Imaginez un peu la scène : vous êtes policier dans une ville comme Creil, et vous arrêtez un jeune sur un point de deal connu. Vous le relâchez après les formalités, et hop, quelques heures plus tard, il est de retour au même endroit, comme si de rien n’était. Et ça recommence encore une fois. Frustrant, non ? C’est pourtant ce qui est arrivé récemment dans l’Oise, une histoire qui illustre parfaitement à quel point la lutte contre le trafic de rue peut parfois ressembler à un éternel recommencement.
On parle souvent des gros réseaux, des saisies impressionnantes, mais la réalité du terrain, c’est aussi ces petits points de vente qui pourrissent la vie des habitants. Et quand un individu défie ouvertement les forces de l’ordre à plusieurs reprises, ça pose question. Sur la persistance, sur l’impunité perçue, sur ce qui peut pousser quelqu’un à revenir si vite.
Une série d’interpellations qui défie l’imagination
Tout commence fin octobre, rue Henri-Dunant, un secteur bien identifié à Creil. Les policiers interviennent pour calmer un groupe qui insulte des collègues. Parmi eux, un jeune de 19 ans. Il tente de jeter un petit sachet – du cannabis, évidemment. L’arrestation tourne un peu au vinaigre, avec des outrages à la clé.
Après la garde à vue, il ressort avec une simple convocation pour une ordonnance pénale. Rien de bien méchant, en apparence. Mais voilà, le soir même, les mêmes policiers le retrouvent au même endroit, en train de faire exactement la même chose. Incroyable, mais vrai.
Cette fois, direction une nouvelle garde à vue, et une comparution devant un juge unique. On pourrait penser que la leçon est rentrée. Eh bien non. Quelques heures après sa libération, il est à nouveau sur place. Troisième interpellation en moins de 48 heures. Là, ça devient presque surréaliste.
« Tu fais le malin, mais tu sais pas qui je suis »
– Le jeune homme aux policiers, lors de sa troisième garde à vue
Cette phrase, lancée pendant l’intervention, en dit long sur l’état d’esprit. Excitation, colère, sentiment d’impunité ? Le jeune explique plus tard qu’il était furieux après un incident en cellule – un coup de genou, selon lui. Mais quand même, revenir trois fois…
Un comportement qui s’aggrave à chaque reprise
La première interpellation est déjà tendue, avec des insultes. La deuxième aussi. Mais la troisième, c’est le pompon. Menaces de mort, insultes à répétition, il est tellement agité que les policiers ne parviennent même pas à l’auditionner correctement. Il faut le calmer avant toute chose.
Je me demande parfois ce qui passe par la tête des gens dans ces moments-là. La colère ? La peur ? Ou simplement l’habitude de défier l’autorité ? Dans les quartiers où le deal est ancré, certains jeunes grandissent avec cette idée que la police, c’est l’ennemi. Ça ne justifie rien, mais ça aide à comprendre le cercle vicieux.
- Première arrestation : tentative de jeter la drogue, outrages légers
- Deuxième : retour immédiat sur le point de deal
- Troisième : menaces graves, impossibilité d’auditionner calmement
Cette escalade montre bien comment une situation peut dégénérer rapidement. Et pour les policiers, qui font le même boulot jour après jour, ça doit être usant moralement.
Le profil du jeune : entre galère personnelle et récidive
À 19 ans, il n’a pas encore de casier judiciaire adulte, mais il était déjà connu des services quand il était mineur, notamment pour des histoires similaires dans une autre ville du département. Un parcours qui n’étonne personne dans ce milieu.
Derrière les actes, il y a souvent une vie compliquée. Chassé du domicile familial par sa mère, obligé d’abandonner ses études en BTS… Ce sont des éléments que la défense a mis en avant au tribunal. Pas pour excuser, mais pour expliquer. Parce qu’à cet âge, on n’est pas encore tout à fait adulte, même si la loi vous traite comme tel.
Son avocate a plaidé pour une mesure adaptée : son père, dans le sud de la France, est prêt à l’accueillir. Une chance de changer d’air, de s’éloigner des mauvaises fréquentations. Une opportunité de repartir sur de bonnes bases, loin du quartier qui l’attire comme un aimant.
La réponse judiciaire : un électrochoc nécessaire ?
Devant le tribunal de Senlis, la procureure a été claire : il faut un choc pour qu’il réalise la gravité. Elle demande 14 mois, dont une partie ferme avec sursis probatoire. Obligations strictes, suivi, tout le tralala.
Le juge a suivi en partie, mais avec une mesure forte : dix mois de prison avec sursis probatoire, et surtout une interdiction de séjour dans tout le département de l’Oise pendant deux ans. Pas seulement Creil, l’Oise entière. Une décision rare, mais compréhensible vu les circonstances.
« Il faut un électrochoc pour qu’il prenne conscience de la gravité de ses actes »
– La substitute du procureur
Est-ce que ça va marcher ? On ne peut pas le savoir. Mais au moins, maintenant, il n’a plus aucune raison légale de traîner rue Henri-Dunant. Et pour les habitants du quartier, c’est peut-être un petit répit.
La lutte contre le trafic : un travail de fourmi
Cette affaire met en lumière un problème bien connu des forces de l’ordre : le trafic de rue, c’est pas glamour comme dans les séries. C’est répétitif, ingrat, et parfois décourageant. On arrête quelqu’un, il ressort, il revient. Et pendant ce temps, le business continue.
Mais il ne faut pas oublier que chaque interpellation compte. Ça perturbe le réseau, ça envoie un message, ça protège un peu les habitants qui subissent ce commerce au quotidien. Bruit, insécurité, peur pour les enfants… Les riverains en ont marre, et on les comprend.
J’ai souvent entendu des policiers dire que leur plus grande frustration, c’est de voir les mêmes visages revenir. Mais ils continuent, parce qu’abandonner, ce serait laisser le terrain libre. Et ça, ce n’est pas une option.
Les conséquences d’une interdiction de séjour départementale
Une interdiction sur tout un département, c’est costaud. Ça veut dire déménager, couper avec les amis, le quartier, les habitudes. Pour certains, c’est une punition terrible. Pour d’autres, c’est la chance de tourner la page.
- Plus d’accès aux anciens points de deal
- Possibilité de rejoindre un parent éloigné
- Obligation de trouver du travail ou une formation ailleurs
- Risque de prison ferme en cas de non-respect
Dans ce cas précis, le juge a écouté la défense et choisi le Var comme nouvelle terre d’accueil potentielle. Espérons que ce changement radical porte ses fruits. Parce qu’à 19 ans, il est encore temps de rectifier le tir.
Et après ? Les défis de la réinsertion
On parle beaucoup de répression, mais la prévention et la réinsertion, c’est tout aussi crucial. Un jeune qui sort du circuit du deal, il faut lui proposer autre chose. Un job, une formation, un suivi psychologique parfois.
Sans ça, le risque de retomber est énorme. Surtout quand on a grandi dans un environnement où vendre est vu comme une solution rapide aux problèmes d’argent. Changer de département, c’est un début. Mais il faudra plus pour construire quelque chose de solide.
L’aspect le plus intéressant, à mon avis, c’est cette idée d’électrochoc. Parfois, une mesure forte peut vraiment faire tilt. J’ai vu des histoires où un éloignement géographique a tout changé. Et d’autres où ça n’a rien résolu. Ça dépend de la personne, de la volonté, du soutien autour.
En tout cas, cette affaire creilloise nous rappelle que derrière chaque fait divers, il y a des vies humaines complexes. Des erreurs, des galères, mais aussi des opportunités de changement. Reste à voir si celle-ci sera saisie.
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