Imaginez un peu la scène : un stade de quartier rempli à craquer, 1 500 spectateurs qui hurlent, un but dès la 4e minute et, pendant une grosse heure, l’espoir fou de voir un petit club de National 3 faire tomber une équipe pro de Ligue 2. C’est exactement ce qu’a vécu Torcy ce samedi. Et franchement, même si l’histoire s’est terminée en 1-5, on ne peut pas dire que la magie de la Coupe de France n’ait pas opéré.
Parce que c’est ça, la Coupe : des moments où le foot redevient ce qu’il devrait toujours être. Du cœur, de l’envie, du suspense. Et en Île-de-France, ce 8e tour nous a encore offert une belle dose d’émotions brutes.
Le rêve presque parfait de Torcy face à Reims
Quand le tirage au sort a placé le Stade de Reims sur la route de l’US Torcy, tout le monde a souri poliment. Sur le papier, c’était David contre Goliath version 2025. Mais sur le terrain du Frémoy, pendant soixante minutes, David a vraiment cru au miracle.
Merouga ouvre le score dès la 4e minute sur une action collective magnifique. Le genre de but qu’on regarde dix fois au ralenti en se disant « mais comment ils ont fait ça à ce niveau ? ». Le public est en transe, les joueurs de Reims un peu sonnés. Et pendant toute la première période, les Seine-et-Marnais tiennent le choc.
Le gardien rémois doit sortir quatre arrêts décisifs. Quatre. À chaque parade, le stade explose. On se prend à rêver. On se dit que peut-être, juste peut-être, l’exploit est possible.
« On a fait une super période où on aurait pu mieux faire. Après, ils se sont montrés plus efficaces avec 5 buts en 7 frappes cadrées. C’est la différence de niveau. »
Ali Abed, capitaine de Torcy, avec une lucidité qui force le respect
Puis arrive l’heure de jeu. Et là, la réalité du football professionnel rattrape tout le monde. Quatre buts en vingt minutes. Diarra, Salama, Teuma, Sekine… Reims passe en mode rouleau compresseur. Fin du rêve ? Oui. Mais fin de la fête ? Sûrement pas.
Parce qu’au final, Torcy sort la tête haute. Ils ont montré qu’avec de l’envie et du collectif, on peut faire vaciller n’importe qui. Et 1 500 personnes dans un stade de N3 un samedi après-midi, ça, c’est la vraie victoire.
Les Lusitanos Saint-Maur, la sérénité des prétendants
À l’opposé du scénario hollywoodien de Torcy, les Lusitanos ont choisi la voie de la maîtrise. Promus en National 2 et deuxièmes de leur groupe, les Val-de-Marnais se déplaçaient à Bogny-sur-Meuse, pensionnaire de Régional 1. Autant dire que l’écart était moins abyssal que pour Torcy… mais quand même.
Et pourtant, pas de suspense inutile. 0-3, sec et efficace. Keita ouvre le score, Diarra double la mise, Leite ferme la marche. Un match sérieux, presque trop pour la Coupe de France. Mais c’est aussi ça, la marque des équipes qui montent : elles ne se posent plus de questions.
Lundi soir, les Lusitanos seront au Parc des Princes pour le tirage des 32es. Et quelque part, on se dit qu’ils ont peut-être les armes pour aller encore plus loin. Leur saison en championnat le prouve : cette équipe-là joue pour gagner.
Le Red Star dans le brouillard alsacien
À l’heure où j’écris ces lignes, le Red Star est toujours sur le terrain de Biesheim. 0-0 en fin de match. Un score qui sent le piège à plein nez. On connaît la Coupe : plus le match est fermé, plus le risque de penalty cruel augmente.
Les Audoniens, qui jouent la montée en Ligue 1 cette saison, n’ont pas le droit à l’erreur. Un élimination ici serait un séisme. On croise les doigts pour eux, mais franchement, quand on voit Torcy tenir tête à Reims pendant une heure, on se dit que tout peut arriver.
Les espoirs du soir : Montreuil et Villeneuve-la-Garenne
À 18 heures, deux autres clubs franciliens entraient dans l’arène. Le FC Montreuil (R1) recevait Granville (N2), et Villeneuve-la-Garenne (R2) défiait Le Mans (L2). Deux matchs où, encore une fois, la logique sportive pouvait être renversée.
On attend les résultats avec impatience, mais quelque part, on sait déjà que ces clubs-là ont déjà gagné : ils ont fait vivre la Coupe dans leurs quartiers. Et ça, aucun score ne pourra leur enlever.
Pourquoi on aime toujours autant cette Coupe de France
Il y a quelque chose de profondément romantique dans cette compétition. Chaque année, des clubs de quartier se retrouvent face à des pros. Chaque année, il y a des exploits, des larmes, des écharpes qui volent dans le froid de novembre.
Ce samedi, l’Île-de-France a encore prouvé qu’elle était une terre de foot populaire. Des stades pleins, des gamins qui rêvent, des bénévoles qui se lèvent à 6h du matin pour tracer les lignes… C’est tout ça, la Coupe de France.
- Des buts venus d’ailleurs (merci Merouga)
- Des gardiens qui deviennent des héros le temps d’une mi-temps
- Des capitaines qui gardent le sourire malgré la défaite
- Et surtout, des milliers de supporters qui repartent avec des étoiles dans les yeux
Alors oui, il n’y aura peut-être qu’un ou deux clubs franciliens en 32es. Mais quelque part, ils y sont tous un peu. Parce que ce soir, dans chaque vestiaire, chaque buvette, chaque barre d’immeuble, on parlera encore longtemps de ce 8e tour.
Et lundi, quand les grosses écuries entreront en lice, on se rappellera que la Coupe, c’est d’abord l’histoire des petits qui rêvent grand.
En attendant les résultats définitifs du soir et du match d’Aubervilliers dimanche, une chose est sûre : l’Île-de-France a encore fait honneur à sa réputation de terre de football. Et ça, ça ne s’achète pas.
Allez, on se retrouve lundi soir pour le tirage. Et qui sait… peut-être que les Lusitanos tireront un très gros. Ce serait la moindre des récompenses pour tous ceux qui font vivre ce football-là, celui qu’on aime vraiment.
