Vous avez déjà eu cette petite boule au ventre en ouvrant les infos fiscales de fin d’année ? Moi oui. Et cette semaine, beaucoup d’épargnants français ont retenu leur souffle en suivant les débats sur la hausse de la CSG sur le capital. Finalement, un amendement voté dans la nuit a changé la donne. Et franchement, ça mérite qu’on s’y arrête cinq minutes, parce que ça concerne des millions de ménages.
Un compromis qui sent bon la politique… et la protection des classes moyennes
Reprenons depuis le début. L’idée initiale venait d’une proposition qui voulait augmenter la Contribution sociale généralisée sur les revenus du capital de 1,4 point, pour la faire grimper à 10,6 %. Objectif affiché : financer la branche autonomie, ce fameux cinquième risque qui pèse de plus en plus lourd avec le vieillissement de la population. Sauf que cette mesure, telle quelle, aurait touché tout le monde. Y compris vous, moi, et la voisine qui a mis 50 000 € sur son assurance-vie pour les études des petits-enfants.
Et là, patatras. Le gouvernement a senti le vent du boulet électoral. Résultat : un amendement « de compromis » déposé en urgence, voté à 177 voix contre 84 (avec pas mal d’abstentions, on reste en France). Le message est clair : les petits et moyens épargnants, on les laisse tranquilles. Mais alors, comment ont-ils fait ?
Ce qui est réellement protégé (et vous allez être contents)
Concrètement, le taux de CSG (et plus largement les prélèvements sociaux) reste à 9,2 % sur une liste impressionnante de placements populaires. Je vous fais la liste, parce que c’est le cœur du sujet :
- Les revenus fonciers (les loyers que vous touchez si vous êtes proprio bailleur)
- Les plus-values immobilières (quand vous vendez votre résidence secondaire ou votre investissement locatif)
- Tous les contrats d’assurance-vie (oui, même les vieux contrats en francs !)
- Les Plans d’Épargne Logement (PEL) et les Comptes Épargne Logement (CEL)
- Les Plans d’Épargne Populaire (PEP), ces vieux produits qu’on trouve encore chez certains
- Et bonne surprise de dernière minute : le Plan d’Épargne Retraite (PER) est bien dans le wagon des produits protégés
Autrement dit ? Si votre épargne ressemble à celle de 80 % des Français (un peu d’immobilier locatif, une assurance-vie, un PER pour la retraite), vous dormez sur vos deux oreilles. La hausse de 1,4 point ne vous concerne pas.
« L’idée n’est pas de pénaliser l’épargne populaire ni l’investissement locatif des Français. »
– Le message martelé par le gouvernement lors des débats
Et qui trinque à la place ? Les « gros » revenus du capital
Maintenant, la douche froide pour d’autres. La hausse de CSG à 10,6 % s’appliquera bel et bien sur :
- Les dividendes d’actions
- Les plus-values boursières (actions, OPCVM, etc.)
- Les intérêts de comptes à terme ou d’obligations
- Les revenus de certains produits moins courants (comptes-titres exotiques, etc.)
En gros, plus votre épargne est « financière » et liquide, plus vous risquez de passer à la caisse. C’est un choix politique assumé : faire payer davantage ceux qui ont les moyens de placer en Bourse ou qui touchent des dividendes confortables.
Petit calcul rapide : la mesure initiale devait rapporter 2,8 milliards d’euros. Avec les exonérations, on tombe à 1,5 milliard. C’est moitié moins… mais c’est toujours 1,5 milliard qui iront alimenter la branche autonomie via une nouvelle « Contribution financière autonomie ». Un nom un peu barbare pour dire : on crée un petit coussin dédié.
Pourquoi c’est une bonne nouvelle (même si ça reste une taxe)
Soyons honnêtes deux secondes. Une taxe en plus, ce n’est jamais la fête. Mais là, franchement, le gouvernement a évité le pire. Imaginez le tollé si des millions de Français avaient vu leur assurance-vie ou leur PEL ponctionnés de 15 % supplémentaires (1,4 point sur 9,2 %, ça commence à piquer).
J’ai échangé avec plusieurs conseillers en gestion de patrimoine cette semaine, et tous me disent la même chose : leurs clients paniquaient à l’idée que l’assurance-vie – ce placement chouchou des Français – prenne +1,4 point. Là, c’est réglé. Et pour les investisseurs locatifs, c’est carrément un soulagement : les revenus fonciers et plus-values immobilières échappent à la hausse. Dans un contexte où l’immobilier est déjà malmené par les taux et les normes énergétiques, c’était le genre de mesure qui aurait fait très mal.
Les gagnants et les perdants en un tableau (pour que ce soit clair)
| Placement | CSG 2026 | Impact |
| Assurance-vie | 9,2 % (inchangé) | Protégé ✅ |
| PEL / CEL | 9,2 % (inchangé) | Protégé ✅ |
| PER | 9,2 % (inchangé) | Protégé ✅ |
| Revenus fonciers & plus-values immo | 9,2 % (inchangé) | Protégé ✅ |
| Dividendes & plus-values actions | 10,6 % (+1,4 pt) | Impacté ❌ |
| Intérêts obligations / comptes à terme | 10,6 % (+1,4 pt) | Impacté ❌ |
Et maintenant ? Ce qu’il faut faire (ou pas)
Si vous avez une assurance-vie, un PER ou un bien locatif : vous pouvez dormir tranquille. Pas besoin de tout bazarder avant le 31 décembre (contrairement à certaines rumeurs qui ont circulé).
Si par contre vous avez un gros portefeuille actions ou vous touchez beaucoup de dividendes : là, ça vaut le coup de regarder avec votre conseiller comment optimiser. Peut-être orienter une partie vers des supports moins taxés (PEA, PER via des unités de compte actions européennes, etc.). Mais attention, on ne fait pas n’importe quoi juste pour gratter 1,4 point.
Ce que je retiens personnellement ? C’est une mesure qui montre que, parfois, la réalité politique rattrape les grandes annonces. On voulait taxer « les riches », on finit par protéger l’épargne populaire et faire payer surtout les investisseurs financiers. Est-ce que c’est plus juste ? Chacun se fera son opinion. Mais en attendant, des millions de Français vont garder leurs 1,4 % dans la poche. Et en cette fin d’année, c’est déjà pas mal.
(Article mis à jour le 5 décembre 2025 – les mesures devraient s’appliquer aux revenus 2026)
