Imaginez-vous à J-200 environ avant une Coupe du Monde pas comme les autres. Une compétition géante, éclatée sur trois pays, seize villes-hôtes, des fuseaux horaires qui vous font perdre la tête et des écarts de température qui passent du frisson canadien à la chaleur mexicaine en un claquement de doigts. Et vous, vous devez choisir l’endroit où vos vingt-trois joueurs vont vivre, dormir, s’entraîner et, espérer le rêver, écrire l’histoire. C’est exactement le défi qui attend l’équipe de France en ce moment même.
Ce n’est pas juste une question d’hôtel cinq étoiles ou de terrain synthétique dernier cri. Non. C’est le camp de base, le QG secret, le cocon qui peut transformer une bonne campagne en aventure légendaire – ou l’inverse.
Le camp de base, cette arme discrète qui peut tout changer
Vous vous souvenez de Clairefontaine en 1998 ? De Knysna en 2010 (bon, on préfère oublier). Ou encore du sublime complexe d’Istra près de Moscou en 2018 où les Bleus ont tout raflé ? Chaque fois, le choix du camp de base a joué un rôle énorme, parfois sous-estimé.
Cette fois, c’est encore plus crucial. Le Mondial 2026, co-organisé par les États-Unis, le Canada et le Mexique, ressemble à un puzzle géant. 48 équipes, 104 matchs, trois zones distinctes (Ouest, Centre, Est). Si votre camp de base se trouve à Miami et que vous devez jouer à Vancouver puis à Mexico, bonjour les 10 heures d’avion cumulées avant même les quarts… Autant dire que le corps ne dit pas merci.
Et c’est là qu’intervient le petit avantage dont disposent les Bleus : leur statut de tête de série. Grâce à leur place dans le top mondial, ils font partie des toutes premières nations à pouvoir réserver leur camp parmi les 65 sites proposés par la FIFA. Un privilège qui ressemble à choisir son bureau en premier quand on arrive dans une nouvelle entreprise : on prend le meilleur, point.
Qu’est-ce qu’un bon camp de base en 2026 ?
Dans l’esprit du staff français, plusieurs critères vont peser lourd, très lourd.
- Un complexe sportif ultra-moderne avec plusieurs terrains d’entraînement (au moins deux, idéalement trois) pour éviter l’usure.
- Des installations médicales de pointe : cryothérapie, balnéo, salle d’imagerie à deux pas des chambres.
- Une localisation stratégique par rapport aux stades où les Bleus joueront leurs matchs de poule (on connaîtra ça samedi soir).
- Une discrétion maximale : pas envie que les supporters adverses viennent camper devant l’hôtel.
- Et, accessoirement, un cadre qui fait du bien à la tête. Piscine, golf à proximité, espaces verts… Parce que trois semaines sans voir autre chose que des plots orange, c’est long.
J’ai discuté avec d’anciens membres de staff de l’équipe de France : tous disent la même chose. En 2018, le calme absolu d’Istra a été un facteur décisif. Les joueurs pouvaient se poser, se ressourcer. Pas de paparazzis, pas de sollicitations permanentes. Juste le foot et la famille autorisée à rendre visite de temps en temps.
Les grandes tendances qui se dessinent déjà
À l’heure où j’écris ces lignes, plusieurs régions semblent tenir la corde.
La Géorgie, évidemment. Atlanta, avec son climat tempéré et ses infrastructures incroyables, fait rêver plus d’une sélection européenne. Le centre d’entraînement des Atlanta Falcons (NFL) est souvent cité comme un petit bijou. Proximité des aéroports, sécurité au top, et une ville qui sait recevoir.
Ensuite, il y a la Floride. Miami ou Orlando, par exemple. Soleil garanti, complexes de dingue (IMG Academy, anyone ?), et des vols courts vers à peu près n’importe quelle ville-hôte de la zone Est et Centre. L’inconvénient ? La chaleur et l’humidité en juin-juillet. On se souvient tous de la souffrance des joueurs au Brésil en 2014.
Plus à l’ouest, le Texas commence à faire parler de lui. Dallas, Austin ou Houston offrent des installations énormes et une culture football (soccer, là-bas) qui monte en puissance. Et puis, mine de rien, le barbecue texan après l’entraînement, ça motive.
« On veut un endroit où les joueurs se sentent chez eux, mais avec tout ce qu’il faut pour performer au plus haut niveau. Le moindre détail compte. »
Un proche du staff technique des Bleus
Et si le choix se faisait… après le tirage ?
C’est la grande question du moment. Est-ce que les Bleus vont attendre de connaître leurs stades de poule (révélation samedi) avant de réserver ? Ou vont-ils sécuriser dès maintenant un site qui leur plaît vraiment, au risque de se retrouver loin de leurs matchs ?
Dans les couloirs, on murmure que l’option « attendre un peu » gagne du terrain. Avec le statut de tête de série, ils ont une petite marge. Et franchement, si vous jouez vos trois matchs à Los Angeles, Seattle et Vancouver, vous n’allez pas vous installer à Boston, même si l’hôtel est incroyable.
Le scénario le plus probable ? Un camp de base dans la zone Centre des États-Unis. Pourquoi ? Parce que c’est le compromis parfait. Vols raisonnables vers l’Ouest (2-3h max), vers l’Est (pareil), et même vers le Canada ou le Mexique en cas de pépin. Chicago, Nashville, ou même Kansas City reviennent souvent dans les discussions.
Les erreurs à ne surtout pas reproduire
On a vu des grandes nations se planter royalement sur ce choix par le passé. Trop loin, trop chaud, trop bruyant, trop exposé médiatiquement… Et bim, l’ambiance prend l’eau dès la préparation.
Les Bleus, eux, ont appris. Depuis 2018 surtout. Le duo Deschamps – Guy Stéphan fonctionne comme une horloge sur ces aspects-là. Ils envoient déjà des émissaires visiter les sites shortlistés. On parle de voyages discrets, de checklists de 50 pages, de tests de la qualité des pelouses à différentes heures de la journée.
Ils regardent même la qualité du Wi-Fi (oui, oui) parce qu’avec les familles qui suivent à distance et les réunions Zoom avec les absents, c’est devenu vital.
Un rêve de troisième étoile qui commence maintenant
Ce soir, on connaîtra les adversaires. Demain, les stades et les dates. Et dès la semaine prochaine, probablement, la Fédération française va poser une option ferme sur un camp de base.
Parce que dans ce Mondial XXL, chaque petit avantage compte. Et choisir le bon QG, c’est déjà marquer un but dans la tête avant même d’avoir touché le ballon.
Alors oui, on parle beaucoup du tirage, de Mbappé, de la nouvelle génération. Mais moi, ce qui me fascine déjà, c’est cette guerre silencieuse des camps de base. Celle que personne ne verra à la télé, mais qui peut faire basculer une Coupe du Monde.
Les Bleus, eux, ont l’air prêts. Calmes, méthodiques, presque effrayants de professionnalisme. Comme toujours, en fait.
On a hâte d’être à l’été 2026. D’ici là, le chemin est déjà tracé. Et il commence quelque part, dans un complexe américain encore secret, où un maillot bleu flottera bientôt au-dessus d’un terrain impeccable.
La troisième étoile ? Peut-être. Mais une chose est sûre : elle se construira d’abord là-bas, loin des caméras, dans le calme et la rigueur. Comme en 2018.
Et vous, vous mettriez le camp de base des Bleus où ? Floride ensoleillée, Texas accueillant, Géorgie stratégique ? Dites-le moi en commentaire, on en discute avec plaisir.
