Vous vous souvenez tous de ce soir-là à Stamford Bridge. David Luiz, maillot du PSG sur les épaules, qui claque cette tête rageuse pour égaliser face à son ancien club, à dix contre onze, sous une pluie battante. Une image culte. Onze ans plus tard, le même homme, toujours ces cheveux interminables, s’apprête à vivre une nouvelle soirée européenne… mais cette fois sous les couleurs de Paphos, modeste club chypriote, face à Monaco. À 38 ans, le Brésilien n’a rien perdu de sa passion. Au contraire, il la cultive autrement.
David Luiz, l’éternel étudiant du football
Quand on lui demande pourquoi il a choisi Paphos, il ne parle ni d’argent ni de dernière pige dorée. Non. Il parle de projet, de stabilité, d’envie de transmettre. Les propriétaires du club le courtisent depuis trois ans. Il a dit oui cet été, conscient que la fin approche. Mais surtout excité par ce qui viendra après.
« Tous les jours, j’aime étudier le foot. La gestion tactique, la gestion humaine, comment les entraîneurs parlent aux médias, comment ils montrent ou cachent leurs émotions… »
David Luiz
Cette phrase résume tout. Le gamin de Diadema, qui a explosé à Benfica avant d’exploser le monde à Chelsea, n’a jamais cessé d’apprendre. Et aujourd’hui, il prépare déjà la suite avec une rigueur presque maladive.
Un mentor avant même d’avoir le diplôme
À Paphos, on le présente comme un guide pour les jeunes. Lui minimise : « J’essaie juste d’aider. » Mais quand vous écoutez les gamins du vestiaire, c’est autre chose. Ils racontent qu’il reste après les entraînements pour revoir les vidéos, qu’il corrige les placements, qu’il parle placement du corps, lecture du jeu, concentration. Exactement comme Thiago Silva ou John Terry le faisaient avec lui à l’époque.
Il refuse de se limiter à une seule philosophie : « Si je me fixe sur un seul style, ça sera trop court pour le futur. » Il pique des idées chez Guardiola, chez Ancelotti, chez Luis Enrique évidemment, mais aussi chez des techniciens moins médiatisés. Il note tout. Il observe tout. Un vrai maniaque.
Le PSG, le plus grand regret d’une carrière dorée
Quand le sujet PSG arrive, ses yeux s’illuminent. Entre 2014 et 2016, il forme avec Thiago Silva la charnière la plus chère de l’histoire (plus de 100 M€ à eux deux). Et pourtant, il parle de cette période comme de l’une des plus belles de sa vie.
- Deux fois champion de France
- Tous les trophées nationales raflées
- Deux quarts de finale de Ligue des Champions
- Et surtout, un plaisir immense à jouer dans cette équipe de possession
Mais il y a cette pointe de regret, toujours. « On était si proches… » Contre Barcelone en 2015, puis contre Manchester City en 2016, le PSG passe tout près. Suspensions, blessures au pire moment (il se souvient encore de Thiago Motta qui sort dès la 20e minute au retour contre City). Il n’a jamais digéré.
« C’est l’une des meilleures équipes dans lesquelles j’ai joué. Cette équipe-là me manque beaucoup. »
Ce soir-là à Stamford Bridge, l’émotion brute
Impossible de parler de David Luiz sans revenir sur ce 8e de finale retour en 2015. PSG à dix après le rouge d’Ibra, mené 1-0, et puis cette tête à la 86e minute. Il court célébrer devant le parcage parisien… face à Chelsea, son Chelsea. Les images font encore le tour du web.
« C’était trop d’émotions. Jouer contre un club qui est dans mon cœur, avec Diego Costa en face… Je n’ai pas pu retenir ma célébration. Ce n’était pas un match normal. »
Il parle encore de Diego Costa avec une affection énorme. « Un bel ami, un joueur formidable. » Un an plus tard, ils seront coéquipiers à Chelsea. Le football, parfois, fait bien les choses.
Ibra dans le vestiaire : la vérité derrière la légende
On imagine Zlatan arrogant, individualiste, parfois ingérable. David Luiz démonte le mythe avec douceur.
« Vous pensez tous qu’il était fou, mais c’était un professionnel énorme. Il travaillait toujours jusqu’à la limite. Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi sérieux à l’entraînement. »
Il n’a pas d’anecdote folle à raconter. Pas de chaise qui vole, pas de clash mémorable. Juste un respect immense pour un coéquipier qui tirait tout le monde vers le haut.
Le PSG 2025 vu par un ancien : « Luis Enrique fait la différence »
Il suit toujours le PSG avec attention. Et quand on lui demande qui l’impressionne aujourd’hui, il ne cite pas un seul joueur.
« Dembélé mérite son Ballon d’Or, Doué, Vitinha, Kvaratskhelia, Nuno Mendes… ils ont tous un niveau fantastique. Mais celui qui fait vraiment la différence, c’est Luis Enrique. Il a fait progresser chaque joueur, individuellement et collectivement. C’est un exemple pour moi. »
Venir d’un défenseur brésilien aussi expérimenté, c’est pas rien. On sent presque la future carte de visite : « Formé à la dure école Chelsea, passé par le PSG d’Ibra, inspiré par Luis Enrique ».
Paphos-Monaco : plus qu’un match pour lui
Mardi soir (18h45), David Luiz retrouvera la Ligue des Champions, cette compétition qu’il a disputée 71 fois dans sa carrière. Mais cette fois, il sera le « vieux sage » d’une équipe qui découvre l’élite. Contre Monaco, il sait que son rôle ne sera pas seulement défensif. Il devra guider, rassurer, transmettre cette expérience accumulée pendant vingt ans au plus haut niveau.
Et quelque part, dans un coin de sa tête, il prendra encore des notes. Pour plus tard.
Et après ?
Il ne le dit pas encore officiellement, mais tout laisse penser qu’il passera ses diplômes dès la saison terminée. On l’imagine bien commencer par un club de taille moyenne, peut-être au Portugal ou au Brésil, pour mettre en pratique tout ce qu’il observe aujourd’hui.
Ce qui est sûr, c’est qu’il ne fera pas comme certains anciens qui se lancent tête baissée sans préparation. Lui, il étudie déjà. Tous. Les. Jours.
Le football a ceci de magique : il rend immortels certains moments. Ce tête à Stamford Bridge, ce sourire à Benfica, ces passes laser à Chelsea, ces duels avec Diego Costa… Et bientôt, peut-être, un banc de touche où un Brésilien aux cheveux longs imposera sa vision.
David Luiz n’a pas fini de nous surprendre. Et franchement, on a hâte de voir la suite.
PS : Si vous avez vécu le PSG 2014-2016, dites-moi en commentaire votre souvenir le plus fort avec David Luiz. Le mien reste cette célébration sous la pluie londonienne. Inoubliable.
