Imaginez-vous mercredi soir, un peu avant 20 heures. Vous avez posé la bière, éteint le téléphone, et vous fixez l’écran comme si votre vie en dépendait. Parce qu’en un sens, les deux prochaines années du rugby français vont se jouer en quelques minutes à Sydney. Le tirage au sort de la Coupe du monde 2027, ce n’est pas qu’une formalité : c’est le moment où l’espoir prend forme… ou où le cauchemar commence à pointer le bout de ses cornes.
Personnellement, je trouve ça génial que l’on fasse ce tirage « seulement » vingt-trois mois avant le coup d’envoi. Fini les tirages absurdes réalisés trois ans avant où plus personne ne savait qui était fort ou pas. Là, on sent que ça va coller à la réalité du terrain.
Le nouveau format qui change (presque) tout
Avant d’aller plus loin, rappelons l’essentiel : exit les 20 équipes et les poules de la mort dès le début. Bienvenue aux 24 nations, six poules de quatre, et une phase finale où tout le monde (ou presque) passe quelque chose.
Concrètement ? Les six premiers et six deuxièmes sont qualifiés directement pour les huitièmes. On ajoute les quatre meilleurs troisièmes. Autrement dit, il faudra vraiment être catastrophique pour sortir dès les poules. Le vrai suspense, c’est la route ensuite.
Les Bleus déjà protégés… mais pas à l’abri
Grâce à leur cinquième place mondiale actuelle, les hommes de Fabien Galthié sont têtes de série. Traduction : ils évitent d’entrée les mastodontes que sont l’Afrique du Sud, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande, l’Angleterre et l’Argentine. Soulagement ? Oui et non.
Le seul gros poisson qui peut vraiment leur tomber dessus dès les poules, c’est l’Australie. Pays hôte, donc placée dans le chapeau 2, mais clairement l’équipe la plus costaude de ce chapeau. On se souvient tous du 48-33 du Stade de France il y a dix jours : les Wallabies étaient loin d’être au top. Imaginez-les chez eux, avec deux ans pour se reconstruire. Ça pique.
Tomber sur l’Australie en poule, ce n’est pas éliminatoire, mais ça te condamne presque à la deuxième place. Et là, le tableau peut devenir très méchant très vite.
Le rêve absolu : le groupe E ou F
Si on veut rêver, on prie pour que la France atterrisse dans les groupes E ou F. Pourquoi ? Parce que le tableau est scindé en deux moitiés bien distinctes, et ces deux-là offrent – si tout se passe bien – un chemin en or vers les demi-finales.
- 1er de groupe E/F → huitième contre un 2e de groupe
- Quart contre… un autre 2e de groupe
- Demi seulement contre un gros (si on arrive jusque-là)
Exemple concret : finir premier du E avec le Japon, les Tonga et le Zimbabwe en poche, puis tomber sur le Pays de Galles ou l’Italie en huitième, puis l’Écosse ou les Fidji en quart. Franchement, on signe où ?
Le scénario cauchemar qu’on redoute tous
À l’inverse, le pire n’est même pas de tomber sur l’Australie en poule (même si ça n’aide pas). Le vrai poison, c’est d’être deuxième d’un groupe A, B, C ou D et de se retrouver dans la moitié de tableau infernale.
Dans ce cas-là, tu peux avoir :
- Huitième contre un meilleur troisième (ok, jouable)
- Mais quart direct contre le 1er d’un autre groupe… et là, bonjour l’Afrique du Sud ou la Nouvelle-Zélande dès les quarts
On a déjà donné trois fois en quart de finale. On sait ce que ça fait de tomber sur plus fort au pire moment. Et franchement, revoir les Springboks dès les quarts en 2027, deux ans après le traumatisme de 2023, non merci.
Les petits détails qui peuvent tout changer
Ce qu’on oublie souvent, c’est que le tirage n’est pas totalement aléatoire. L’Australie est déjà placée en A1, les autres nations sont dans des chapeaux bien définis. Mais il y a des contraintes géographiques pour les équipes océaniennes et américaines. Ça réduit un peu le champ des possibles.
Et puis il y a les équipes émergentes. La Géorgie fait peur à tout le monde désormais. Le Portugal a montré de très belles choses. Même les qualifiés finales (Hong Kong, Zimbabwe, etc.) peuvent créer la surprise sur un match.
Pourquoi ce tirage est plus important que les précédents
Parce que cette fois, sortir des poules ne suffira plus. On l’a vu en 2011, 2015, 2019, 2023 : les Bleus passent toujours le premier tour. Le problème, c’est la suite. Avec 24 équipes, les quarts deviennent accessibles à plus de nations, mais les demi-finales restent l’Everest.
Et soyons honnêtes : la génération Dupont-Ramos-Ntamack-Alldritt arrive à maturité. 2027, c’est probablement la dernière vraie fenêtre avant que certains cadres ne commencent à raccrocher. Il y a une forme d’urgence qu’on n’avait pas forcément avant.
Cette équipe a tout pour aller au bout. Mais il faudra aussi un peu de chance au tirage. On ne va pas se mentir.
Mon pronostic (un peu perso) pour mercredi
Je sens la France dans le groupe F. Avec l’Australie en A, ça nous mettrait avec une équipe du chapeau 2 raisonnable (Écosse ou Fidji), une Géorgie ou un Portugal costaud, et un qualifié jouable. Ça ferait un groupe relevé mais gérable en première place. Et surtout, ça nous mettrait dans la bonne moitié de tableau.
Mais je peux me tromper complètement. C’est aussi ça la beauté du truc.
Quoi qu’il arrive mercredi soir, une chose est sûre : à partir du moment où les boules seront tirées, on aura tous une idée précise de ce qui attend les Bleus. Et on commencera déjà à cocher les dates sur le calendrier. Parce que 2027, ce n’est plus si loin. Et cette fois, on veut vraiment y croire.
Alors rendez-vous mercredi. Et croisons les doigts. Très fort.
