Imaginez un peu la scène. Votre enfant ouvre son casier au collège, y glisse ses livres de maths et de français, et derrière ces parois métalliques toutes neuves, il y a l’histoire d’un homme ou d’une femme qui, un jour, a trébuché dans la vie et qui aujourd’hui, avec ses mains, tente de se relever. C’est exactement ce qui se passe en ce moment dans le Lot-et-Garonne.
Non, ce n’est pas une blague ni un scénario de série télé. C’est une réalité toute simple, presque banale dans sa logique, mais qui bouscule quand on y pense deux secondes.
Quand le département décide de faire confiance aux ateliers pénitentiaires
Tout a commencé avec une volonté assez classique : renouveler les vieux casiers des 24 collèges du département. Des casiers rouillés, abîmés, parfois dangereux avec leurs coins tranchants. Rien de bien original. Sauf que cette fois, la collectivité a choisi de passer commande… directement à l’atelier de métallerie du centre de détention voisin.
Le marché ? Entre 10 000 et 220 000 euros sur quatre ans. Pas une somme folle, mais suffisante pour faire tourner un atelier et donner du travail régulier à une dizaine de personnes détenues. Et surtout, pour créer quelque chose qui a du sens des deux côtés des murs.
Le travail en prison, un vieux sujet qui revient sur la table
On en parle depuis des décennies, mais soyons honnêtes : en France, à peine un détenu sur trois travaille réellement derrière les barreaux. Les raisons ? Elles sont nombreuses. Manque de commandes, peur des entreprises de s’associer à l’image de la prison, paperasse, concurrence déloyale supposée… Pourtant, depuis un décret de 2022, les collectivités peuvent réserver certains marchés publics aux ateliers pénitentiaires sans passer par les règles habituelles de mise en concurrence.
Avant le Lot-et-Garonne, seul un autre département avait osé franchir le pas. Deux en trois ans, c’est peu. Mais c’est déjà un début.
« On forme déjà des gens à la métallerie et à la soudure, des métiers qui recrutent partout. Là, ils auront une vraie commande, un vrai délai, un vrai client. C’est autre chose qu’un exercice scolaire. »
Une responsable de l’insertion en milieu carcéral
Des prix compétitifs, oui… mais pas du dumping
La vérité et les roses ont des épines.
