Imaginez-vous réveillé à l’aube par des rafales d’armes automatiques dans une capitale d’habitude plutôt calme. C’est exactement ce qui est arrivé aux habitants de Cotonou le dimanche 7 décembre 2025. En quelques heures, le Bénin, souvent cité en exemple de stabilité en Afrique de l’Ouest, a frôlé le chaos total. Et au cœur de cette journée folle, une information a fini par filtrer : des forces spéciales françaises sont intervenues pour soutenir l’armée loyaliste. Franchement, quand on suit l’actualité africaine depuis des années, on sait que ces histoires ne sortent jamais « propres ».
Un coup d’État qui a failli passer inaperçu… mais qui a tout changé
Tout commence très tôt le matin. Vers 5 heures, un groupe d’une centaine d’hommes armés jusqu’aux dents, équipés même de blindés légers, lance l’assaut sur la résidence du président Patrice Talon. L’effet de surprise est total. Huit militaires apparaissent même à la télévision nationale pour annoncer qu’ils ont « pris le pouvoir ». Classique scénario de putsch à l’africaine, direz-vous. Sauf que cette fois, ça ne prend pas.
Pourquoi ? Parce que l’armée régulière, et surtout la garde républicaine, réagit immédiatement. Le colonel qui dirigeait la défense sur place l’a dit sans détour : ses hommes ont tenu toute la journée, quartier par quartier, point stratégique par point stratégique. Pas de défection massive, pas de ralliement des autres unités aux mutins. Au contraire, des renforts spontanés sont venus prêter main-forte. C’est assez rare pour être souligné dans une région où les armées se fracturent souvent comme du verre.
Le rôle décisif (et discret) des forces spéciales françaises
Vers la fin de l’après-midi, la situation restait tendue. Les mutins s’étaient retranchés dans le camp militaire de Togbin, en pleine zone résidentielle. Prendre le camp d’assaut risquait de provoquer un bain de sang parmi les civils. C’est là qu’interviennent les renforts extérieurs.
Des unités spéciales françaises, déployées depuis leur base en Côte d’Ivoire, arrivent sur zone. Leur mission ? « Ratissage » et sécurisation précise pour éviter les dommages collatéraux. En parallèle, l’aviation nigériane effectue des frappes ciblées. En quelques heures, c’est terminé. Les mutins lâchent prise, repartent avec leurs morts et leurs blessés, abandonnent du matériel lourd.
« L’armée béninoise a été vraiment vaillante et a fait face à l’ennemi toute la journée. En fin de journée seulement, les forces spéciales françaises ont été utilisées pour du ratissage. »
Un haut responsable militaire béninois
Cette phrase résume tout. Paris avait déjà reconnu un « appui logistique et de surveillance » dès le lundi. Mais l’aveu de l’intervention de commandos au sol change la donne. On n’est plus dans le simple conseil ou le renseignement : on parle d’unités d’élite qui ont posé le pied à Cotonou en pleine tentative de coup d’État.
Qui sont les mutins et qu’est-ce qu’ils voulaient vraiment ?
Le cerveau présumé de l’opération, un lieutenant-colonel, aurait déjà passé la frontière. Direction le Togo voisin, selon plusieurs sources concordantes. Une douzaine d’officiers et soldats ont été arrêtés, mais le gros des assaillants s’est évaporé dans la nature. Avec des blindés et une organisation aussi poussée, on se doute que l’opération n’a pas été montée en deux jours.
Alors, simple fronde d’officiers mécontents ? Réglement de comptes politique à six mois de la présidentielle ? Ou tentative plus large de déstabilisation régionale ? Difficile de trancher pour l’instant. Ce qui est sûr, c’est que le timing est troublant : Patrice Talon arrive au bout de ses deux mandats. Il ne peut pas se représenter. Son ministre des Finances est donné ultra-favori pour lui succéder… dans un scrutin où le principal parti d’opposition a été écarté pour des questions administratives. Vous voyez le tableau.
- Assaut direct sur la résidence présidentielle à l’aube
- Prise temporaire de la télévision nationale
- Contrôle partiel de certains axes de Cotonou
- Absence de soutien populaire visible
- Riposte immédiate et coordonnée des forces loyalistes
C’est presque un miracle que ça n’ait pas tourné à la guerre civile urbaine.
L’Afrique de l’Ouest dans une spirale inquiétante
Regardez la carte ces cinq dernières années : Mali, Burkina Faso (deux fois), Guinée, Niger, Gabon… Et maintenant cette tentative au Bénin. Même si elle a échoué, elle montre que plus aucun pays n’est à l’abri. Le Bénin était pourtant vu comme un îlot de stabilité relative, avec une croissance économique solide et une armée plutôt professionnelle. Raté.
Le nord du pays subit déjà la pression djihadiste venue du Sahel. Des attaques récurrentes, des villages touchés, des militaires tués. Ajoutez à ça les tensions politiques internes, et vous avez la recette parfaite pour l’explosion. Ce putsch raté pourrait n’être qu’un avertissement.
La France toujours là… mais jusqu’à quand ?
On ne va pas se mentir : l’intervention française, même limitée, va faire jaser. Beaucoup. Dans les capitales africaines, on parle déjà de « retour du colonialisme » ou de « protection intéressée ». Pourtant, c’est le gouvernement béninois lui-même qui a demandé l’aide. Et quand on voit le résultat – un président toujours en poste, une capitale qui retrouve son calme en 24 heures –, on se dit que l’opération a été efficace.
Mais à long terme ? Chaque intervention de ce type alimente le sentiment anti-français qui monte en flèche dans la région. Entre ceux qui crient au néocolonialisme et ceux qui remercient Paris d’avoir évité le pire, le débat est loin d’être clos. Personnellement, je trouve que la vraie question n’est pas « pourquoi la France est intervenue » mais « jusqu’à quand les États africains auront besoin de ce genre de béquille ».
Et maintenant ? Vers une transition apaisée… ou une nouvelle explosion ?
Officiellement, tout est « sous contrôle ». La vie a repris à Cotonou, les marchés rouvrent, les écoles aussi. Patrice Talon s’est montré à la télévision, calme, déterminé. Mais dans les quartiers, on parle encore à voix basse de ce qui s’est passé. Des rumeurs de nouvelles arrestations, de purges dans l’armée, de règlements de comptes.
La présidentielle d’avril 2026 approche. Le dauphin désigné est prêt. L’opposition, elle, crie à la dictature molle. Et quelque part, un lieutenant-colonel en fuite prépare peut-être la suite. L’Afrique de l’Ouest retient son souffle. Parce qu’on sait tous ici que quand un coup d’État échoue… il y a souvent une saison 2.
Ce qui s’est passé au Bénin en décembre 2025 n’est pas qu’un fait divers. C’est un signal fort. La stabilité de façade craquelle un peu plus chaque jour. Et quand les vieux démons des coups de force reviennent frapper à la porte, même les pays qu’on croyait solides se mettent à trembler. À suivre, évidemment. De très près.
