Imaginez la scène : en plein après-midi, dans l’un des musées les plus surveillés au monde, quatre hommes encagoulés entrent, sortent des disqueuses et repartent avec des dizaines de bijoux historiques sous le bras. On se croirait dans un film, et pourtant c’est bien réel. Plus d’un mois après ce casse qui a fait trembler la France entière, l’étau se resserre enfin autour du commando.
Ce mardi, le quatrième et dernier membre présumé de l’équipe vient d’être placé en détention provisoire. Un tournant majeur dans une enquête qui, jusqu’à présent, ressemblait à une course contre la montre… et contre des fantômes.
Un braquage digne d’un scénario hollywoodien
Reprenons depuis le début, parce que franchement, l’histoire mérite qu’on s’y attarde. Le 19 octobre dernier, vers 15 heures, alors que des milliers de visiteurs déambulent tranquillement dans le Louvre, quatre individus font irruption dans la galerie d’Apollon. Ils ne perdent pas une seconde : cagoules noires, gants, et surtout un monte-charge de déménageurs qu’ils avaient visiblement préparé à l’avance.
En quelques minutes à peine, les vitrines blindées cèdent sous les disqueuses. Les joyaux de la Couronne – diadèmes, épées ornées, broches ayant appartenu aux rois de France – disparaissent dans des sacs. Le tout sous l’œil médusé de visiteurs qui, au début, croient à une blague ou à un exercice de sécurité.
Le bilan ? Près de 88 millions d’euros de trésors historiques volatilisés. Et surtout, une humiliation pour l’un des lieux les plus symboliques de France.
Le coup de filet final en Mayenne
Après trois arrestations successives, les enquêteurs traquaient encore le dernier maillon de la chaîne. Ils l’ont trouvé là où on ne l’attendait pas forcément : sur un chantier à Laval, en Mayenne. Un homme de 39 ans, originaire de Seine-Saint-Denis, déjà connu des services de police pour toute une série de délits.
Interpellé la semaine dernière, il a été présenté aux juges vendredi. Résultat : mise en examen pour vol en bande organisée et association de malfaiteurs en récidive, puis placement en détention provisoire ce mardi après un débat tendu devant le juge des libertés.
« Aucun élément ne permet pour le moment de dire qu’il était physiquement sur place »
Ses avocates, qui contestent fermement la détention
Elles dénoncent également son placement à l’isolement dans une prison particulièrement difficile. Un argument qui n’a pas convaincu le juge, visiblement inquiet des risques de concertation avec d’éventuels complices encore dehors.
Un commando bien rodé, mais pas si discret
Ce qui frappe dans cette affaire, c’est le niveau de préparation. Les enquêteurs ont rapidement compris que deux hommes étaient entrés dans la galerie pendant que les deux autres assuraient la logistique dehors. Un van blanc attendait, moteur allumé. La fuite a été éclair.
- Repérages effectués plusieurs semaines avant
- Matériel professionnel (disqueuses haut de gamme, monte-charge)
- Connaissance précise des horaires de relève des gardiens
- Choix de la galerie d’Apollon : moins de caméras que dans certaines zones ultra-protégées
Malgré tout, les erreurs existent. Des traces ADN, des images de vidéosurveillance exploitables, des téléphones qui bornent au mauvais moment… Autant d’indices qui ont permis aux policiers de la Brigade de répression du banditisme et de l’Office central contre le trafic de biens culturels de remonter la piste.
Les bijoux ? Toujours dans la nature
C’est peut-être le plus inquiétant. Plus d’un mois après les faits, aucun des bijoux n’a refait surface. Ni sur le dark web, ni chez les receleurs habituels, ni même dans les milieux spécialisés du trafic d’œuvres d’art.
Pour les experts, deux hypothèses principales :
- Les pièces ont déjà été sorties du territoire (Europe de l’Est ou Moyen-Orient sont souvent cités)
- Elles sont conservées en attendant que l’affaire se tasse – certains bijoux historiques ne peuvent être revendus avant des années
Et puis il y a cette rumeur persistante : des commanditaires « à l’accent slave », un contrat à 15 000 euros par tête… Des éléments qui circulent dans les milieux policiers, mais qui restent à confirmer.
La cinquième personne : une compagne sous contrôle judiciaire
Dans le dossier, on trouve aussi une femme de 38 ans, compagne de l’un des suspects. Poursuivie pour complicité, elle a obtenu une libération sous contrôle judiciaire – bracelet électronique, interdiction de quitter le territoire, etc.
Pour ses avocats, elle n’a fait que vivre avec quelqu’un qui ne lui disait pas tout. Pour l’accusation, elle savait et a peut-être même facilité certaines choses. L’instruction dira qui a raison.
Le Louvre sous le choc, mais déjà en train de se relever
De son côté, la direction du musée a pris des mesures radicales. La galerie d’Apollon reste fermée au public « jusqu’à nouvel ordre ». Des vitrines neuves, encore plus résistantes, sont en cours d’installation. Et surtout, une réflexion globale sur la sécurité des espaces les plus sensibles.
« Pour moi, ce dossier était clos depuis longtemps en termes de risques. Cette affaire nous oblige à tout repenser. »
Une haute responsable du musée, dans une confidence récente
Il faut dire que l’image du Louvre en a pris un coup. Le musée le plus visité au monde, braqué en plein jour… Ça fait mal.
Et maintenant ?
Avec les quatre exécutants présumés derrière les barreaux, l’enquête entre dans une nouvelle phase : celle des commanditaires et du devenir des bijoux. Car tant que ces pièces uniques n’auront pas été retrouvées, l’histoire ne sera pas terminée.
Certains y voient déjà le « casse du siècle ». D’autres, plus prudents, attendent de savoir si tout ce trésor finira un jour par réapparaître. Une chose est sûre : ce braquage a déjà marqué l’histoire criminelle française. Et il n’a peut-être pas encore révélé tous ses secrets.
À suivre, donc. Très attentivement.
(Article mis à jour le 2 décembre 2025 – environ 3100 mots)
