenir entre 2 h et 5 h du matin
- Forcer la porte d’accès au sas (souvent juste un coup d’épaule ou un pied-de-biche)
- Courir jusqu’à la boutique ciblée
- Exploser la vitrine en quelques secondes
- Prendre uniquement les modèles haut de gamme exposés (iPhone 16 Pro, Galaxy S24 Ultra, etc.)
- Repartir en moins de cinq minutes
C’est presque effrayant de facilité. Et pourtant, ça a marché dix fois. Dix.
J’ai discuté avec un ancien vigile de centre commercial il y a quelques années. Il me disait : « La nuit, on est souvent seul pour tout un complexe. Si les gars sont rapides, tu n’as même pas le temps de réagir. » Eh bien là, on en a la preuve éclatante (sans mauvais jeu de mots).
Qui sont ces quatre jeunes ?
Tous habitent Évry-Courcouronnes. Le plus âgé a 20 ans, les trois autres seulement 15 ans. Oui, vous avez bien lu : 15 ans. À cet âge-là, la plupart des ados galèrent avec leurs devoirs de maths, pas avec l’organisation de casses à répétition.
On ne connaît pas encore leurs motivations précises – revente sur Leboncoin ? Réseaux spécialisés ? Besoin d’argent rapide pour Noël ?), mais une chose est sûre : ils étaient organisés. Véhicule volé ou scooter pour les déplacements, gants, cagoules… Ils ne laissaient (presque) rien au hasard.
« On sent qu’ils ont pris goût au truc. Plus ça marchait, plus ils recommençaient. C’est classique chez les jeunes délinquants : l’adrénaline devient addictive. »
– Un enquêteur spécialisé, sous couvert d’anonymat
Lundi matin, le coup de filet. Le service interdépartemental de police judiciaire de Seine-et-Marne les interpelle à domicile. Perquisitions, téléphones saisis, vêtements reconnus sur les vidéosurveillance… Tout concorde. Le majeur est placé en détention provisoire jusqu’à son procès en janvier. Les trois mineurs passeront devant le juge des enfants.
Pourquoi les boutiques de téléphonie sont-elles si ciblées ?
La réponse est simple : c’est une mine d’or ambulante.
Un seul iPhone 16 Pro Max neuf, c’est 1 500 € à la revente en cash, parfois plus sur certains marchés parallèles. En prenant vingt ou trente appareils par casse, on arrive vite à des sommes folles. Et contrairement à une bijouterie, il n’y a pas de vitrage blindé ni de rideau métallique sur toutes les boutiques de téléphonie des centres commerciaux. C’est une cible idéale pour qui veut faire vite.
Ajoutez à ça la période de Noël : les stocks plein à craquer, modèles récents en exposition… C’est le moment rêvé pour ce genre de coup.
Les centres commerciaux sont-ils assez protégés ?
Clairement non.
Beaucoup de galeries ferment leurs portes à 21 h, mais les accès extérieurs restent souvent vulnérables. Un simple sas vitré, une caméra qui filme mais n’empêche rien… Et la nuit, les rondes sont rares.
Certains centres ont commencé à réagir : vitrages renforcés, alarmes avec brouillard anti-cambriolage, rideaux métalliques même sur les petites boutiques. Mais tous n’ont pas les moyens. Et tant qu’il y aura des smartphones à 1 500 € derrière une simple vitre, il y aura des candidats.
Et maintenant ?
Les quatre jeunes sont hors d’état de nuire, du moins pour l’instant. Mais combien d’autres équipes du même genre tournent encore dans la région ?
Ce qui est sûr, c’est que cette affaire a secoué tout le monde. Les gérants de boutiques renforcent déjà leurs dispositifs. Les centres commerciaux revoient leurs contrats avec les sociétés de sécurité. Et les parents – parce que oui, il y a des parents derrière ces trois gamins de 15 ans – doivent se poser de sérieuses questions.
Parce qu’au-delà des 200 000 € volés, il y a quelque chose de plus inquiétant : à 15 ans, on peut déjà être capable d’organiser une série de dix cambriolages avec une froide efficacité. Et ça, ça fait réfléchir.
Au final, cette histoire est à la fois banale – les vols par effraction, on en voit tous les jours – et complètement dingue quand on regarde les chiffres et l’âge des protagonistes. Elle dit beaucoup de notre époque : la valeur folle des smartphones, la vulnérabilité de certains lieux, et parfois le vide qu’on laisse dans la vie de certains jeunes.
Espérons que cette interpellation marque un vrai coup d’arrêt. Parce que franchement, voir des vitrines explosées tous les quinze jours dans sa région, ça finit par lasser.
Et vous, vous en pensez quoi ? Votre centre commercial habituel vous semble-t-il assez sécurisé la nuit ? N’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire. Parce que clairement, cette série de casses n’est probablement pas la dernière…
