Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se cache derrière ces chiens parfaitement sculptés qu’on voit dans les expositions canines ? Moi oui, souvent. Et puis un jour, j’ai croisé l’histoire d’Evane Hego. Vingt ans à peine, un sourire lumineux et déjà un titre de championne de France de toilettage en poche. Franchement, ça force le respect.
Quand on parle de toilettage, beaucoup imaginent juste un bain et une petite coupe. En réalité, dans le monde de la compétition, c’est un art à part entière, presque chirurgical, où chaque millimètre compte. Et Evane, elle est déjà dedans jusqu’au cou.
Une passion qui commence très tôt
Tout a démarré avec un stage de troisième. Classique, me direz-vous. Sauf qu’Evane n’a pas choisi la boulangerie du coin. Elle a poussé la porte d’un salon de toilettage à Pont-Audemer, dans l’Eure. Le patron l’a prise sous son aile. Quelques années plus tard, elle revenait pour sa première année d’apprentissage. Le virus était déjà là.
Depuis, elle partage sa vie entre les cours à la Maison familiale rurale de Mortagne-au-Perche (Orne) et son poste en alternance chez une toiletteuse expérimentée du Val-de-Marne. Une semaine de cours, trois de travail. Un rythme intense, mais elle adore ça.
« J’adore les concours. À Lyon, le niveau était fou. Au début j’étais un peu perdue, et puis d’un coup tout est revenu. Les gestes, la respiration… c’était magique. »
Evane Hego
Le 2 novembre dernier, elle décroche donc le titre de championne de France dans la catégorie Futur Pro. Autrement dit : les apprentis qui vont bientôt exploser le game. Et croyez-moi, elle n’a pas fini de nous surprendre.
Quand l’Europe impose ses règles strictes
L’une des choses qui m’a le plus marqué dans son récit, c’est cette différence de philosophie entre continents. Ici, en Europe, on est dans le conventionnel. Chaque race a son standard précis, validé par les instances internationales. Un caniche doit avoir telle forme de tête, telle longueur de jupe, telle courbe de queue. Point barre.
Du coup, selon la race, tu n’as pas le choix des armes :
- Pour certaines, ciseaux uniquement (le fameux scissoring qui demande des années de maîtrise)
- Pour d’autres, tondeuse + ciseaux
- Et pour les terriers à poil dur, uniquement l’épilation manuelle (stripping) – oui, on arrache le poil mort à la main ou au couteau de trimming
En Amérique ou en Asie, c’est une tout autre histoire. Là-bas, la créativité explose. Colorations flashy, motifs géométriques, volumes complètement fous. On appelle ça le creative grooming ou le style asiatique. Evane avoue être tentée, mais pour l’instant elle reste fidèle au classicisme européen. « C’est ma base, explique-t-elle. Une fois que tu maîtrises les standards, tu peux tout te permettre. »
Les chats, la nouvelle frontière du toilettage
Si le toilettage canin est déjà un univers à part, celui des chats reste encore confidentiel. Pourtant, Evane adore. Chez elle, en vallée de la Risle, deux félins l’attendent chaque week-end. Et elle les toilette depuis tout petits.
Son secret ? L’habitude dès le plus jeune âge.
- Dès 3 mois et les premiers vaccins, on commence doucement le bain
- Puis le séchage au souffle tiède (jamais brûlant !)
- Ensuite la brosse et les petits coups de ciseaux
- À 6-8 mois, ils acceptent déjà la table de toilettage sans stress
« C’est l’avenir du métier », assure-t-elle. Et elle a raison. De plus en plus de propriétaires veulent que leur chat soit aussi impeccable que leur chien. Surtout les races à poil long type Maine Coon ou Persan qui font des nœuds en deux secondes.
Objectif Ciseaux d’Or 2026
Maintenant que le titre national est dans la poche, la prochaine étape fait rêver : les Ciseaux d’Or à Toulouse, début février 2026. Un concours international ultra-prestige où les meilleurs toiletteurs du monde se retrouvent. Le niveau ? Stratosphérique.
Avec ses copines de formation, elles envisagent de se cotiser pour y aller en équipe. Parce que oui, dans ce métier, la solidarité joue à fond. On s’entraide, on se prête du matériel, on se donne des astuces en coulisses. C’est assez rare dans un milieu concurrentiel pour être souligné.
En parallèle, elle termine son brevet technique des métiers en juin 2026. L’épreuve technique portera sur un chat – pile dans ses cordes. Ensuite ? Ouvrir son propre salon, pourquoi pas dans l’Eure, ou continuer les concours à haut niveau. Peut-être même tenter le style asiatique un jour, qui sait.
Pourquoi ce métier séduit autant les jeunes
On entend souvent que les jeunes ne veulent plus faire de métiers manuels. Pourtant, le toilettage canin fait exception. Les centres de formation sont pleins. En Seine-et-Marne par exemple, on forme plus de toiletteurs que de fleuristes ! Incroyable, non ?
Les raisons sont simples :
- Contact permanent avec les animaux (le rêve de beaucoup)
- Créativité au quotidien
- Possibilité de concours et de reconnaissance rapide
- Salaire correct une fois expérimenté (surtout en région parisienne)
- Indépendance possible assez jeune avec un salon à son compte
Evane en est la preuve vivante. À 20 ans, elle a déjà un CV qui fait pâlir certains trentenaires.
Ce que j’ai retenu de son parcours
Au-delà des trophées, ce qui m’a touché, c’est cette détermination tranquille. Pas de frime, pas de discours tout fait. Juste une jeune femme passionnée qui bosse dur et qui sait où elle va. Dans un monde où on nous bassine avec la crise des vocations, des histoires comme la sienne font un bien fou.
Et puis, avouons-le : voir une gamine de 20 ans expliquer avec autant de précision les différences entre un trimming anglais et un trimming continental, ça impressionne. Elle parle de ses ciseaux comme un guitariste parle de sa Les Paul. C’est beau.
Alors oui, le toilettage, ce n’est pas seulement couper des poils. C’est sculpter des œuvres vivantes, respecter des siècles de standards de race, et parfois, juste parfois, laisser parler sa créativité. Evane Hego l’a compris très tôt.
Et quelque chose me dit qu’on n’a pas fini d’entendre parler d’elle. Peut-être aux prochains Ciseaux d’Or. Peut-être sur un podium mondial. En attendant, elle continue de rentrer chaque week-end dans l’Eure, entourée de ses chiens et de ses chats, les mains dans les poils et le sourire aux lèvres.
Comme quoi, les plus belles histoires commencent parfois par un simple stage de troisième.
Et vous, connaissiez-vous l’univers du toilettage de compétition ? Avez-vous déjà vu un chien toiletté en style asiatique ? Dites-moi tout en commentaire, je suis curieuse !
