Vous est-il déjà arrivé de devoir serrer les dents pour continuer votre journée malgré une douleur qui vous plombe ? Pour des milliers d’étudiantes en France, c’est une réalité mensuelle. Les règles douloureuses ne sont pas juste un inconfort passager : elles peuvent transformer une journée de cours en véritable calvaire. Pourtant, une petite révolution est en marche dans les universités françaises. Depuis 2023, une mesure discrète mais puissante fait son chemin : le congé menstruel. Une initiative qui pourrait bien changer la vie des étudiantes, tout en soulevant des questions sur l’égalité et la santé au cœur de l’enseignement supérieur.
J’ai toujours trouvé fascinant de voir comment des changements apparemment simples peuvent avoir un impact profond. Le congé menstruel, c’est exactement ça : une idée qui semble évidente une fois qu’elle est là, mais qui demande du courage pour être mise en place. Alors, qu’est-ce que c’est, comment ça fonctionne, et surtout, pourquoi ça compte ? Plongeons dans cette avancée qui redéfinit le bien-être étudiant.
Une Mesure Pionnière pour les Étudiantes
Le congé menstruel, c’est avant tout une réponse à un problème bien réel : les règles invalidantes. Pour certaines femmes, les menstruations ne se limitent pas à un léger désagrément. Douleurs abdominales, migraines, fatigue extrême… Ces symptômes peuvent rendre impossible la concentration en cours ou la participation à un examen. Et pourtant, jusqu’à récemment, ces étudiantes n’avaient souvent d’autre choix que de prendre sur elles ou de rater des cours, au risque de pénalités.
En 2023, une université française a décidé de briser ce tabou. En offrant aux étudiantes la possibilité de justifier des absences liées à leurs règles douloureuses, elle a ouvert la voie à une petite révolution. Aujourd’hui, une quinzaine d’établissements ont emboîté le pas, et le mouvement ne semble pas prêt de s’arrêter. Mais concrètement, qu’est-ce que ça change ?
Comment Fonctionne le Congé Menstruel ?
Le principe est simple, mais il fallait y penser. Les étudiantes souffrant de dysménorrhée (le terme médical pour désigner les règles douloureuses) peuvent demander des absences justifiées, généralement jusqu’à 20 jours par an. Pas besoin de courir chez le médecin pour un certificat : une déclaration sur l’honneur suffit dans la plupart des cas. Cette souplesse est essentielle, car elle évite d’ajouter une charge administrative à une situation déjà inconfortable.
« C’est un vrai soulagement. Avant, je devais expliquer à mes profs pourquoi je ratais un cours, et c’était gênant. Maintenant, je peux juste me reposer sans stress. »
– Une étudiante en psychologie, 22 ans
Ce système ne s’adresse pas à toutes les étudiantes, mais uniquement à celles dont les symptômes sont particulièrement handicapants. Et c’est là toute la force de la mesure : elle reconnaît que les règles ne sont pas une expérience universelle. Certaines femmes passent à travers sans problème, tandis que d’autres vivent un véritable enfer. En offrant cette flexibilité, les universités envoient un message clair : votre santé compte.
Pourquoi Cette Mesure Fait-elle Débat ?
Si l’idée semble séduisante, elle n’est pas sans soulever des questions. D’un côté, les défenseurs du congé menstruel y voient une avancée majeure pour l’égalité femmes-hommes. Après tout, pourquoi une étudiante devrait-elle être pénalisée pour une réalité biologique qu’elle n’a pas choisie ? De l’autre, certains s’inquiètent d’une possible stigmatisation. Et si cette mesure renforçait l’idée que les femmes sont « fragiles » ou « moins performantes » ?
Personnellement, je trouve ce débat un peu à côté de la plaque. L’objectif n’est pas de mettre les femmes dans une case, mais de leur donner les mêmes chances de réussir que leurs camarades. Imaginez : vous avez un partiel crucial, mais une douleur si intense que vous ne pouvez pas vous lever. Sans congé menstruel, vous êtes face à un choix impossible : rater l’examen ou souffrir en silence. Avec cette mesure, ce dilemme disparaît.
- Reconnaissance des règles invalidantes comme un problème de santé légitime.
- Réduction du stress pour les étudiantes concernées.
- Première étape vers une discussion plus ouverte sur la santé féminine.
Mais il y a un autre point qui fait grincer des dents : l’équité. Certains se demandent pourquoi seules les femmes auraient droit à ce type de congé. La réponse est simple : les hommes n’ont pas de menstruations. Cela dit, la question ouvre une réflexion plus large sur la prise en compte des problèmes de santé dans les études. Peut-être que le congé menstruel pourrait inspirer d’autres mesures, comme des absences justifiées pour des migraines chroniques ou des troubles anxieux. Qui sait ?
Un Impact Concret sur le Bien-Être Étudiant
Pour comprendre l’impact du congé menstruel, rien de mieux que d’écouter celles qui en bénéficient. Prenons l’exemple d’une étudiante en sciences sociales, qu’on appellera Clara. À 20 ans, elle souffre d’endométriose, une maladie qui rend ses règles insupportables. Avant la mise en place du congé, elle accumulait les absences non justifiées, ce qui lui valait des remarques de ses professeurs. Aujourd’hui, elle peut manquer un cours sans craindre de pénalités, et ça change tout.
« Je ne me sens plus coupable de prendre soin de moi. C’est comme si l’université me disait : ‘On te comprend, c’est OK.’ »
– Clara, étudiante en sciences sociales
Ce sentiment de légitimité est crucial. Les étudiantes ne veulent pas être vues comme des « tire-au-flanc ». Elles veulent juste pouvoir suivre leurs études dans des conditions équitables. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon des études récentes, environ 10 à 20 % des femmes en âge de procréer souffrent de dysménorrhée sévère. Pour ces étudiantes, le congé menstruel n’est pas un luxe, c’est une nécessité.
| Problème | Impact sans congé | Impact avec congé |
| Règles douloureuses | Absences injustifiées, stress | Absences justifiées, repos possible |
| Endométriose | Risques de décrochage scolaire | Meilleure gestion des études |
| Stigmatisation | Silence et isolement | Dialogue ouvert sur la santé |
Ce tableau montre bien pourquoi le congé menstruel est plus qu’une simple mesure administrative. Il s’agit d’un changement de paradigme, qui place la santé féminine au centre des préoccupations universitaires.
Un Pas vers l’Égalité ou un Risque de Stigmatisation ?
Si le congé menstruel est une victoire pour beaucoup, il n’échappe pas aux critiques. Certains y voient un risque de renforcer les stéréotypes de genre. En mettant l’accent sur une spécificité biologique féminine, ne risque-t-on pas de creuser l’écart entre hommes et femmes ? C’est une question légitime, mais elle mérite d’être nuancée.
Pour ma part, je pense que le vrai problème n’est pas la mesure en elle-même, mais le tabou qui entoure encore les menstruations. Parler openly des règles, c’est déjà un pas énorme. Dans une société où on préfère chuchoter sur le sujet, le congé menstruel force une conversation. Et ça, c’est une bonne chose. Les universités ne se contentent pas de donner des jours off : elles disent que la santé féminine n’est pas un sujet honteux.
- Briser le tabou autour des menstruations.
- Reconnaître les différences biologiques sans les stigmatiser.
- Encourager d’autres mesures inclusives pour tous les étudiants.
Cela dit, il faut rester vigilant. Si le congé menstruel est mal communiqué, il pourrait être perçu comme une « faveur » accordée aux femmes, plutôt qu’un droit. La clé, c’est l’éducation : expliquer pourquoi cette mesure existe, et comment elle s’inscrit dans une logique d’équité.
Et Ailleurs dans le Monde ?
La France n’est pas la première à explorer cette idée. Des pays comme le Japon, la Corée du Sud ou encore l’Indonésie ont déjà des dispositifs similaires, bien que souvent limités au monde du travail. Ce qui est intéressant, c’est que la France applique cette mesure dans le cadre universitaire, un environnement où la pression académique est déjà énorme. Et si on regarde plus loin, des villes comme Barcelone ont récemment introduit des congés menstruels pour leurs employées municipales. La tendance est claire : le bien-être féminin gagne du terrain.
Mais chaque pays adapte l’idée à sa sauce. Au Japon, par exemple, le congé menstruel existe depuis des décennies, mais il est rarement utilisé à cause de la pression sociale. En France, le défi sera de faire accepter cette mesure sans jugement. Et ça commence par les universités, où les mentalités sont souvent plus ouvertes.
« Les universités sont des laboratoires d’idées. Si elles adoptent le congé menstruel, ça pourrait inspirer d’autres secteurs. »
– Une sociologue spécialisée en genre
Les Défis à Venir
Le congé menstruel est une belle avancée, mais il reste du chemin. D’abord, toutes les universités ne l’ont pas encore adopté. Certaines hésitent, par peur des abus ou par manque de moyens pour gérer les absences. Ensuite, il faut s’assurer que les étudiantes se sentent à l’aise pour utiliser ce droit. Dans un monde idéal, demander un congé menstruel serait aussi simple que demander un jour pour une grippe.
Et puis, il y a la question du suivi médical. Si la déclaration sur l’honneur est pratique, elle ne remplace pas un diagnostic. Des maladies comme l’endométriose ou le syndrome des ovaires polykystiques sont souvent sous-diagnostiquées. Le congé menstruel pourrait être une porte d’entrée pour encourager les étudiantes à consulter. Après tout, reconnaître la douleur, c’est aussi reconnaître qu’elle peut cacher quelque chose de plus sérieux.
Un Avenir Plus Inclusif ?
En fin de compte, le congé menstruel n’est pas juste une question de jours d’absence. C’est une façon de repenser l’inclusion dans l’éducation. En prenant en compte les besoins spécifiques des étudiantes, les universités montrent qu’elles sont prêtes à évoluer. Et qui sait ? Peut-être que dans dix ans, on parlera de congés pour d’autres problématiques de santé, qu’elles soient physiques ou mentales.
Ce qui me frappe le plus, c’est l’espoir que cette mesure inspire. Les étudiantes ne demandent pas la lune : elles veulent juste pouvoir étudier sans avoir à choisir entre leur santé et leur réussite. Et si le congé menstruel peut leur offrir ça, alors il mérite qu’on s’y intéresse de près.
Alors, qu’en pensez-vous ? Le congé menstruel est-il une avancée nécessaire ou un pas de trop vers la différenciation ? Une chose est sûre : il ouvre la voie à des discussions essentielles sur la santé, l’égalité et le bien-être. Et dans un monde en constante évolution, c’est peut-être ça, le vrai progrès.
