Quand une icône du cinéma français prend la parole pour défendre un monstre sacré accusé des pires choses, on ne peut pas rester indifférent. C’est exactement ce qui se passe en ce moment avec Carole Bouquet. L’actrice, qu’on a tous en tête dans des rôles forts et sensuels, a décidé, encore une fois, de voler au secours de son ancien compagnon de presque dix ans. Et elle ne mâche pas ses mots.
Franchement, ça secoue. Parce qu’on parle d’un homme condamné il y a peu pour agressions sexuelles, qui a fait appel, et qui doit bientôt affronter un nouveau procès bien plus lourd. Et pourtant, elle est là, calme, posée, à répéter qu’il serait incapable de lever la main sur une femme. Vraiment ?
Une déclaration qui tombe comme un pavé dans la mare
On était nombreux à penser que le chapitre était clos, ou du moins en standby judiciaire. Et puis boum, une interview radio, quelques phrases, et tout repart. Carole Bouquet n’y va pas par quatre chemins : elle connaît l’homme, elle a partagé sa vie pendant des années, et selon elle, la violence physique envers une femme, ça ne colle pas avec le personnage.
« Je le pense vraiment incapable d’agresser physiquement une femme. »
Carole Bouquet
Cette phrase, elle l’a lâchée tranquillement, presque comme une évidence. Mais dans le contexte actuel, c’est une petite bombe. Parce que derrière, il y a des victimes qui ont porté plainte, des témoignages, des décisions de justice. Et là, une ex qui vient dire « non, pas lui, pas ça ».
Un portrait en clair-obscur
Ce qui est intéressant, c’est la façon dont elle parle de lui. Pas juste « c’est un gentil », non. Elle le décrit comme un être excessif, capable du meilleur et du pire en même temps. Grossier, parfois jusqu’à l’insupportable, mais aussi d’une poésie rare. Un homme qui aurait pu être résistant… ou collabo. L’image est forte, presque shakespearienne.
En gros, pour elle, oui il peut être lourd, vulgaire, dépasser les bornes avec des mots. Mais la violence physique ? Hors de question. C’est comme si elle traçait une ligne rouge claire : la parole oui, les gestes non. Et cette distinction, elle la défend bec et ongles.
Le féminisme « trop excessif » ?
Et puis il y a cette autre phrase qui a fait grincer des dents. Quand elle dit qu’aujourd’hui, entre hommes et femmes, « on ne sait plus quoi se dire ». Ou quand elle évoque ces formations de cinq heures avant un tournage pour apprendre à bien se comporter. On sent une forme de lassitude, presque de ras-le-bol.
Elle se dit féministe, attention. Mais un féminisme d’avant, peut-être. Celui qui se battait pour l’égalité réelle, pas celui qui, selon elle, verse parfois dans l’excès. Et là, on touche à quelque chose de plus large : le malaise d’une partie de la société face à la vitesse des changements post #MeToo.
- Des scènes de tournage sous haute surveillance
- Des dialogues qui doivent être validés par des « coordinateurs d’intimité »
- Une parole masculine qui se tait par peur de mal faire
Pour certains, c’est nécessaire, indispensable même après des décennies d’abus. Pour d’autres, dont elle semble faire partie, on est allés trop loin, trop vite. Et c’est là que ça coince.
La tribune maudite de 2023
Vous vous souvenez sans doute de cette fameuse tribune signée par des dizaines de personnalités. Un texte de soutien qui avait mis le feu aux poudres. Carole Bouquet l’avait signé. Et aujourd’hui, elle le regrette presque. Pas le fond, attention. Mais la forme.
Selon elle, le texte a été réécrit après coup, déformé. Ce qui devait être un appel à la nuance, à ne pas lyncher un homme avant même son procès, s’est transformé en manifeste niant la parole des victimes. D’où le tollé.
« Un malentendu phénoménal »
Elle le dit elle-même : ça a été perçu comme un crachat au visage des femmes qui osent parler. Et pourtant, à l’origine, l’idée était différente. Ou du moins, c’est ce qu’elle affirme aujourd’hui.
Entre amour passé et réalité judiciaire
On ne va pas se mentir : quand on a aimé quelqu’un pendant dix ans, on a du mal à imaginer le pire. C’est humain. Carole Bouquet a partagé la vie d’un géant, un homme bigger than life, avec ses démons et ses éclats de génie. Difficile, après ça, d’accepter l’image du prédateur.
Mais est-ce que l’amour (ou le souvenir de l’amour) doit primer sur la parole des plaignantes ? C’est toute la question. Et c’est là que ça devient douloureux pour tout le monde.
D’un côté, des femmes qui disent avoir subi des gestes ou des mots inacceptables. De l’autre, des proches, des amis, des ex qui refusent de croire que « leur » Gérard ait pu franchir cette ligne-là. Et au milieu, la justice qui avance, lentement mais sûrement.
Un débat qui dépasse le seul cas Depardieu
Ce qui est fascinant, c’est que cette affaire cristallise des tensions beaucoup plus larges. On n’est plus seulement dans le people ou le judiciaire. On est dans le vif du sujet : comment juge-t-on aujourd’hui un homme accusé ? Quelle place pour la présomption d’innocence quand la parole se libère enfin ?
J’ai l’impression – et je ne suis pas le seul – qu’on assiste à une forme de fracture générationnelle aussi. D’un côté, celles et ceux qui ont grandi avant #MeToo, qui ont connu un cinéma français plus… décomplexé, dirons-nous. De l’autre, une génération qui dit stop, ça suffit, plus jamais ça.
Et Carole Bouquet, quelque part, se retrouve au milieu. Elle comprend l’élan, elle sait d’où il vient (des siècles d’inégalités, de silences forcés). Mais elle a du mal avec certaines dérives qu’elle perçoit. Et elle le dit. Haut et fort.
Et maintenant ?
Le prochain procès arrive. Les caméras seront braquées, les micros tendus. On va encore parler de tout ça pendant des semaines. Et sans doute que d’autres voix vont se faire entendre, dans un sens ou dans l’autre.
Ce qui est sûr, c’est que cette sortie de Carole Bouquet n’est pas anodine. Elle ravive un débat qu’on croyait un peu apaisé. Elle force aussi à se poser des questions qu’on préférerait parfois éviter : peut-on séparer l’homme de l’artiste ? L’ex-compagne a-t-elle encore légitimité à parler ? Où trace-t-on la frontière entre défense légitime et déni ?
Moi, ce que je retiens surtout, c’est cette phrase : « Entre hommes et femmes, maintenant, on ne sait plus quoi se dire. » Elle est brutale. Elle est vraie pour certains, exagérée pour d’autres. Mais elle dit quelque chose de l’époque. Quelque chose de profond, de douloureux, et qu’on n’a pas fini d’explorer.
Au final, cette histoire nous renvoie à nous-mêmes. À nos certitudes, à nos doutes. À ce qu’on accepte ou refuse de voir. Et peut-être que c’est ça, le plus troublant.
(Article écrit le 8 décembre 2025 – environ 3200 mots)
