Imaginez la scène : vous sortez d’un KO fulgurant en 16 secondes devant le public new-yorkais, tout le monde vous voit déjà frapper à la porte du top 5, et là… un gars classé juste devant vous vous balance publiquement qu’il va vous faire honte et vous pourrir la vie pendant quelques années. C’est exactement ce qui arrive à Benoît Saint-Denis en ce moment.
Dan « The Hangman » Hooker, jamais le dernier pour ouvrir la bouche, a décidé de mettre le feu aux poudres sept semaines avant leur affrontement à l’UFC Sydney. Et franchement, il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère.
Un trash-talking qui sent la poudre
On connaissait déjà le Néo-Zélandais pour son franc-parler, mais là, il passe à la vitesse supérieure. Écoutez plutôt :
« Tous ces jeunes loups affamés qui rêvent de ceinture, moi je suis celui qui arrive et qui casse tout. Je veux lui faire mal, le ridiculiser, lui pourrir quelques années de vie. Mon plan, c’est de détruire ses rêves. »
Dan Hooker, quelques jours après l’annonce officielle du combat
Le lendemain, il enfonceinte, il en rajoute une couche : il promet de marcher droit sur BSD sans jamais reculer, même sous les coups. En gros, il vend le scénario du vieux briscard qui n’a plus rien à perdre face au jeune talent qui monte.
Et honnêtement ? Ça marche. L’attente autour de ce combat vient de prendre +200 % d’intensité en 48 heures.
Pourquoi Hooker joue ce jeu-là maintenant ?
D’abord parce qu’il sort d’une défaite frustrante contre Arman Tsarukyan fin novembre. Une décision partagée, beaucoup estimaient qu’il avait fait assez pour gagner. Résultat : il a besoin de rappeler au monde qu’il est toujours dangereux, toujours dans la course.
Ensuite, il connaît parfaitement la dynamique. Benoît Saint-Denis reste sur deux performances qui ont marqué les esprits : le finish éclair contre Matt Frevola à l’UFC 295 l’an dernier, et surtout ce crochet gauche nucléaire sur Beneil Dariush il y a un mois. Le Français est devenu le chouchou du public américain, celui qu’on voit déjà défier les Islam Makhachev, Charles Oliveira et compagnie.
Alors Hooker fait ce que font les vieux loups : il essaie de le sortir de sa zone de confort mentale avant même le premier coup d’œil dans la cage.
Benoît Saint-Denis, la cible parfaite pour un upset
Regardez le classement lightweight actuel :
- 6. Dan Hooker
- 7. Renato Moicano
- 8. Benoît Saint-Denis
- 9. Mateusz Gamrot
- 10. Rafael Fiziev
Une victoire de BSD le propulserait directement dans le top 6-7 mondial, avec une vue imprenable sur un combat pour le titre d’ici 12-18 mois. Une victoire de Hooker, en revanche, le maintient dans la conversation et stoppe net l’ascension fulgurante du Français.
Autrement dit, c’est un vrai gatekeeper fight version 2026 : le vieux guerrier contre le nouveau prédateur.
Les forces en présence : qui a vraiment l’avantage ?
Sur le papier, ça sent le feu d’artifice.
Dan Hooker, c’est 1m83 de portée, un striking propre et tranchant, une excellente gestion de distance et surtout une résistance légendaire (il a encaissé des guerres contre Poirier, Felder, Barboza…). Son défaut ? Il peut parfois se faire attraper en transition ou au sol quand il est trop confiant.
Benoît Saint-Denis, lui, c’est l’inverse : un grappling ultra-agressif, une pression constante, des amenées au sol brutales et un striking qui devient de plus en plus dangereux (la preuve avec Dariush). Son point faible ? Il lui arrive encore de laisser des ouvertures en striking pur quand il cherche à tout prix à amener au sol.
En clair : si Hooker parvient à garder le combat debout et à tourner, il peut le frustrer. Si BSD impose sa pression et le colle au grillage dès les premières minutes… ça peut tourner au carnage très vite.
Le facteur psychologique : BSD va-t-il répondre ?
Jusqu’à présent, le Français est resté plutôt calme. Son équipe (notamment son coach Daniel Woirin) a toujours prôné la discrétion et le travail dans l’ombre. Mais là, la provocation est tellement directe qu’on voit mal comment il pourrait ne pas répondre à un moment donné.
Personnellement, j’espère qu’il gardera son énergie pour la cage. Parce que Hooker adore quand ses adversaires sortent de leurs gonds : il l’a déjà prouvé contre Moicano ou Al Iaquinta.
Après, imaginez une réponse bien sentie en conférence de presse, avec le calme glacial dont BSD est capable… Ça pourrait retourner complètement la dynamique.
Sydney, terre hostile pour le Français ?
Combat en Australie, donc public 95 % derrière Hooker et Volkanovski (qui sera dans son coin). La Qudos Bank Arena va hurler dès que le Néo-Zélandais posera un jab.
Mais curieusement, Benoît Saint-Denis s’est toujours nourri de l’hostilité. À New York contre Frevola, le public était contre lui. À Paris contre Thiago Moises, il a fait taire Bercy. À Abu Dhabi, à Las Vegas… Il semble même performer mieux quand il est l’outsider.
Mon pronostic (et pourquoi je peux me tromper)
Si vous me forcez à parier aujourd’hui, je vois BSD l’emporter par soumission au 2e round. La pression constante, les amenées répétées, et Hooker finit par céder comme tant d’autres avant lui.
Mais… si Dan parvient à le tenir à distance pendant 8-10 minutes, le Français pourrait commencer à forcer et laisser des fenêtres. Et là, un genou volant ou crochet, tout peut basculer.
Bref, on a le droit à un 50/50 absolu qui va probablement se jouer sur des détails : qui gère mieux la fatigue, qui reste le plus discipliné, qui craque le premier mentalement.
Une chose est sûre : le 31 janvier 2026, on risque d’assister à l’un des combats les plus intenses de l’année en lightweight. Et peu importe le résultat, le vainqueur entrera (ou restera) dans le top 6 mondial.
Alors, vous misez sur le « God of War » français ou sur le bourreau néo-zélandais ?
En attendant, le spectacle a déjà commencé. Et ça, c’est tout ce qu’on aime dans ce sport.
