Vous avez déjà dû choisir entre deux événements qui vous tiennent à cœur le même jour ? Moi oui, et croyez-moi, c’est rarement drôle. Mais quand il s’agit du jour de votre mariage et d’un 32e de finale de Coupe de France face à un club pro, là, on atteint des sommets de dilemme cornélien.
C’est exactement ce qui arrive à Hugo Robert, 29 ans, capitaine et figure emblématique de l’Iris Club de Croix, petit poucet de National 3 perdu entre Roubaix et Lille. Son histoire fait le tour des réseaux et des vestiaires depuis quelques jours, et franchement, on ne peut que sourire jaune pour lui.
Quand le rêve de gosse rencontre le rêve tout court
Revenons un peu en arrière. Fin novembre, l’Iris Club de Croix crée l’exploit en se qualifiant pour les 32es de finale de la Coupe de France. Pour un club de cinquième division, c’est déjà énorme. Les joueurs fêtent ça comme il se doit, les supporters pleurent de joie, le genre de soirée dont on se souvient toute une vie.
Puis arrive le tirage au sort. Et là, le destin fait bien les choses… ou pas. Le petit club du Nord hérite du Stade de Reims, quatrième de Ligue 2 et finaliste de la dernière édition (battu par Paris, quand même). Autrement dit, le tirage rêvé. Le match est calé au samedi 20 décembre à 15 h 30.
Sauf que… pour Hugo Robert, ce 20 décembre à 15 h 30, il a déjà un rendez-vous autrement plus important. Un rendez-vous en costume, avec alliance au doigt et larmes garanties : son mariage.
Une date gravée depuis longtemps
Quand on prépare un mariage, on réserve la salle, l’église ou la mairie parfois deux ans à l’avance. Hugo et sa fiancée n’ont évidemment pas imaginé une seconde que le calendrier footballistique viendrait tout chambouler. La date était bloquée, les faire-part envoyés, la robe choisie, le traiteur payé. Impossible de décaler à quelques semaines de l’événement.
Du côté du foot, le calendrier des 32es est bouclé bien après la réservation des salles de mariage. Et quand la télévision entre dans la danse (parce que oui, certains matches sont diffusés), les horaires deviennent quasi intouchables.
« On a tout tenté, vraiment tout. On a même proposé d’avancer au vendredi soir… »
Le président du club, dépité mais compréhensif
Le club a contacté la Fédération, proposé un échange d’horaires avec un autre club qui jouait le vendredi, tout le monde était d’accord… sauf les diffuseurs. Refus catégorique. Le match reste au samedi après-midi. Point final.
Le témoin aussi dans le viseur
Et comme un bonheur n’arrive jamais seul (ou un malheur, selon le point de vue), le numéro 10 de l’équipe, Thomas Coppin, est… le témoin du marié. Autrement dit, si on laissait Hugo jouer, il manquerait aussi son meilleur pote sur le terrain. Le président a tranché avec humour : « Pas question de se priver de deux cadres en même temps ! »
Certains joueurs sont d’ailleurs invités au mariage. On imagine déjà la scène : des supporters en costume-cravate qui regardent leur téléphone toutes les cinq minutes pour suivre le score, des toasts portés « à la santé du capitaine… et à la victoire quand même ».
Le football amateur, ses joies et ses galères
Cette anecdote, aussi drôle soit-elle, rappelle une réalité qu’on oublie souvent quand on regarde la Ligue 1 le dimanche soir : le foot amateur vit à un autre rythme. Les joueurs ont un travail à côté, des familles, des vies bien remplies. Un 32e de finale, c’est exceptionnel, mais ça ne fait pas tout arrêter.
- Pour beaucoup, jouer un club pro reste le match d’une vie
- Mais la vraie vie, elle, ne se met pas entre parenthèses
- Et parfois, elle rappelle qui commande vraiment
J’ai connu des joueurs qui rataient des entraînements pour la naissance de leur enfant, d’autres qui séchaient un match important pour un enterrement. Le foot, même quand il devient magique grâce à la Coupe, reste un loisir pour ces gars-là.
Un précédent qui fait sourire
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la Coupe de France nous offre ce genre de situation cocasse. On se souvient de ce joueur qui avait raté un 8e de finale… pour cause de garde d’enfant (le juge avait refusé le report). Ou cet autre qui avait joué avec une attelle parce qu’il s’était cassé la main la veille… à son enterrement de vie de garçon.
La Coupe de France, c’est ça aussi : des histoires humaines avant d’être des exploits sportifs.
Et si le destin faisait bien les choses ?
On peut retourner la situation dans tous les sens : Hugo Robert va vivre le plus beau jour de sa vie, entouré de ceux qu’il aime. Ses coéquipiers vont jouer libérés, sans pression particulière (de toute façon, face à Reims, ils partiront largement perdants sur le papier). Et qui sait, peut-être que l’équipe créera la surprise justement parce qu’elle jouera « pour le capitaine ».
Et puis, imaginons une seconde que le match soit reporté pour cause de brouillard ou de terrain gelé (on est dans le Nord en décembre, ça arrive). Là, tout le monde rigolerait bien.
Mais en attendant, Hugo pourra toujours suivre le match sur son téléphone entre la pièce montée et l’ouverture de bal. Avec un peu de chance, sa femme acceptera qu’on installe un écran dans la salle des fêtes. Après tout, c’est aussi son club.
Ce que cette histoire nous dit du foot d’aujourd’hui
Derrière l’anecdote rigolote, il y a quand même une petite pointe d’amertume. Le football amateur se bat chaque année pour exister face aux calendriers imposés par les diffuseurs. Les clubs de National 3 n’ont pas vraiment leur mot à dire quand la télé décide.
On a vu ces dernières saisons des matches décalés au vendredi soir ou au lundi, juste pour coller au planning TV. Des tribunes parfois à moitié vides parce que les supporters travaillent. Cette fois, c’est un mariage qui passe à la trappe. Demain, ce sera quoi ?
Heureusement, dans le cas présent, tout le monde prend ça avec philosophie. Le président du club l’a dit lui-même : « C’est la vie. On est heureux pour Hugo. »
En conclusion : l’amour plus fort que le foot ?
Le 68 décembre, Hugo Robert dira « oui » à la femme de sa vie. Le même jour, ses coéquipiers fouleront la pelouse sans leur capitaine. Deux moments forts, deux émotions différentes, mais une seule certitude : il se souviendra de cette journée jusqu’à la fin de ses jours.
Et nous, on gardera cette histoire en tête à chaque fois qu’on râlera parce qu’un match est décalé pour la télé. Parce qu’au fond, il y a des choses plus importantes qu’un 32e de finale.
Même si, avouons-le, on aurait tous adoré voir le capitaine en smoking faire l’avant-match, puis courir enfiler les crampons pour le coup d’envoi.
Allez, bon mariage Hugo. Et bon match les gars. On suivra les deux.
