Vous arrive-t-il parfois de vous dire que votre voisin est un peu trop bruyant, qu’il gare mal sa voiture ou qu’il laisse traîner ses poubelles trop longtemps ? La plupart du temps, on râle intérieurement, on finit par discuter autour d’un café, ou au pire on passe par le syndic. Et puis il y a ces histoires qui nous rappellent brutalement que certains différends, même minuscules, peuvent basculer dans l’irréparable.
Ce lundi matin, à Colmar, un drame glaçant a justement débuté par une querelle de… garage en copropriété. Un homme de 88 ans a été placé en garde à vue pour tentative d’assassinat. Sa victime ? Son voisin de 59 ans, poignardé à plusieurs reprises dans le dos avec un impressionnant couteau de cuisine.
Quand une histoire de parking tourne au bain de sang
Imaginez la scène. Il est quatre heures du matin. On frappe violemment à votre porte. Une voix paniquée hurle que votre cave est en feu. Vous vous levez en sursaut, enfilez ce qui vous tombe sous la main, descendez les escaliers quatre à quatre. Et là, dans la pénombre du sous-sol, au lieu des flammes, c’est une lame de plus de quinze centimètres qui vous attend.
C’est exactement ce qui est arrivé à cet habitant de Colmar. L’octogénaire, qui n’avait pourtant jamais eu le moindre problème avec la justice, avait tout prévu : le mensonge pour faire sortir sa victime du lit, le trajet jusqu’à la cave, et l’arme blanche soigneusement choisie. Trois coups portés dans le dos. Profonds. Délibérés.
« Il admet avoir tendu un guet-apens à son voisin pour un motif manifestement futile »
– Communiqué des autorités judiciaires
Un mobile qui laisse tout le monde pantois
Alors pourquoi ? Pourquoi en arriver là à 88 ans ? La réponse tient en quelques mots : un garage que l’un des copropriétaires voulait vendre à la victime. L’octogénaire était convaincu que le vendeur « se faisait avoir » sur le prix. Rien de plus. Pas d’histoire d’héritage, pas de vengeance ancienne, pas d’alcool ni de folie furieuse. Juste l’idée fixe qu’on flouait quelqu’un… et qu’il fallait « faire mal » pour que justice soit rendue.
J’avoue que quand j’ai pris connaissance des premiers éléments, j’ai dû relire deux fois. On a tous connu des réunions de copropriété tendues, des débats sans fin sur les charges ou les travaux. Mais passer de « je trouve que le prix est trop bas » à « je vais te planter dans le dos à 4h du matin », il y a un gouffre que l’esprit peine à franchir.
Le déroulement précis du guet-apens
- Vers 4h du matin → l’octogénaire frappe chez son voisin et crie au feu dans la cave
- La victime descend immédiatement, suivi de son épouse inquiète
- Dans le sous-sol, l’agresseur attend, armé d’un grand couteau de cuisine
- Trois coups portés dans le dos, plaies de plusieurs centimètres de profondeur
- L’épouse tente de s’interposer → saisie aux avant-bras, blessures légères
- L’agresseur lui-même légèrement blessé dans la bagarre
Le pronostic vital du voisin de 59 ans n’a, fort heureusement, jamais été engagé. Mais les plaies sont sérieuses et l’onde de choc dans l’immeuble – et bien au-delà – est immense.
Un profil qui déconcerte les enquêteurs
Ce qui rend l’affaire encore plus troublante, c’est le profil du mis en cause. Pas d’antécédents. Aucun. Zéro passage devant un juge, zéro violence connue. Un retraité alsacien discret que personne n’imaginait capable d’un tel acte.
Un examen psychiatrique a été réalisé dans la journée. Résultat : son discernement n’était ni aboli, ni même altéré au moment des faits. Autrement dit : il savait parfaitement ce qu’il faisait. Il a d’ailleurs reconnu les coups portés, tout en niant vouloir tuer. « Je voulais juste lui faire mal », aurait-il déclaré.
Difficile de ne pas y voir une forme de rage froide, contenue peut-être pendant des mois, qui a fini par exploser de la pire des manières.
Les copropriétés, ces poudrières silencieuses
On sous-estime souvent à quel point vivre en immeuble peut générer des tensions. Un bruit de talon, une fuite d’eau mal réparée, un emplacement de parking disputé… Ce sont des petits riens qui, mal gérés, peuvent pourrir l’existence de tout le monde.
Dans certaines résidences, on parle même de « guerres de tranchées » : courriers recommandés, huissiers, menaces à peine voilées. Mais rarement on bascule dans la violence physique aussi extrême. Et surtout pas à 88 ans.
Cet événement tragique pose une question dérangeante : jusqu’où peut-on laisser monter la pression avant qu’un détail anodin ne devienne le déclencheur d’un drame ?
Que risque concrètement l’octogénaire ?
La qualification retenue – tentative d’assassinat – n’est pas anodine. Elle suppose une intention homicide, même si l’intéressé la conteste. En France, ce chef d’inculpation peut valoir la réclusion criminelle à perpétuité, même si l’âge et l’absence d’antécédents joueront forcément dans la balance.
La garde à vue peut être prolongée, une expertise psychiatrique complémentaire n’est pas exclue, et l’instruction risque de durer plusieurs mois. Entre temps, l’homme a été hospitalisé pour ses propres blessures légères.
Et maintenant ?
Dans l’immeuble, le choc est total. Certains habitants n’osent plus descendre à la cave seuls. D’autres se demandent s’ils ont déjà croisé l’agresseur dans l’escalier sans se douter de quoi il était capable. La copropriété, déjà marquée par cette histoire de garage, va mettre du temps à s’en remettre.
Cette affaire nous rappelle cruellement que derrière les conflits de voisinage les plus banals peuvent parfois se cacher des frustrations profondes, des rancœurs anciennes, ou simplement une perte de repères. Et que, parfois, le pire peut arriver quand on s’y attend le moins.
Prenez soin de vos voisins… ou au moins, essayez de ne pas leur donner de raisons de vous en vouloir pour un emplacement de parking. Parce que, comme on vient de le voir à Colmar, ça peut mal finir. Très mal finir.
(Article mis à jour le 8 décembre 2025 avec les dernières informations disponibles)
