Imaginez un peu la scène : vous êtes champion en titre, vous avez soulevé le trophée à domicile il y a à peine deux ans, et voilà que votre sélectionneur décide de tout chambouler pour défendre ce précieux bien au Maroc. C’est exactement ce qui se passe en ce moment avec les Éléphants de Côte d’Ivoire. La liste pour la CAN 2025 vient de tomber, et franchement, elle réserve son lot de surprises qui font déjà jaser les passionnés.
Je me souviens encore de l’euphorie de 2023, quand la Côte d’Ivoire a conquis son propre public. Aujourd’hui, l’objectif est clair : tenter le doublé, chose rare dans l’histoire de cette compétition. Et pour y arriver, le sélectionneur a choisi de faire des paris audacieux. Certains diront courageux, d’autres peut-être risqués. Mais une chose est sûre, cette sélection ne laisse personne indifférent.
Les grands retours et les absences qui font parler
Le nom qui saute aux yeux dès le premier regard sur la liste, c’est évidemment celui de Wilfried Zaha. Deux ans d’absence en sélection, et le voilà de retour comme si de rien n’était. L’ancien ailier de Crystal Palace, passé par Lyon et désormais au Charlotte FC en MLS, apporte une expérience et une classe technique indiscutables. Son retour, c’est un peu comme retrouver une vieille arme secrète au fond du placard juste avant la bataille.
À l’opposé, l’absence qui choque le plus est sans doute celle de Nicolas Pépé. Indiscutable lors des dernières grandes compétitions, l’ailier semblait pourtant avoir sa place assurée. Mais non, le sélectionneur a tranché. Et puis il y a Simon Adingra, autre talent en pleine ascension, qui reste à quai. Sans oublier Wilfried Singo, écarté pour cause de blessure à la cuisse. Ces choix montrent une volonté claire de renouveler l’effectif tout en misant sur des profils spécifiques.
On peut se poser la question : est-ce le bon moment pour écarter des joueurs expérimentés ? D’un côté, la concurrence est rude en attaque. De l’autre, l’expérience des grands rendez-vous compte énormément dans une compétition aussi intense que la CAN.
Les gardiens : une hiérarchie qui semble claire
Commençons par les cages, un poste où la stabilité est souvent synonyme de succès. Yahia Fofana, solide avec son club turc, apparaît comme le titulaire logique après ses performances récentes. Derrière lui, Mohamed Koné et Alban Lafont complètent le trio. Trois profils différents, mais une concurrence saine qui pousse chacun à donner le meilleur.
Lafont, notamment, apporte une touche d’expérience européenne avec son passage dans des clubs prestigieux. C’est le genre de détail qui peut faire la différence lors des matchs à enjeux, quand il faut savoir gérer la pression.
La défense : entre piliers confirmés et nouvelles têtes
En défense, on retrouve des noms qui rassurent. Odilon Kossounou, Evan Ndicka, Ousmane Diomandé : voilà le socle sur lequel repose l’arrière-garde ivoirienne. Ces joueurs évoluent dans de grands championnats et apportent une solidité précieuse. Emmanuel Agbadou et Willy Boly complètent le tableau avec leur expérience.
Quelques jeunes pousses comme Guela Doué ou Armel Zohouri viennent injecter du sang neuf. C’est un mélange intéressant entre maturité et fraîcheur physique. Dans une compétition où les matchs s’enchaînent rapidement, cette profondeur de banc pourrait s’avérer décisive.
- Emmanuel Agbadou (Wolverhampton)
- Willy Boly (Nottingham Forest)
- Ousmane Diomandé (Sporting Portugal)
- Guela Doué (Strasbourg)
- Ghislain Konan (Gil Vicente)
- Odilon Kossounou (Atalanta)
- Evan Ndicka (AS Rome)
- Christopher Operi (Basaksehir)
- Armel Zohouri (FC Iberia 1999)
Ce groupe défensif semble équilibré, avec des profils capables de jouer haut ou de tenir face à des attaques rapides. L’absence de Singo, habituel titulaire, oblige cependant à quelques ajustements.
Le milieu de terrain : puissance et technique au rendez-vous
Au milieu, c’est du lourd. Franck Kessié reste le patron incontesté, celui qui dicte le tempo et récupère les ballons avec une autorité impressionnante. À ses côtés, Ibrahim Sangaré apporte sa puissance physique, tandis que Seko Fofana peut faire parler sa qualité technique.
Jean-Michaël Seri effectue lui aussi un retour remarqué après une année d’absence. Son intelligence de jeu et sa vision pourraient être des atouts majeurs dans les moments compliqués. Jean-Philippe Gbamin, toujours en quête de régularité, complète ce secteur avec son expérience.
Le milieu de terrain est souvent le cœur battant d’une grande équipe. Ici, la Côte d’Ivoire semble avoir trouvé un bel équilibre entre récupération et création.
Christ Inao Oulaï, moins connu du grand public, représente la touche de nouveauté. C’est le genre de joueur qui peut surprendre les adversaires par sa fraîcheur et son envie.
L’attaque : Zaha en fer de lance d’un groupe renouvelé
Et puis il y a l’attaque, le secteur qui fait le plus parler. Le retour de Zaha change complètement la donne. Avec sa capacité à déstabiliser n’importe quelle défense, il apporte une menace permanente sur les ailes. Amad Diallo, en pleine progression à Manchester United, complète parfaitement ce profil.
Sébastien Haller, malgré une période compliquée sur le plan personnel et sportif ces dernières années, reste une référence au poste d’avant-centre. Sa présence dans la surface peut faire basculer un match à elle seule. Vakoun Bayo, Oumar Diakité ou Jean-Philippe Krasso viennent apporter des solutions alternatives.
Yan Diomandé et Bazoumana Touré incarnent la nouvelle génération. Des profils explosifs, capables de faire la différence par leur vitesse et leur audace. C’est un pari sur l’avenir tout en gardant des joueurs d’expérience.
- Vakoun Bayo (Udinese)
- Oumar Diakité (Cercle Bruges)
- Amad Diallo (Manchester United)
- Yan Diomandé (RB Leipzig)
- Sébastien Haller (FC Utrecht)
- Jean-Philippe Krasso (Paris FC)
- Bazoumana Touré (Hoffenheim)
- Wilfried Zaha (Charlotte FC)
L’absence de Pépé et Adingra libère de la place pour ces profils. Un choix stratégique qui mise sur la complémentarité plutôt que sur l’accumulation de talents similaires.
Les réservistes : une sécurité bienvenue
En cas de blessure ou de méforme, deux noms sont en standby : Evann Guessand et Parfait Guiagon. Deux jeunes talents qui pourraient être appelés à la rescousse. C’est une précaution intelligente dans une compétition où les imprévus sont nombreux.
Guessand, notamment, impressionne par sa régularité en club. Sa présence en réserve montre que le sélectionneur garde un œil attentif sur la nouvelle génération.
Les enjeux d’un doublé historique au Maroc
Organisée au Maroc, cette CAN 2025 s’annonce particulièrement relevée. Le pays hôte, avec ses joueurs stars, sera un adversaire redoutable. Mais la Côte d’Ivoire a prouvé par le passé qu’elle savait se sublimer dans les grands moments.
Le parcours victorieux de 2023, avec ses rebondissements incroyables, reste dans toutes les mémoires. Aujourd’hui, l’équipe a changé, mûri. Elle n’arrive plus en outsider, mais en championne à défendre. Cette pression supplémentaire pourrait être un moteur ou un frein.
Personnellement, je trouve que ces choix reflètent une vraie vision à long terme. Oui, écarter Pépé fait mal au cœur pour beaucoup de supporters. Mais intégrer Zaha et miser sur des jeunes comme Diallo ou Diomandé, c’est préparer l’avenir tout en restant compétitif immédiatement.
Pourquoi ces choix peuvent payer
Regardons les choses en face : la CAN n’est pas un long championnat tranquille. C’est une compétition courte, intense, où l’alchimie du groupe compte autant que le talent individuel. En misant sur des joueurs motivés par un retour ou une première sélection, le sélectionneur crée une dynamique particulière.
Zaha, par exemple, a tout à prouver après ses années d’absence. Haller veut retrouver son meilleur niveau. Les jeunes veulent exploser sur la scène continentale. Tout cela peut créer une émulation positive.
Et puis, il y a cette histoire de complémentarité. Trop de profils similaires tuent parfois l’efficacité. En diversifiant les options offensives, la Côte d’Ivoire se donne plus de cordes à son arc face aux différentes défenses qu’elle rencontrera.
Les risques d’une telle révolution
Mais soyons honnêtes, il y a aussi des risques. L’expérience de Pépé dans les grands matchs aurait pu stabiliser l’équipe dans les moments chauds. Adingra apportait une fraîcheur physique qui peut manquer sur la durée du tournoi.
La blessure de Singo affaiblit également la défense sur le côté droit. Il faudra que les remplaçants soient rapidement opérationnels. Dans une compétition où chaque match est une finale, la moindre défaillance peut coûter cher.
Le temps de préparation sera crucial. Les joueurs évoluent dans des championnats différents, avec des rythmes variés. Trouver les automatismes rapidement sera la clé.
Un mot sur le sélectionneur Émerse Faé
On ne peut pas parler de cette liste sans saluer le travail d’Émerse Faé. Arrivé en cours de route lors de la dernière CAN, il a su transformer une équipe en difficulté en championne. Sa légitimité n’est plus à prouver.
Aujourd’hui, il prend des décisions fortes, assumées. C’est le propre des grands entraîneurs : savoir trancher, même quand c’est impopulaire. Son management basé sur la confiance et l’exigence semble porter ses fruits.
Ce qui est intéressant, c’est qu’il n’hésite pas à rappeler des joueurs expérimentés tout en intégrant la nouvelle vague. Un équilibre délicat, mais nécessaire pour une équipe qui veut durer.
Et maintenant, place à la compétition
Dans quelques semaines, les Éléphants fouleront les pelouses marocaines avec l’ambition de conserver leur couronne. Le chemin sera semé d’embûches, avec des adversaires revanchards et un public qui ne leur fera pas de cadeaux.
Mais cette sélection a du caractère. Elle mélange expérience, talent brut et envie de prouver. C’est souvent avec ce cocktail que naissent les grandes épopées.
Une chose est sûre : cette CAN 2025 s’annonce passionnante pour les supporters ivoiriens. Entre espoirs déçus et rêves de gloire, le football africain nous réserve encore de belles émotions. Et qui sait, peut-être un nouveau chapitre légendaire pour les Éléphants.
En attendant le coup d’envoi, une question demeure : ces choix audacieux porteront-ils leurs fruits ? Seul le terrain nous le dira. Mais une chose est certaine, la Côte d’Ivoire ne passera pas inaperçue.
