Imaginez un marché vibrant, où les étals débordent de légumes colorés, où l’odeur de la terre fraîche se mêle aux conversations animées. Ce dimanche matin, au cœur de Coulommiers, une petite révolution se prépare. Pas de pancartes criardes ni de mégaphones assourdissants, mais une détermination palpable. Des agriculteurs, menés par une maraîchère bio, ont décidé de faire entendre leur voix contre une loi qui menace leur vision d’une agriculture durable. Leur cible ? Une proposition législative controversée, portée par des intérêts qui semblent bien éloignés des réalités du terrain. Ce combat, c’est celui des petits paysans face aux géants de l’agro-industrie, et il résonne bien au-delà des frontières de la Seine-et-Marne.
Quand les Agriculteurs Deviennent Militants
Le marché de Coulommiers, ce 29 juin 2025, n’était pas seulement un lieu d’échange de produits frais. Il s’est transformé en un espace de résistance. Une maraîchère bio de 45 ans, installée à Saint-Augustin, a pris la tête d’une action symbolique mais percutante : distribuer des tracts pour inciter les habitants à écrire à leur député. Leur objectif ? Convaincre ce dernier de voter contre la loi Duplomb, une législation perçue comme un frein à l’agriculture durable. Avec une vingtaine de camarades, elle a distribué pas moins de 400 tracts en une matinée. Un chiffre qui peut sembler modeste, mais qui témoigne d’une mobilisation ancrée dans le local, là où chaque voix compte.
Nous voulons une agriculture qui respecte la terre et les hommes, pas une loi qui favorise les gros exploitants au détriment des petits.
– Une maraîchère bio, porte-parole du mouvement
Ce n’est pas la première fois que les agriculteurs se mobilisent, mais cette action à Coulommiers a quelque chose de particulier. Elle incarne un ras-le-bol face à des politiques qui, selon eux, privilégient les grandes exploitations industrielles. J’ai toujours trouvé fascinant de voir comment des gens ordinaires, attachés à leur métier, peuvent se transformer en acteurs politiques quand ils sentent leurs valeurs menacées. C’est exactement ce qui se passe ici.
Pourquoi la Loi Duplomb Fait Débat
La loi Duplomb, au cœur de cette mobilisation, divise profondément le monde agricole. D’un côté, les défenseurs de la loi estiment qu’elle modernise le secteur en facilitant l’accès à des technologies et des financements pour les grandes exploitations. De l’autre, les petits paysans, comme ceux de la Confédération paysanne, y voient une menace pour leur modèle. Selon eux, cette législation pourrait accentuer les inégalités entre les gros exploitants et les petits producteurs, en favorisant une agriculture intensive au détriment des pratiques durables.
Pour mieux comprendre, j’ai creusé un peu. La loi propose des mesures comme des allégements fiscaux pour les exploitations dépassant une certaine taille, ou encore des subventions pour l’achat de matériel high-tech. Sur le papier, ça peut sembler séduisant. Mais pour une maraîchère bio qui cultive sur quelques hectares, ces mesures sont inaccessibles. Pire, elles risquent d’accélérer la concentration des terres agricoles entre les mains de quelques gros acteurs. Pas étonnant que les petits paysans se sentent laissés pour compte.
- Concentration des terres : La loi pourrait favoriser les grandes exploitations, réduisant l’accès des petits paysans aux terres agricoles.
- Impact écologique : Une agriculture intensive encouragée par la loi menace la biodiversité et les sols.
- Inégalités économiques : Les subventions proposées bénéficient principalement aux grandes structures, marginalisant les petits producteurs.
Une Mobilisation Ancrée dans le Local
Ce qui rend l’action de Coulommiers si intéressante, c’est son ancrage local. Les agriculteurs n’ont pas cherché à faire un coup d’éclat médiatique, mais à créer un dialogue direct avec les habitants. En distribuant des tracts, ils ont invité les citoyens à écrire à leur député, espérant que la pression populaire fasse pencher la balance. Cette stratégie, simple mais efficace, repose sur une conviction : un député, sensible à l’opinion de ses électeurs, peut changer de position.
Ce choix de cibler un député local n’est pas anodin. En Île-de-France, où l’urbanisation grignote les terres agricoles, les élus sont souvent tiraillés entre les intérêts économiques et les attentes des citoyens pour une agriculture plus verte. À Coulommiers, les agriculteurs ont parié sur cette sensibilité. Et franchement, je trouve ça malin. Plutôt que de s’épuiser dans des manifestations nationales, ils misent sur la proximité pour faire bouger les lignes.
Les citoyens ont un pouvoir immense s’ils se mobilisent. Un simple message peut faire réfléchir un député.
– Un militant agricole impliqué dans l’action
En discutant avec des passants sur le marché, les agriculteurs ont aussi pris le temps d’expliquer leur démarche. Ils ne se contentent pas de critiquer la loi ; ils proposent une alternative, celle d’une agriculture respectueuse de l’environnement et des hommes. Cette approche pédagogique est essentielle pour rallier les habitants à leur cause. Après tout, qui mieux qu’un maraîcher peut parler de l’importance de préserver les sols et de produire local ?
Le Rôle de la Confédération Paysanne
Derrière cette mobilisation, on retrouve la Confédération paysanne, un syndicat agricole connu pour défendre les petits producteurs et promouvoir une agriculture durable. Contrairement aux organisations qui représentent les grandes exploitations, ce syndicat met l’accent sur l’écologie et la justice sociale. À Coulommiers, plusieurs des militants présents sur le marché sont membres de ce mouvement, et leur engagement ne date pas d’hier.
Ce qui m’a frappé, c’est la diversité des profils parmi ces militants. On y trouve des maraîchers bio, des éleveurs en plein air, mais aussi des citoyens sensibles aux enjeux écologiques. Cette coalition hétéroclite donne du poids à leur message. En s’appuyant sur des valeurs partagées, comme la préservation de l’environnement et le soutien aux circuits courts, ils parviennent à toucher un public large.
| Aspect | Confédération paysanne | Grandes exploitations |
| Vision | Agriculture durable, circuits courts | Productivité, agriculture intensive |
| Priorité | Écologie, justice sociale | Rentabilité, compétitivité |
| Impact local | Soutien aux petits producteurs | Concentration des terres |
Ce tableau illustre bien les divergences entre ces deux visions de l’agriculture. D’un côté, une approche qui mise sur la durabilité et la proximité ; de l’autre, un modèle axé sur la performance économique. À Coulommiers, c’est clairement la première vision qui domine parmi les militants.
Un Enjeu Plus Large : l’Avenir de l’Agriculture
Si la mobilisation de Coulommiers se concentre sur la loi Duplomb, elle soulève des questions bien plus larges. Comment concilier productivité agricole et respect de l’environnement ? Comment garantir que les petits paysans, qui incarnent souvent une agriculture plus vertueuse, ne soient pas écrasés par les géants du secteur ? Ces interrogations ne concernent pas seulement la Seine-et-Marne, mais l’ensemble du monde agricole.
En me renseignant sur le sujet, j’ai découvert des chiffres qui donnent à réfléchir. En France, près de 20 % des exploitations agricoles ont disparu entre 2010 et 2020, selon des études récentes. La plupart de ces disparitions concernent des petites structures, souvent remplacées par des fermes industrielles. Ce constat rend l’action des agriculteurs de Coulommiers d’autant plus cruciale. Ils ne se battent pas seulement pour une loi, mais pour la survie de leur modèle.
- Préserver la diversité agricole : Soutenir les petites exploitations pour maintenir une agriculture variée.
- Protéger l’environnement : Promouvoir des pratiques durables pour préserver les sols et la biodiversité.
- Renforcer les circuits courts : Favoriser les marchés locaux pour réduire l’empreinte carbone.
Ces objectifs, portés par les militants de Coulommiers, résonnent avec les préoccupations de nombreux citoyens. Qui n’a jamais rêvé de consommer des produits locaux, cultivés dans le respect de la nature ? Pourtant, sans un soutien politique fort, ce modèle risque de rester une utopie.
Et Après ? Les Perspectives de la Mobilisation
La question qui se pose maintenant est simple : cette mobilisation aura-t-elle un impact ? Les agriculteurs de Coulommiers ont misé sur la pression citoyenne pour influencer le vote de leur député. Mais convaincre un élu, même sensible à l’opinion publique, n’est pas une mince affaire. D’autant que la loi Duplomb bénéficie du soutien de puissants lobbies agricoles.
Pourtant, il y a des raisons d’espérer. Ces dernières années, les préoccupations écologiques ont gagné du terrain dans le débat public. Les citoyens sont de plus en plus nombreux à exiger des politiques qui soutiennent une agriculture respectueuse de l’environnement. À Coulommiers, les agriculteurs l’ont bien compris : en impliquant les habitants, ils transforment leur combat en une cause collective.
Si les citoyens se mobilisent, les élus suivront. C’est une question de volonté politique.
– Un observateur du monde agricole
En attendant, les militants ne comptent pas s’arrêter là. Ils prévoient d’autres actions, comme des rencontres avec les habitants ou des pétitions en ligne. Leur objectif est clair : maintenir la pression jusqu’à ce que la voix des petits paysans soit entendue. Et si leur action à Coulommiers n’est qu’une goutte d’eau, elle pourrait bien inspirer d’autres initiatives à travers le pays.
Pourquoi Ce Combat Nous Concerne Tous
En fin de compte, l’histoire de Coulommiers n’est pas seulement celle d’une poignée d’agriculteurs en colère. C’est une réflexion sur l’avenir de notre alimentation, de nos campagnes, et de notre planète. Chaque tract distribué, chaque message envoyé à un député, est un pas vers un modèle agricole plus juste et plus durable. Et ça, ça nous concerne tous, que l’on vive à la campagne ou en ville.
Personnellement, je trouve inspirant de voir des gens se lever pour défendre leurs convictions, même face à des obstacles qui semblent insurmontables. Les agriculteurs de Coulommiers nous rappellent une vérité essentielle : le changement commence souvent au niveau local, par des actions simples mais déterminées. Alors, la prochaine fois que vous passerez par un marché, prenez le temps d’écouter ces voix. Elles pourraient bien changer la donne.
Et vous, que pensez-vous de ce combat ? Les petits paysans ont-ils une chance face aux géants de l’agro-industrie ? Une chose est sûre : à Coulommiers, ils ne baissent pas les bras, et c’est déjà une victoire.
