Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’il se passe dans la tête d’un homme qui tombe à 60 km/h, se luxe l’épaule et se dit, trois mois plus tard, « tiens, si j’allais gagner le Grand Steeple » ? Moi oui. Et la réponse s’appelle Clément Lefebvre.
À 29 ans, ce garçon discret porte déjà sur les épaules le poids d’une carrière hors norme. Cravache d’or l’an passé, il aurait pu se reposer sur ses lauriers. Au lieu de ça, 2025 lui a réservé un scénario digne d’un film : blessure grave, retour express, victoire historique et, cerise sur le gâteau, une quatrième place au classement général qui le place encore dans la course au podium. Franchement, chapeau.
Clément Lefebvre, l’Homme qui Refuse de Tomber Deux Fois
Novembre 2024. Tout le monde se souvient de Gran Diose qui remporte le Prix La Haye Jousselin. Tout le monde… sauf Clément, contraint de regarder la course depuis son canapé, plâtré jusqu’au coude. Une chute bête, comme il y en a des dizaines chaque année dans l’obstacle. Sauf que celle-là aurait pu tout casser.
Retour en février 2025. Nouvelle gamelle, nouvelle luxation de l’épaule. Trois mois d’arrêt. Dans ce métier où chaque jour compte, c’est une éternité. Pourtant, lui fixe un objectif fou : être prêt pour la grande semaine d’Auteuil en mai.
« Je reviens de tellement loin que je n’en fais pas une obsession. »
Clément Lefebvre
Cette phrase, je l’ai relue dix fois. Elle résume tout. Pas de victimisation, pas de pleurnicherie. Juste une envie viscérale de remonter en selle.
Le Jour Où Tout a Basculé à Auteuil
18 mai 2025. Grand Steeple-Chase de Paris. Le Graal absolu de l’obstacle français. Bertrand Lestrade, titulaire habituel, déclare forfait à la dernière minute. On appelle Clément en urgence. Lui qui n’a repris la compétition que depuis quelques semaines.
Ce qui suit tient du miracle. Une course maîtrisée de bout en bout, un cheval en pleine possession de ses moyens, et ce saut final du Rail Ditch qui restera gravé dans toutes les mémoires. Victoire. La salle de presse entière debout. Moi, j’avais la gorge nouée devant mon écran.
Ce n’était pas juste une victoire de remplacement. C’était la preuve que parfois, le destin fait bien les choses.
Quatrième au Classement : Et s’il Allait Chercher le Bronze ?
Fin 2025, le voilà quatrième au classement de la Cravache d’or. Avec trois mois d’absence dans les jambes, c’est déjà énorme. Mais Clément ne veut pas s’arrêter là.
Quand on lui parle d’objectif podium, il hausse les épaules avec ce petit sourire en coin qui le caractérise :
« Tout va très vite dans notre métier, donc il faut éviter de faire des plans sur la comète. »
Traduction : il y croit, mais il ne le dira jamais trop fort. C’est tout lui.
Jockey le Jour, Entraîneur la Nuit
Ce que peu de gens savent, c’est que Clément porte aussi la casquette d’entraîneur. Oui, vous avez bien lu. Trois chevaux à l’écurie, des « petits niveaux » comme il dit avec tendresse, qui courent surtout en province entre mars et octobre.
Quatre victoires cette année en tant que metteur au point. Pas de quoi bouleverser la hiérarchie nationale, mais assez pour se rappeler pourquoi on aime ce sport.
- Ils lui permettent de rester actif les jours sans courses
- Ils lui rappellent le plaisir simple de voir un cheval progresser
- Ils lui offrent une forme de liberté rare dans ce métier ultra-formaté
Franchement, je trouve ça beau. Dans un monde où tout le monde court après les gros lots, lui prend le temps de savourer les petites victoires. C’est rare.
Apaniiwa à Cagnes-sur-Mer : Le Quinté de ce Lundi
Maintenant, cap sur ce lundi 8 décembre à Cagnes-sur-Mer. Apaniiwa, une jument qu’il connaît par cœur, sera sa monture dans le Quinté du jour. Terrain probablement souple, distance tenue, numéro correct dans les stalles… Tous les feux sont au vert.
Quand on lui demande ses chances, il reste fidèle à lui-même :
« Elle est en pleine forme, on va essayer de bien faire. »
Traduction bis : il va tout donner. Comme toujours.
Pourquoi Clément Lefebvre Mérite qu’on Parle de Lui
Parce qu’il incarne tout ce qu’on aime dans le sport de haut niveau :
- La résilience face à l’adversité
- L’humilité des vrais champions
- Le refus de se reposer sur ses acquis
- La passion qui transcende les classements
Dans un univers parfois gangréné par l’argent et les égos surdimensionnés, Clément fait figure d’ovni. Un ovni terriblement attachant.
Et quelque part, j’ai l’intime conviction que son histoire n’est pas terminée. Loin de là.
Moi, en tout cas, je serai devant mon écran lundi. Pas seulement pour le Quinté. Mais pour voir si le garçon à l’épaule cabossée va encore nous faire rêver.
Parce que dans les courses, comme dans la vie, les plus belles histoires sont souvent écrites par ceux qui refusent de tomber deux fois.
Et Clément Lefebvre, ça, il l’a bien compris.
