Vous vous souvenez tous où vous étiez le 31 mai 2002. Moi, j’avais 13 ans et je regardais la télé, bouche bée, quand le Sénégal de Papa Bouba Diop faisait tomber les champions du monde français dès le match d’ouverture. Vingt-quatre ans plus tard, l’histoire pourrait bégayer… mais cette fois, les rôles sont inversés. Le tirage au sort de la Coupe du Monde 2026 vient de placer les Bleus dans un groupe où le Sénégal et la Norvège d’Erling Haaland risquent de faire très mal. Et quand un champion du monde 2018 comme Steven Nzonzi vous dit calmement « on aurait pu tomber dans une poule moins relevée », on tend l’oreille.
Un groupe homogène… et particulièrement costaud
Allez, soyons honnêtes deux minutes : sur le papier, personne ne va plaindre les Bleus. On reste quand même les vice-champions du monde en titre, avec probablement la meilleure génération de l’histoire du foot français. Mais le nouveau format à 48 équipes a ceci de pervers qu’il n’y a presque plus de « petits poucets » dès les phases de poules. Et là, franchement, ça sent le piège à plein nez.
Steven Nzonzi, joint au téléphone depuis l’Angleterre où il évolue toujours à 36 ans, ne tourne pas autour du pot :
« Les trois adversaires sont très homogènes. On aurait clairement pu tomber dans une poule moins relevée. »
Le mot est lâché. Homogènes. Pas forcément des monstres sacrés comme le Brésil ou l’Argentine, mais trois équipes qui savent exactement comment jouer contre plus fort qu’elles. Et ça, Deschamps déteste ça.
Le Sénégal, plus qu’une simple revanche
On va commencer par le plat de résistance. Le Sénégal version 2026, ce n’est plus l’équipe surprise de 2002. C’est la génération qui a gagné la CAN 2021, qui a sorti le Brésil en quarts lors du dernier Mondial et qui arrive avec une rage de vaincre intacte. Les Lions de la Téranga n’ont jamais digéré l’élimination en 8es par l’Angleterre en 2022. Et affronter la France dès les poules ? Ils vont se préparer comme si c’était la finale.
Nzonzi connaît bien la maison. Il a joué avec certains d’entre eux :
« Le Sénégal a une équipe très physique, très rapide sur les côtés. Et puis il y a cette histoire avec 2002… Même si les joueurs actuels n’étaient pas nés ou trop jeunes, ça reste dans l’inconscient collectif. Ils vont tout donner. »
Traduction : attendez-vous à un match ultra-engagé, probablement en plein cagnard texan ou californien, avec 60 000 supporters sénégalais qui vont transformer le stade en stade de Dakar. Joyeux.
- Sadio Mané (toujours là à 34 ans ?)
- Édouard Mendy dans les buts
- Kalidou Koulibaly en patron de la défense
- Une génération dorée qui arrive à maturité
Et si jamais ils finissent par battre les Bleus… imaginez l’ambiance pendant trois ans.
La Norvège d’Haaland : le danger numéro 1
Maintenant, parlons du grand blond. Erling Haaland à 25 ans, c’est déjà 4 Ballons d’Or potentiels dans les jambes. La Norvège n’a plus participé à une grande compétition depuis l’Euro 2000. Vingt-six ans d’attente. Vous croyez qu’ils vont arriver en touristes ? Moi non plus.
Ce qui rend cette équipe terrifiante, c’est qu’elle ne repose pas que sur son cyborg. Martin Ødegaard est devenu l’un des meilleurs meneurs de jeu d’Europe à Arsenal. Kristoffer Ajer, Oscar Bobb, Antonio Nusa… Il y a une vraie ossature Premier League. Et surtout, ils jouent sans pression : personne ne les attend parmi les favoris.
« Haaland en Coupe du Monde, c’est quelque chose qu’on n’a jamais vu. En club, il marque quand il veut. Là, il va avoir trois matchs pour montrer au monde entier. Défensivement, ça va être un cauchemar. »
Steven Nzonzi, très sérieux au téléphone
Imaginez Upamecano ou Konaté en un contre un face à lui sur une pelouse rapide américaine… Je prends déjà la tête.
La troisième équipe : le joker qui peut tout changer
Pour l’instant, la quatrième place reste à déterminer via les barrages. Mais même là, pas de cadeau possible. On parle potentiellement de la Nouvelle-Zélande, du Pérou, ou d’une équipe CONCACAF style Honduras ou Panama version boostée. Des équipes qui jouent physique, qui ferment le jeu et qui adorent les contres. Exactement le genre de match où la France a parfois du mal à se mettre en route (coucou la Tunisie en 2022).
Nzonzi insiste là-dessus :
« Même l’équipe la moins cotée, elle sera là pour créer l’exploit. Il n’y a plus de matchs faciles en Coupe du Monde. Regardez le Maroc en 2022. Personne ne les voyait là. »
Et les Bleus dans tout ça ?
Objectivement, l’équipe de France reste favorite de son groupe. On parle quand même d’un effectif où tu peux aligner Mbappé, Camavinga, Tchouaméni, Saliba, Koundé… La profondeur de banc est hallucinante. Mais c’est précisément quand on est ultra-favori que ça devient dangereux.
Didier Deschamps le sait mieux que personne. Son obsession ? Ne jamais sous-estimer personne. Et ce groupe va lui donner raison. Trois matchs où il faudra être à 100 % dès le premier, sous peine de se retrouver dans une situation très inconfortable pour la suite.
Steven Nzonzi conclut avec une phrase qui résume tout :
« Si on passe ce premier tour en étant vraiment prêts, on peut aller très loin. Mais il va falloir respecter tout le monde à 200 %. Il n’y a plus de marge. »
Traduction : les Bleus n’ont pas le droit à l’erreur. Un faux pas et c’est tout le tournoi qui peut basculer.
Le calendrier : un autre paramètre à ne pas négliger
Petit détail qui a son importance : le format 2026 avec trois matchs en phase de poules seulement (au lieu de quatre auparavant pour les meilleurs troisièmes) rend chaque point encore plus précieux. Une défaite et tu peux te retrouver à devoir gagner les deux suivants avec la manière pour être sûr de passer.
Et puis il y a la chaleur. Les matchs au Mexique, aux États-Unis ou au Canada en juin-juillet… même avec des stades climatisés, ça va piquer. Le Sénégal et les équipes africaines y sont plus habituées. La Norvège moins, mais Haaland semble fonctionner même à 40°C.
Conclusion : un mal pour un bien ?
Paradoxalement, ce groupe compliqué pourrait être la meilleure chose qui arrive aux Bleus. Se prendre un gros défi dès le début, ça évite de se voir trop beau. Ça oblige tout le monde à être sérieux dès le camp de préparation. Ça soude le groupe.
Steven Nzonzi, lui, reste optimiste :
« On a l’équipe pour passer, et même pour aller au bout. Mais il faudra être prêts dès le premier match. Pas le choix. »
Alors oui, on aurait préféré tomber avec le Canada, Trinidad et une équipe d’Océanie. Mais le football, c’est aussi ça : des matchs où tu n’as pas le droit de te louper. Rendez-vous en juin 2026. Quelque chose me dit que ça va être mémorable.
Et vous, vous en pensez quoi de ce groupe ? Les Bleus vont s’en sortir facilement ou ça sent le piège XXL ? Dites-le moi en commentaire, on en discute.
