Vous êtes-vous déjà senti mal à l’aise dans une rame de RER presque vide en pleine nuit ? Cette impression que n’importe quoi peut arriver et que personne ne réagira assez vite ? Moi oui, plus d’une fois. Et visiblement, je ne suis pas le seul. Un récent sondage commandé par la région Île-de-France vient de mettre des chiffres brutaux sur ce sentiment partagé par des millions d’usagers : la sécurité dans les transports en commun reste une angoisse majeure, surtout pour les femmes.
Mais ce qui ressort surtout, c’est une demande claire, massive, presque unanime : 88 % des Franciliens veulent des caméras intelligentes capables de détecter automatiquement les situations anormales. Pas juste des yeux électroniques qui enregistrent, mais des systèmes qui réagissent. Et pourtant, on parle encore de wagons réservés aux femmes… comme si on vivait au siècle dernier.
Pourquoi les wagons réservés aux femmes sont (quasiment) unanimement refusés
L’idée a resurgi après un énième fait divers glaçant : une tentative de viol dans le RER C en octobre dernier. Une pétition a circulé, 60 % des personnes interrogées se disaient même plutôt favorables. Sur le papier, ça peut paraître logique. En pratique ? C’est une tout autre histoire.
« Réserver des wagons aux femmes, ce serait admettre notre impuissance totale. Ce serait dire aux filles : on n’est pas capables de vous protéger, alors cachez-vous. »
– Une responsable politique régionale très claire sur le sujet
Et franchement, elle n’a pas tort. En heure de pointe, la moitié des voyageurs sont des femmes : il faudrait réserver la moitié du train ? Absurde. En heure creuse, ça reviendrait à indiquer aux prédateurs exactement où trouver des victimes isolées. Sans parler du message désastreux : on ségrège au lieu d’éduquer et de sanctionner. Non, vraiment, cette solution sent la défaite à plein nez.
Les caméras intelligentes : déjà testées et approuvées
Pendant les Jeux olympiques, on a vu ce que ça donne en vrai. Des algorithmes qui repèrent un bagage abandonné, une intrusion, un mouvement de foule suspect ou une densité anormale. Résultat ? Sept alertes pertinentes en quelques semaines seulement. Et oui, la technologie a encore des progrès à faire sur certains points (les objets abandonnés, par exemple), mais elle fonctionne déjà mieux que ce qu’on imagine.
Le plus fort ? Ces caméras n’ont pas besoin de reconnaissance faciale. Elles analysent les postures, les gestes, les comportements. Une personne qui en poursuit une autre dans un couloir désert ? Alerte. Quelqu’un qui plaque une autre contre un mur ? Alerte immédiate. Le tout en respectant (pour l’instant) le cadre légal français, bien plus strict que dans d’autres pays.
- Détection de chute ou de malaise
- Repérage d’une course-poursuite
- Identification d’un comportement agressif
- Signalement d’un groupe qui encercle une personne
- Alerte en cas de densité anormale sur un quai désert
Et 88 % des sondés valident cette direction. Huit-huit pour cent. On a rarement des chiffres aussi nets sur un sujet aussi clivant.
Les autres mesures concrètes qui arrivent (enfin)
Parce qu’attendre la loi sur les caméras intelligentes, ça peut prendre du temps (trop de temps), la région ne reste pas les bras croisés. Voici ce qui se prépare :
- Recrutement de 200 agents supplémentaires pour la brigade régionale de sécurité d’ici 2027
- Déploiement massif de réservistes police et gendarmerie dans les gares
- Généralisation des « zones partagées » : ces espaces bien éclairés et vidéosurveillés près des bornes d’urgence où attendre ensemble quand le quai est vide
- Création de « lieux sûrs » : bars, pharmacies, commerces partenaires où trouver refuge en cas de menace
- Lancement d’une application « Voyage Duo » pour ne plus jamais rentrer seule tard le soir
Cette dernière idée me plaît particulièrement. Un peu comme BlaBlaCar, mais pour les trajets du quotidien. Tu indiques ton itinéraire, ton horaire, et l’appli te met en relation avec d’autres personnes qui font le même trajet. Pas de solitude, pas de stress. Simple et humain.
Et l’éducation dans tout ça ?
On parle beaucoup de répression et de technologie (à juste titre), mais il y a aussi tout un pan prévention qui monte en puissance. Formations dans les lycées, les entreprises, les CFA : comment réagir face à une agression ? Que faire si on est témoin ? Comment alerter discrètement avec le 3117 ?
Parce que oui, la technologie c’est bien. Mais des voyageurs formés, solidaires, qui osent intervenir ou alerter, c’est encore mieux. J’ai vu des vidéos où une simple phrase collective (« Ça va pas ou quoi ? ») faisait fuir un agresseur. La meute protège.
Ce que ça dit de notre société
Au-delà des caméras et des applications, il y a une question qui flotte : pourquoi en est-on encore là en 2025 ? Pourquoi des femmes doivent-elles encore calculer leur trajet en fonction du niveau de risque ? Pourquoi un trajet banal peut tourner au cauchemar ?
Les caméras intelligentes ne résoudront pas tout. Elles ne remplaceront jamais l’éducation, le respect, la civilité. Mais elles peuvent déjà faire changer la peur de camp, comme on dit. Faire comprendre à ceux qui agressent que le réseau est surveillé, que leur geste sera détecté, que les forces de l’ordre arriveront vite.
Et ça, c’est déjà énorme.
Vers un réseau vraiment sûr : ce qu’il reste à faire
On a les technologies. On a la volonté politique (au moins régionale). On a l’adhésion massive des usagers. Il manque encore le cadre légal national pour déployer à grande échelle les caméras intelligentes sans risquer la censure du Conseil constitutionnel ou de la CNIL.
Mais quand on voit la vitesse à laquelle les choses ont bougé pour les JO, on peut être optimiste. Ce qui était expérimental il y a quelques mois pourrait devenir la norme d’ici deux ou trois ans. Et là, voyager tard le soir ne sera plus une prise de risque calculée, mais juste… un trajet normal.
En attendant, chaque petit pas compte : une zone partagée en plus, un agent de sécurité supplémentaire, une appli qui met en relation deux personnes sur le même chemin. C’est comme ça qu’on reconstruit la confiance, petit à petit.
Et vous, vous vous sentez en sécurité dans les transports franciliens ? Qu’est-ce qui vous rassurerait vraiment ? Les caméras ? Plus d’agents ? L’appli de covoiturage nocturne ? Dites-le moi en commentaire, ça m’intéresse vraiment.
(Article mis à jour le 9 décembre 2025 – environ 3200 mots)
