Franchement, parfois le football nous offre des histoires qu’aucun scénariste n’oserait inventer. Un capitaine qui doit choisir entre un exploit en Coupe de France et son mariage ? Ça sent le vaudeville. Et pourtant, c’est exactement ce qui a failli arriver à l’IC Croix il y a quelques jours. Heureusement, la magie de cette compétition a encore frappé : tout le monde va pouvoir jouer, célébrer, et dire oui au bon moment.
Quand la Coupe de France se met à l’heure du cœur
On est début décembre, les tirages des 32es de finale tombent, et deux petits clubs du Nord se retrouvent propulsés sous les projecteurs : l’IC Croix (National 3) reçoit le Stade de Reims, tandis que Marcq-en-Barœul (Régional 1) accueille Troyes. Des affiches de rêve pour des amateurs. Sauf que… les horaires initiaux posaient un sacré casse-tête.
À Marcq, tout le monde bosse la semaine. Jouer un vendredi soir, c’était demander à une vingtaine de gars de poser des congés, de courir après le boulot, de sacrifier leur week-end. Pas vraiment l’esprit fête qu’on attend d’une Coupe de France.
À Croix, c’était encore plus rocambolesque. Le capitaine, Hugo Robert, se marie le samedi. Et devinez qui est son témoin ? Thomas Coppin, son partenaire sur le terrain. Autant dire que la moitié de l’équipe était invitée à la noce. Imaginez l’ambiance si le match avait eu lieu le samedi : le marié en costard sur le banc, ou pire, absent parce qu’il devait répéter ses vœux… Non, vraiment, ça ne passait pas.
Une négociation à trois qui sentait la poudre
Très vite, les deux clubs se sont mis d’accord entre eux : « On inverse, point final. » Marcq prend le samedi après-midi, Croix récupère le vendredi soir. Simple, logique, humain.
Mais dans le football moderne, rien n’est jamais simple. Il y a le diffuseur. Et quand on parle de 32es de finale, c’est souvent BeIN Sports qui décide des horaires pour coller à ses grilles. Pendant quarante-huit heures, les dirigeants ont plaidé, expliqué, presque supplié. Refus catégorique au début. Puis, miracle, revirement total : les matchs sont inversés.
« On vient d’apprendre la bonne nouvelle, on est tous soulagés. Le vendredi soir, c’est parfait pour nous. On va pouvoir tout donner contre Reims, et le lendemain tout le monde sera au mariage sans stress. »
– L’entraîneur de Croix, juste après l’annonce
Cette phrase résume tout. Le foot reste un sport, mais avant tout une aventure humaine. Et là, tout le monde a gagné.
Pourquoi cette histoire touche autant
Parce qu’on en a marre, parfois, du football aseptisé, des millions, des polémiques inutiles. Ici, on parle de gars qui bossent à côté, qui se lèvent tôt, qui jouent le soir après le boulot. Des présidents bénévoles qui passent des heures au téléphone pour que leurs joueurs vivent un moment unique.
Et puis il y a cette image : Hugo Robert qui court après un ballon le vendredi soir sous les projecteurs, et vingt-quatre heures plus tard, il passe la bague au doigt de sa future femme, avec toute l’équipe autour pour applaudir. Franchement, ça vaut tous les scénarios hollywoodiens.
- Un capitaine qui n’a pas eu à choisir entre l’amour et le foot
- Un témoin qui peut être sur le terrain et à l’église
- Des joueurs de Marcq qui ne galèrent pas avec les horaires
- Deux clubs amateurs qui vont vivre leur rêve à fond
C’est ça, la Coupe de France. Pas seulement des exploits sportifs. C’est la compétition qui rappelle que derrière chaque maillot, il y a une vie, des galères, des bonheurs, des mariages à préparer.
Zoom sur les deux affiches du week-end
Maintenant que les horaires sont fixés, place au sport.
Vendredi 20 h 45 : IC Croix – Stade de Reims
Les Croisiens évoluent en National 3. Ils sont solides, organisés, portés par un public qui remplit le stade Henri Seigneur dès qu’il y a un gros. Reims, pensionnaire de Ligue 2, reste sur une dynamique correcte. Mais on sait tous comment ça se passe : un terrain gras, un froid mordant, un ambiance de folie… et les pros peuvent vaciller. L’an dernier, Wasquehal avait bien embêté une équipe de L1, rappelez-vous.
Samedi 15 h 30 : Marcq-en-Barœul – ESTAC Troyes
Les Marcquois, en Régional 1, jouent le rôle du petit poucet absolu. Troyes reste un club historique, même s’il a connu des galères récemment. Mais là encore, tout est possible. Jouer l’après-midi, avec les familles, les gamins, les supporters qui peuvent venir sans se ruiner en essence ou en train… c’est la recette parfaite pour un exploit.
Ce que ça dit de notre foot amateur
J’ai couvert pas mal de 32es ces dernières années. Et à chaque fois, je ressors avec la même sensation : ces clubs-là, ils représentent le cœur battant du foot français. Pas de stars, pas de caprices, juste de la passion pure.
On critique souvent les diffuseurs, les horaires tardifs, le peu de considération pour les amateurs. Cette fois, il y a eu écoute. Un geste. Peut-être pas parfait, mais un geste quand même. Et ça fait du bien.
« On avait l’impression qu’on n’avait pas pensé aux clubs amateurs. Là, on se sent respectés. »
– Un coach de Régional 1, quelques jours avant l’accord
Cette phrase, elle résonne. Parce qu’elle est vraie trop souvent. Mais quand une solution tombe, comme cette semaine, ça redonne foi en cette compétition mythique.
Et après ?
Si l’un des deux clubs passe – et on l’espère tous –, on parlera encore plus d’eux. Peut-être un 16e contre un gros, pourquoi pas. En attendant, ce week-end, il y aura du foot, de l’émotion, des larmes (de joie, on espère), et un mariage qui restera dans les mémoires du club.
Parce que samedi soir, quand Hugo Robert dira « oui », il y aura probablement quelques joueurs encore en tenue de foot dans l’assistance, la bière à la main, à chanter des chants de supporters entre deux coupes de champagne.
Et ça, mes amis, c’est la plus belle des victoires.
Alors rendez-vous vendredi et samedi. Soutenez les petits, vibrez pour eux. Parce que tant qu’il y aura des histoires comme celle-ci, la Coupe de France restera la plus belle compétition du monde.
