Franchement, quand le tirage au sort de la Coupe du Monde 2026 est tombé, j’ai eu un petit frisson. Pas le frisson agréable du but en lucarne, non. Celui qui dit : « ça va être chaud, très chaud ». La Côte d’Ivoire, nos Éléphants chéris, champions d’Afrique en titre, se retrouvent dans ce qui ressemble à un véritable chaudron. L’Allemagne, l’Équateur et… Curaçao. Sur le papier, on se dit que le petit poucet est prenable. Mais dans un Mondial à 48 équipes, plus rien n’est simple. Et quand tu vois le parcours des Ivoiriens en phase de groupes ces dernières années, tu te demandes si cette fois sera la bonne.
Quatrième participation, quatrième tentative pour enfin franchir ce maudit premier tour. 2006, 2010, 2014… à chaque fois la même désillusion. Alors oui, on a gagné la CAN à domicile en 2023 dans des circonstances folles, mais le Mondial, c’est une autre planète. Et là, le groupe E ne fait pas de cadeau.
Un groupe E qui ne laisse aucune marge d’erreur
Regardez plutôt la composition :
- Allemagne – quadruple championne du monde, revancharde après deux échecs consécutifs
- Équateur – deuxième des qualifications sud-américaines derrière l’Argentine, rien que ça
- Côte d’Ivoire – championne d’Afrique en titre, mais historiquement fragile en Coupe du Monde
- Curaçao – le petit poucet, première qualification historique
Sur les quatre, trois peuvent légitimement viser les huitièmes. Voire les quarts pour certains. Curaçao fera office de victime désignée, mais attention : dans un format à 48 où les troisièmes peuvent passer, même le « petit » peut piquer des points précieux.
Le calendrier des Éléphants : un départ déjà sous haute tension
Premier match : Côte d’Ivoire – Équateur. Dès l’entrée, c’est du lourd. L’Équateur version 2026 ne ressemble en rien à celui qu’on a vu galérer par le passé. Deuxième des éliminatoires sud-américaines derrière l’ogre argentin, ils ont terminé devant le Brésil, l’Uruguay et la Colombie. Oui, vous avez bien lu.
Ensuite ? Allemagne – Côte d’Ivoire. Le choc. La Mannschaft qui veut laver l’affront des derniers Mondiaux. Et pour finir, Curaçao – Côte d’Ivoire. Le match qu’il faudra absolument gagner, mais qui pourrait arriver dans un contexte de pression maximale si les deux premiers résultats sont négatifs.
Autrement dit : il faudra probablement prendre des points contre l’Équateur ou l’Allemagne pour espérer passer. Attendre le troisième match pour se refaire la cerise, c’est trop risqué.
| Match | Adversaire | Enjeu |
| 1 | Équateur | Prendre des points dès le début |
| 2 | Allemagne | Le match référence, capable de tout changer |
| 3 | Curaçao | Obligation de victoire (mais sous quelle pression ?) |
L’Allemagne : la bête blessée qui veut redevenir prédateur
Parlons un peu de cette Mannschaft. Depuis 2018, c’est la crise. Éliminée dès les poules en Russie, puis en Qatar. Nagelsmann a repris les rênes et semble avoir trouvé la bonne formule. Florian Wirtz, Musiala, Havertz, Sané, Kimmich… Le potentiel offensif est effrayant.
Et surtout, ils ont faim. Très faim. L’Allemagne reste l’Allemagne : organisation, mental, profondeur de banc. Si les Ivoiriens veulent prendre des points là-dedans, il faudra un match parfait. Genre le genre de performance qu’on avait sortie contre le Japon en 2014 (victoire 2-1) avant de s’écrouler ensuite.
Ils ont une génération dorée qui arrive à maturité. Wirtz et Musiala peuvent faire très mal à n’importe quelle défense.
– Un observateur régulier de la Bundesliga
L’Équateur : la surprise qui n’en est plus une
On a tendance à sous-estimer les Équatoriens. Grave erreur. Deuxième des qualifications Conmebol, c’est du très sérieux. Willian Pacho au PSG, Piero Hincapié à Leverkusen, Moisés Caicedo à Chelsea, Kendry Páez qui arrive au Real Madrid… Ils ont du talent à tous les postes.
Leur style ? Intensité physique hallucinante, transitions rapides, et une solidité défensive impressionnante. Exactement le genre d’équipe qui peut poser d’énormes problèmes aux Éléphants quand le match devient haché.
Et n’oublions pas : en 2022, ils avaient terminé deuxièmes de leur groupe devant le pays hôte, le Qatar, et n’étaient sortis qu’aux tirs au but contre le Sénégal. Cette fois, ils visent clairement plus haut.
Curaçao : le petit qui peut créer la grosse surprise
Première qualification historique. Forcément, on les voit comme la proie facile. Mais attention. Dans un Mondial à 48, les « petits » ont souvent des joueurs qui évoluent dans de bons championnats européens. Juninho Bacuna à Birmingham, Leandro Bacuna, Cuco Martina… Ce n’est pas non plus une équipe de plage.
Et surtout, ils n’auront rien à perdre. Le match contre la Côte d’Ivoire pourrait être leur finale. S’ils jouent libérés, avec l’envie de marquer l’histoire, ça peut devenir très compliqué. On a vu des surprises par le passé. Souvenez-vous de l’Arabie Saoudite contre l’Argentine.
La Côte d’Ivoire peut-elle enfin passer ?
La question qui brûle toutes les lèvres. Oui, les Éléphants ont l’équipe pour. Sébastien Haller retrouve son meilleur niveau, Simon Adingra explose à Brighton, Oumar Diakité, Karim Konaté, Seko Fofana au milieu… Il y a du talent brut.
Mais le problème n’a jamais été le talent. C’est la constance. La gestion des matchs à enjeu. La capacité à jouer trois matchs de haut niveau en dix jours. La CAN 2023 a montré qu’on pouvait le faire quand tout le pays pousse derrière. Mais au Mondial, l’ambiance n’est pas la même.
Et puis il y a cette statistique qui fait mal : zéro victoire en phase de groupes lors des trois dernières participations. Zéro. Il faut briser cette série noire.
Les clés pour réussir
- Un gros match dès l’entrée contre l’Équateur – prendre des points là changerait tout
- Une défense solide – face à Wirtz et Caicedo, il faudra être impérial
- Des leaders vocales – Fofana, Sangaré, Aurier (s’il est encore là) devront hausser le ton
- Une préparation mentale irréprochable – le staff devra insister là-dessus
Si les Éléphants arrivent à aligner trois matchs avec la même intensité que contre le Nigeria en finale de la CAN, alors oui, c’est possible. Sinon… on risque de revivre les mêmes scénarios.
Moi je veux y croire. Parce que cette génération le mérite. Parce que Sébastien Haller mérite de briller sur la scène mondiale après tout ce qu’il a traversé. Parce que voir les Éléphants en huitièmes, ça ferait un bien fou au football africain.
Le chemin s’annonce semé d’embûches, mais parfois, c’est dans les groupes les plus durs qu’on écrit les plus belles pages. Rendez-vous en juin 2026. Et d’ici là, on croise les doigts très fort.
Allez les Éléphants !
