Vous regardez un match de rugby, l’écart est déjà abyssal, onze essais à zéro, plus qu’une minute à jouer… et là, bam. Un geste qui n’a rien à faire sur un terrain. Un pouce enfoncé dans l’œil d’un adversaire. Pas un accident, pas une bousculade maladroite : une fourchette volontaire. Hier à Cardiff, Eben Etzebeth a franchi la ligne rouge, et franchement, ça laisse tout le monde sonné.
Je suis resté scotché devant les ralentis. On a beau être habitué à la rudesse du rugby sud-africain, là c’est autre chose. C’est laid, c’est gratuit, et surtout, ça peut coûter extrêmement cher au double champion du monde.
Un geste qui choque la planète rugby
79e minute. Le tableau d’affichage affiche un impitoyable 73-0. Les Gallois sont à terre, littéralement et figurativement. Alex Mann, jeune troisième ligne de 22 ans, tente de gratter un ballon dans un ruck. Etzebeth arrive comme un bulldozer, le plaque au sol… et décide d’en rajouter une couche.
Le pouce droit du Springbok s’enfonce clairement dans l’orbite du Gallois. Pas une seconde, pas un demi-geste : plusieurs images montrent la pression maintenue. L’arbitre, qui a l’œil, sort immédiatement le carton rouge. Fin de match pour le colosse de 2,03 m et 123 kg.
« Completely unnecessary. Brain-less. »
– Réaction immédiate d’un journaliste sud-africain sur les réseaux
Et il n’est pas le seul à tomber des nues. En quelques minutes, la vidéo fait le tour du monde. Anciens joueurs, entraîneurs, supporters : personne ne comprend. Pourquoi risquer ça dans un match déjà plié à triple tour ?
Eben Etzebeth, le guerrier qui dérape
On ne présente plus le bonhomme. À 34 ans, Etzebeth c’est 127 sélections, deux Coupes du monde gagnées, une réputation de dur parmi les durs. Le genre de joueur que tu veux dans ton camp quand ça chauffe en fin de match.
Mais il traîne aussi un historique. Cartons jaunes à la pelle, quelques rouges dans sa carrière en club, des accusations de comportements limites hors terrain. Hier, il a franchi un cap que même ses plus fervents défenseurs ont du mal à justifier.
Ce n’est pas la première fois qu’il perd ses nerfs en fin de tournée. Souvenez-vous du match contre l’Irlande en 2023, ou encore certaines échauffourées en Super Rugby. Mais là, on parle d’un contact direct avec les yeux. Dans le rugby moderne, c’est l’équivalent d’un coup de poing en pleine figure.
Ce que dit le règlement World Rugby
Et là, ça devient sérieux. Très sérieux. Le règlement est clair comme de l’eau de roche sur les contacts avec la zone des yeux.
- Contact intentionnel avec les yeux ou la zone oculaire : entrée de gamme 12 semaines minimum
- Avec circonstances aggravantes (récidive, gravité, absence de remords…) : jusqu’à 52 semaines
- Cas extrême, « top end » avec aggravants multiples : jusqu’à 208 semaines, soit quatre ans
Oui, vous avez bien lu. Quatre ans. Pour vous donner une idée, c’est plus long que la suspension de Joe Marler pour son coup de coude célèbre, ou même certains cas de morsures. On est dans la catégorie des gestes qui peuvent mettre fin à une carrière internationale.
Et le dossier Etzebeth est chargé : antécédents disciplinaires, geste clairement visible, match déjà gagné, aucun signe de regret immédiat. Ça sent la sanction corsée.
Les précédents qui font peur
Pour mémoire, un joueur sud-africain avait déjà écopé de 52 semaines en 2019 pour un contact similaire. Un autre, en Premiership anglaise, avait pris 26 semaines pour une fourchette moins flagrante. Avec les images d’hier, limpides, on voit mal la commission rester en dessous de six mois.
Et si on ajoute le passé judiciaire d’Etzebeth (même si les affaires ont été classées), la commission peut décider de taper fort pour l’exemple. Le rugby sud-africain est sous les projecteurs permanents depuis quelques années. Un message clair pourrait être envoyé.
L’impact sur les Springboks
Perdre Etzebeth, même pour « seulement » six mois, ça fait mal. Très mal. Le gars est le patron de la deuxième ligne, le leader vocal, celui qui met les coups (légaux) qui font basculer les matches.
Derrière lui, RG Snyman est souvent blessé, Franco Mostert est solide mais moins intimidant, et les jeunes comme Salmaan Moerat ou Jean Kleyn manquent encore d’expérience au très haut niveau. Une suspension longue fragiliserait clairement le pack champion du monde pour le Rugby Championship 2026 et la tournée des Lions britanniques en 2029.
Et puis il y a l’image. Les Springboks se sont construits une réputation de guerriers fair-play, capables de dominer sans franchir la ligne. Ce geste, même isolé, abîme cette aura soigneusement entretenue.
Et maintenant ?
La commission de discipline se réunit en début de semaine. Etzebeth a le droit de se défendre, de plaider la perte de contrôle, la fatigue de fin de tournée, que sais-je. Mais les images parlent d’elles-mêmes.
Je vais être honnête : j’espère une sanction lourde. Pas par plaisir de voir un grand joueur à l’arrêt, mais parce que le rugby doit protéger ses joueurs. Un pouce dans l’œil, ça peut crever un œil. Point final.
Le rugby sud-africain a dominé 2025 de la tête et des épaules. Onze victoires en onze matches avant hier, record d’essais, titre mondial défendu avec la manière. Ce geste ne doit pas tout gâcher, mais il doit servir de leçon.
Parce qu’au-delà du score, au-delà de la victoire, il y a des limites qu’on n’a pas le droit de franchir. Jamais.
Et vous, vous en pensez quoi ? Sanction exemplaire ou circonstance atténuante ? Dites-le moi en commentaire, on en discute.
