Vous souvenez-vous de ce frisson quand, enfant, vous ouvriez les calendriers de l’Avent en espérant tomber sur la plus grosse surprise le 24 décembre ? Hier soir, au Parc des Princes, les supporters parisiens ont vécu exactement ça… mais version football. Le tirage au sort des 32es de finale de la Coupe de France a offert aux deux clubs de la capitale des cadeaux apparemment inoffensifs. Pourtant, on sait tous comment ça se passe : parfois, le plus petit emballage cache le plus gros piège.
Un tirage qui sent bon le sapin… ou presque
Frédéric Piquionne et Clémentine Darleux ont joué les pères Noël avec une main plutôt généreuse. Le PSG, tenant du titre et recordman de victoires (16, quand même), recevra Vendée Fontenay Foot, solide troisième de son groupe de National 3. Le Paris FC, tout juste promu en Ligue 1 et qui traverse une petite tempête, se déplacera à Raon-l’Étape, sixième de son groupe de Régional 1 dans les Vosges. Sur le papier, c’est l’entrée en matière rêvée.
Mais vous me connaissez, je n’aime pas trop les papiers trop lisses. Parce que derrière ces étiquettes « amateur », il y a des histoires, des joueurs qui se lèvent à 5h du matin pour aller bosser avant l’entraînement, et surtout cette envie folle de faire tomber un géant. Et ça, ça peut faire très mal.
Le PSG et le syndrome Espaly
Rappelez-vous janvier dernier. Espaly, un autre club de N3, mène 2-0 au Parc face à un PSG méconnaissable. Il faudra un retour improbable en seconde période et un but à la 90e+9 pour que les Parisiens s’en sortent (4-2). Ce match-là hante encore un peu les mémoires. Fontenay n’est pas Espaly, mais l’effet surprise, lui, reste intact.
« Recevoir le PSG à domicile, c’est un rêve qui devient réalité »
Enzo Renou, attaquant de Fontenay, présent au tirage
Et puis il y a le calendrier. Le match est programmé le 20 ou 21 décembre… quatre jours après une éventuelle finale de Coupe intercontinentale à Doha. Autant dire que Marquinhos et ses coéquipiers risquent de rentrer avec les jambes lourdes et la tête encore au Qatar. Luis Enrique va devoir tourner, faire confiance aux jeunes, et on sait que la Coupe de France, c’est justement là que les Doué, Mayulu ou autre Zaire-Emery brillent.
Paris FC : un bol d’air vosgien avant Noël ?
De son côté, le Paris FC vit une période compliquée. Une seule victoire lors des sept derniers matchs de championnat, treizième place, la pression commence à monter du côté du stade Charléty. Ce déplacement à Raon-l’Étape tombe presque à pic : une occasion de retrouver le sourire, de faire tourner l’effectif, et surtout de ne pas prendre de coup sur la tête avant les fêtes.
Attention quand même. Les Vosges en décembre, ce n’est pas vraiment Ibiza. Le terrain risque d’être lourd, le froid mordant, et les joueurs de Raon-l’Étape vont se transcender. On a vu des équipes de R1 poser d’énormes problèmes à des pensionnaires de Ligue 2, alors imaginez face à une équipe de L1 en manque de confiance…
Les Lusitanos face au grand Lille : le vrai choc francilien
Si le PSG et le PFC ont été gâtés, les Lusitanos Saint-Maur, eux, ont tiré le gros lot… dans le mauvais sens. Deuxièmes de leur groupe de N2, les Lusitanos recevront le LOSC, quatrième de Ligue 1 et habitué des performances européennes. Mapril Baptista, le président, reste philosophe :
« J’aurais préféré une équipe plus abordable, mais affronter une très belle équipe, c’est magnifique. J’espère qu’on pourra jouer à Chéron pour faire la fête. »
Franchement, je trouve ça beau. Dans un football où tout va trop vite, où l’argent décide presque de tout, voir un président de N2 se réjouir de recevoir Lille, ça fait du bien. Et qui sait ? Les Lusitanos marchent fort cette saison. Un exploit n’est jamais totalement impossible.
Montreuil-Chauvigny : l’histoire peut continuer… ou pas
Enfin, dernier club francilien encore en lice : le FC Montreuil (R1). Après avoir éliminé Granville aux tirs au but, les Seine-Saint-Denis recevront Chauvigny (N3). Sur le terrain, c’est jouable. Hors du terrain, c’est plus compliqué : Granville a déposé une réserve pour des joueurs présumés suspendus. La commission doit trancher rapidement, mais a priori, Montreuil devrait être maintenu.
S’ils passent, on aura encore un petit poucet francilien en 16es. Et ça, c’est la magie de cette compétition.
Pourquoi ce tirage est une (très) bonne nouvelle pour le football français
Au-delà des clubs parisiens, ce tirage montre encore une fois pourquoi la Coupe de France reste la plus belle des compétitions nationales. Un seul vrai choc entre équipes de Ligue 1 (à ma connaissance), et une majorité d’affiches déséquilibrées sur le papier mais follement excitantes dans les faits.
- Des stades pleins dans des villages qu’on ne trouve même pas sur certaines cartes
- Des gamins qui vont pouvoir toucher le maillot de leur idole
- Des bénévoles qui préparent déjà le vin chaud et les merguez
- Et peut-être, qui sait, une énorme surprise le dimanche soir
C’est tout ça, la Coupe de France. Pas seulement du football. C’est du lien, de l’émotion brute, du rêve accessible.
Alors oui, le PSG et le Paris FC ont été épargnés. Mais dans quinze jours, quand les projecteurs s’allumeront sur des terrains gelés, quand des gamins de N3 ou R1 mettront un tacle glissé à Ousmane Dembélé ou Ilan Kebbal, on se rappellera que dans cette compétition-là, rien n’est jamais vraiment écrit d’avance.
Et vous, vous y croyez à l’exploit ? Moi, un peu. Toujours un peu. Parce que c’est ça aussi, être supporter de foot en décembre.
Bonnes fêtes à tous les amoureux du ballon rond… et rendez-vous les 20-21 décembre pour voir si les cadeaux seront bien sous le sapin, ou s’ils vont exploser à la figure des grands.
