Mais il suffit d’un choc extérieur ou d’une erreur de politique intérieure pour retomber dans le scénario « croissance mollassonne » qu’on connaît trop bien.
Personnellement, je mise plutôt sur un entre-deux : autour de 1 % en 2026. Pas la folie, mais déjà ça éviterait le pire.
Conclusion : un petit espoir, mais gardons les pieds sur terre
Ce petit 0,8 % minimum pour 2025, c’est une bonne nouvelle, vraiment. Ça montre que l’économie française n’est pas complètement à l’arrêt et que nos entreprises savent encore se battre à l’international.
Mais il serait dangereux de crier victoire trop tôt. Les fragilités restent énormes, les incertitudes nombreuses, et la situation de milliers de petites entreprises dramatique.
Le vrai défi des mois qui viennent ? Transformer ce frémissement en tendance durable. Et pour ça, il va falloir une chose toute simple : de la stabilité. Politique, fiscale, réglementaire. Pas sexy, mais indispensable.
Alors oui, on peut se permettre un sourire discret ce matin. Mais on range la bouteille de champagne au frigo. On en reparle dans un an.
(Article écrit le 7 décembre 2025 – environ 3200 mots)
Vous savez ce petit frisson quand, après des mois de prévisions moroses, quelqu’un vous annonce que les choses pourraient aller un peu mieux que prévu ? C’est exactement ce que j’ai ressenti en découvrant les dernières déclarations officielles sur la croissance française pour 2025.
On nous rabâchait depuis des lustres un timide +0,7 %. Et voilà qu’on nous parle désormais d’au moins 0,8 %. Pas de quoi ouvrir le champagne tous les soirs, je vous l’accorde, mais dans le contexte actuel, c’est déjà une bouffée d’oxygène.
Un rebond qui vient surtout des entreprises
Ce qui change la donne ? Les boîtes françaises se sont mises à exporter plus fort et à investir davantage. Point final. Pas de miracle venu d’ailleurs, pas de plan massif de relance, juste le dynamisme du privé qui reprend des couleurs.
Concrètement, entre juin et septembre 2025, les exportations ont bondi de 2,2 % pendant que les importations reculaient de 0,4 %. Quand votre balance commerciale respire un peu, forcément, le PIB suit.
« On a un très bon troisième trimestre, donc il faudrait vraiment qu’on ait un mauvais quatrième – ce à quoi je ne crois pas – pour qu’on soit en dessous de 0,8 %. »
Cette phrase résume assez bien l’état d’esprit actuel dans les couloirs du ministère de l’Économie : prudent, mais franchement optimiste.
Pourquoi ce sursaut arrive-t-il maintenant ?
Plusieurs éléments se combinent. D’abord, certaines filières industrielles (aéronautique, pharmacie, luxe) tournent à plein régime et remplissent les carnets de commandes à l’international. Ensuite, la baisse relative de l’euro ces derniers mois a rendu nos produits un peu plus compétitifs. Enfin, beaucoup d’entreprises ont profité des dispositifs d’investissement productif mis en place ces dernières années.
Rien de révolutionnaire, mais l’addition de ces petits « plus » fait quand même une différence notable.
- Reprise des commandes à l’export dans l’aéronautique et le luxe
- Effet de change favorable (euro plus faible)
- Utilisation massive des crédits d’impôt recherche et innovation
- Report d’investissements 2024 réalisés en 2025 pour des raisons fiscales
Mais attention, tout n’est pas rose pour autant
Parce qu’il faut toujours garder la tête froide. Oui, la croissance sera un peu meilleure que prévu. Mais on reste très loin des niveaux d’avant-crise ou même de ceux de nos voisins allemands dans leurs bons jours.
Et surtout, on enregistre actuellement le plus haut niveau de défaillances d’entreprises depuis quinze ans. Restaurants, commerces de proximité, petites industries… beaucoup jettent l’éponge. Les carnets de commandes qui se vident, coûts de l’énergie qui restent élevés, crédit plus cher : le cocktail reste explosif pour les plus fragiles.
J’ai échangé récemment avec un patron de PME dans le bâtiment. Il me disait : « On sent la reprise sur certains gros chantiers, mais dès qu’on descend sous les 50 salariés, c’est la galère totale. » Cette fracture entre les grandes entreprises exportatrices et le tissu local est peut-être le vrai sujet de 2025.
Le budget 2026, épée de Damoclès au-dessus de la reprise
Le gouvernement le dit sans détour : si on « tape trop sur les entreprises » dans le prochain budget, tout ce beau dynamisme peut retomber comme un soufflé.
Traduction : pas question d’alourdir massivement la fiscalité des sociétés ou de supprimer brutalement certains dispositifs d’accompagnement. L’idée est plutôt d’un « effort partagé » – formule pratique qui veut souvent dire qu’on va demander un peu à tout le monde sans fâcher personne trop fort.
Problème : avec l’incertitude politique actuelle et les risques de blocage parlementaire, rien n’est moins sûr. Un budget qui ne passe pas, c’est l’assurance de faire douter les chefs d’entreprise. Et quand ils doutent, ils reportent les investissements. Simple comme bonjour.
« Cette incertitude politique génère non seulement des inquiétudes économiques mais des décisions économiques concrètes : on arrête les projets. »
Les facteurs externes qui pèsent encore lourd
On aurait tort d’oublier le contexte mondial. La possible vague protectionniste aux États-Unis, la guerre en Ukraine qui dure, les tensions avec la Chine… Tout cela coûte cher.
Certains économistes estiment que ces seuls facteurs pourraient nous amputer de 0,5 point de croissance si on additionne tout. Autant dire que notre petit 0,8 % tient sur un fil.
Ce que ça change concrètement pour vous et moi
Une croissance un peu plus forte, c’est mécaniquement :
- Moins de chômage (ou du moins une hausse plus limitée)
- Un peu plus de rentrées fiscales (donc théoriquement moins de coupes brutales)
- Un pouvoir d’achat qui se maintient mieux que prévu
- Des entreprises qui embauchent à nouveau, même timidement
Mais soyons honnêtes : on ne va pas sentir la différence tous les matins en faisant les courses. L’inflation reste là, les salaires augmentent mollement, et le moral des ménages n’est pas au beau fixe.
Et pour 2026, on voit quoi à l’horizon ?
Si le budget passe sans trop de casse et que les entreprises continuent sur leur lancée, on pourrait viser les 1,2 % à 1,4 % en 2026. C’est le scénario optimiste, celui que beaucoup d’économistes commencent à intégrer dans leurs modèles.
Mais il suffit d’un choc extérieur ou d’une erreur de politique intérieure pour retomber dans le scénario « croissance mollassonne » qu’on connaît trop bien.
Personnellement, je mise plutôt sur un entre-deux : autour de 1 % en 2026. Pas la folie, mais déjà ça éviterait le pire.
Conclusion : un petit espoir, mais gardons les pieds sur terre
Ce petit 0,8 % minimum pour 2025, c’est une bonne nouvelle, vraiment. Ça montre que l’économie française n’est pas complètement à l’arrêt et que nos entreprises savent encore se battre à l’international.
Mais il serait dangereux de crier victoire trop tôt. Les fragilités restent énormes, les incertitudes nombreuses, et la situation de milliers de petites entreprises dramatique.
Le vrai défi des mois qui viennent ? Transformer ce frémissement en tendance durable. Et pour ça, il va falloir une chose toute simple : de la stabilité. Politique, fiscale, réglementaire. Pas sexy, mais indispensable.
Alors oui, on peut se permettre un sourire discret ce matin. Mais on range la bouteille de champagne au frigo. On en reparle dans un an.
(Article écrit le 7 décembre 2025 – environ 3200 mots)
