Imaginez un peu : une équipe qui n’a pas gagné un seul match en phase de poules, qui arrive en Coupe d’Afrique avec l’étiquette de petit poucet, et qui se retrouve soudain en huitièmes de finale. C’est exactement ce qui est arrivé à la Tanzanie ce mardi soir à Rabat. Franchement, quand on suit le football africain depuis des années, on sait que cette compétition réserve toujours son lot de surprises, mais là, on touche à quelque chose d’historique.
Le match contre la Tunisie s’annonçait comme une formalité pour les Aigles de Carthage. Et pourtant, les Taifa Stars ont tenu bon, arrachant un 1-1 qui vaut de l’or. Ce n’est pas seulement un point, c’est une qualification inédite pour la phase à élimination directe. Et le plus fou ? Ils vont affronter le Maroc, pays hôte et favori de la compétition. On en reparle dans quelques lignes, mais d’abord, revenons sur cette soirée pas comme les autres.
Un Exploit Qui Entre Dans l’Histoire du Football Tanzanien
Personne ne misait vraiment sur eux. La Tanzanie, c’est l’équipe qui fait plaisir à voir jouer, avec du cœur et de l’envie, mais qui peine souvent à concrétiser. Cette fois, le scénario était presque écrit d’avance : un nul suffisait, à condition que le Nigeria fasse son travail contre l’Ouganda. Et les Super Eagles ont tenu leur part du contrat avec un 3-1 tranquille.
Du coup, avec seulement deux points pris en trois matchs, les Taifa Stars terminent parmi les meilleurs troisièmes. C’est rare, très rare. D’habitude, il faut au moins une victoire pour passer. Là, non. Ils ont battu le système, ou plutôt, ils ont su profiter d’une poule particulièrement ouverte.
Ce qui frappe, c’est la résilience. Battus de justesse par le Nigeria en ouverture (2-1), accrochés par l’Ouganda (1-1), ils arrivent face à la Tunisie sans complexe. Et ils égalisent dès le début de la seconde période grâce à une frappe magnifique de Feisal Salum. Ce but, c’est tout un symbole : précis, puissant, venu d’un joueur qui porte littéralement son équipe sur ses épaules.
Ce genre de performance rappelle que dans le football, le cœur et la solidarité peuvent parfois compenser un déficit technique.
Feisal Salum, le Héros d’une Nation
Parlons-en justement de ce milieu de 27 ans. Feisal Salum, c’est le joueur qui a changé la donne. Sa frappe à l’entrée de la surface, juste après la pause, a fait exploser le banc tanzanien. Un tir sec, bien placé, qui laisse le gardien tunisien sans réaction. À ce moment-là, on sent que quelque chose de grand est en train de se produire.
Salum n’est pas une star mondiale, loin de là. Il évolue dans le championnat local, mais il incarne parfaitement l’esprit de cette sélection : collectif, généreux, prêt à tout donner. Son but n’est pas seulement beau, il est décisif. Il permet à son équipe de croire jusqu’au bout à cet exploit qui semblait impossible il y a encore quelques semaines.
Et puis il y a cette image : Dickson Job, complètement fou de joie à la fin du match. Ces moments-là, c’est pour ça qu’on aime le football. Des joueurs qui réalisent un rêve collectif, devant des supporters qui n’osent pas y croire.
La Tunisie, Entre Qualification et Déception
De l’autre côté, l’ambiance était bien différente. Les Aigles de Carthage se qualifient aussi, bien sûr, mais à quel prix ? Ils terminent deuxièmes de la poule, derrière le Nigeria, et le jeu produit face à la Tanzanie était loin d’être convaincant. Beaucoup de passes latérales, peu de risques, comme paralysés par l’enjeu.
Pourtant, tout avait bien commencé. Ismaël Gharbi, le jeune milieu formé dans un grand club européen, a montré pourquoi on parle tant de lui. Il transforme calmement un pénalty juste avant la mi-temps et touche même la barre en première période. Il a été quasiment le seul à proposer quelque chose offensivement.
Mais le reste de l’équipe ? Trop timide, trop prévisible. Les supporters tunisiens présents en nombre à Rabat n’ont pas hésité à siffler à la fin du match. C’est dur, mais compréhensible : quand on a l’habitude de voir son équipe dominer, un tel manque d’allant déçoit.
- Ouvrir le score sur pénalty → avantage psychologique
- Se faire rejoindre rapidement en seconde période → perte de confiance
- Ne jamais réussir à reprendre l’avantage → frustration générale
C’est le résumé d’une soirée en demi-teinte pour une sélection qui a pourtant du talent. Maintenant, direction les huitièmes et un duel face au Mali. Pas forcément l’adversaire le plus effrayant sur le papier, mais il faudra montrer autre chose.
Le Contexte de la Poule C : Une Lutte Acharnée
Pour bien comprendre cet exploit, il faut replonger dans le déroulé de la poule C. Le Nigeria a dominé, c’est clair. Trois victoires, un jeu fluide porté par des stars comme Victor Osimhen. La Tunisie, deuxième, a alterné le bon et le moins bon. L’Ouganda a accroché des nuls précieux. Et la Tanzanie, discrète mais solide, a su prendre des points là où d’autres auraient craqué.
Ce qui est intéressant, c’est que cette poule illustre parfaitement la nouvelle formule de la CAN : avec quatre meilleurs troisièmes qualifiés, même les “petits” ont leur chance. La Tanzanie en est la preuve vivante. Elle devance des nations comme l’Angola ou les Comores dans ce classement particulier.
| Équipe | Points | Différence de buts | Statut |
| Nigeria | 9 | +5 | 1er, qualifié |
| Tunisie | 4 | +1 | 2e, qualifié |
| Tanzanie | 2 | -1 | Meilleur 3e, qualifié |
| Ouganda | 2 | -5 | Éliminé |
Un tableau qui en dit long. Deux points suffisent parfois quand la concurrence est serrée et que la différence de buts joue en votre faveur.
Prochain Défi : Le Maroc, Pays Hôte et Favori
Maintenant, place aux choses sérieuses. Le 4 janvier à Rabat, la Tanzanie affronte le Maroc. Sur le papier, c’est David contre Goliath. Les Lions de l’Atlas, portés par tout un pays, ont montré une solidité impressionnante en phase de poules. Leur défense est intraitable, leur milieu créatif, et leur attaque peut faire mal à tout moment.
Mais attention, le football africain nous a appris à ne jamais sous-estimer les surprises. La Tanzanie a déjà prouvé qu’elle pouvait embêter des équipes plus fortes. Si elle répète sa performance défensive et profite des contres, pourquoi pas créer un nouveau miracle ?
J’ai personnellement un faible pour ce genre d’histoires. Quand une sélection modeste pousse les favoris dans leurs retranchements, ça redonne tout son sel à la compétition. Le Maroc partira largement favori, mais il devra se méfier de cette envie tanzanienne qui ne calcule pas.
Ce Que Cet Exploit Dit du Football Africain Actuel
Au-delà du simple résultat, cette qualification pose une question intéressante : le fossé se réduit-il vraiment entre les “grandes” nations et les autres ? Ces dernières années, on a vu des équipes comme les Comores ou la Gambie briller. La Tanzanie s’inscrit dans cette dynamique.
Le développement du football dans les pays d’Afrique de l’Est progresse. Les infrastructures s’améliorent, les joueurs locaux gagnent en expérience, et les sélectionneurs étrangers apportent une nouvelle rigueur tactique. Miguel Gamondi, l’entraîneur argentin des Taifa Stars, a su instaurer une discipline qui paye aujourd’hui.
Et puis il y a cette génération de joueurs qui grandit avec l’ambition de faire mieux que leurs aînés. Feisal Salum, Dickson Job, et d’autres, représentent un renouveau. Ils n’ont plus peur des grands noms. Ils jouent libérés, avec cette fraîcheur qui peut parfois désarçonner les équipes plus rodées.
- Une solidarité défensive à toute épreuve
- Une capacité à saisir les opportunités sur coup de pied arrêté ou contre
- Une gestion intelligente des matchs quand le nul suffit
- Un état d’esprit conquérant malgré le statut d’outsider
Ce sont les ingrédients qui ont permis cet exploit. Et qui pourraient, qui sait, en inspirer d’autres dans les années à venir.
Les Enjeux des Huitièmes pour les Deux Équipes
Pour la Tanzanie, tout est bonus désormais. Jouer un huitième de finale, c’est déjà une victoire. Mais l’appétit vient en mangeant. Face au Maroc, l’objectif sera de ne pas prendre l’eau et, si possible, de rêver un peu plus grand.
Pour la Tunisie, c’est différent. Le match contre le Mali est abordable, mais la pression sera énorme après la prestation décevante contre la Tanzanie. Les supporters attendent une réaction, un sursaut d’orgueil. Le coach Sami Trabelsi sait qu’une élimination précoce serait mal vécue.
Quant au Mali, autre qualifié discret mais solide, il représente un adversaire équilibré pour les Aigles. Un match ouvert, où l’expérience tunisienne pourrait faire la différence si elle est enfin au rendez-vous.
En conclusion, cette soirée du 30 décembre 2025 restera gravée dans les mémoires tanzaniennes. Un simple match nul qui vaut une qualification historique. Le football, dans sa beauté parfois imprévisible, nous offre encore une fois une belle leçon d’humilité et de persévérance. Rendez-vous le 4 janvier pour voir si l’aventure des Taifa Stars peut continuer face aux Lions de l’Atlas. Personnellement, j’ai hâte de voir ça.
Et vous, pensez-vous que la Tanzanie peut créer une nouvelle surprise ? Le football africain n’a pas fini de nous émerveiller.
