Vous est-il déjà arrivé de passer tous les jours devant une maison sans vraiment la voir, puis un jour… bam ! L’idée folle qui change tout ? C’est exactement ce qui s’est produit pour Charlotte et Arnaud, un couple comme on les aime, passionné et un brin tête brûlée. Leur rêve ? Ouvrir enfin une vraie boutique pour leurs cosmétiques bio fabriqués main. Et devinez où ils l’ont fait ? Dans l’ancien garage de leur voisine, juste à côté de chez eux. Franchement, on n’invente pas des histoires aussi belles.
Quand le destin frappe à la porte… d’à côté
Revenons un peu en arrière. Fin 2020, en plein confinement (oui, celui où tout le monde faisait du pain ou du savon), Charlotte et Arnaud lancent leur marque de cosmétiques artisanaux. Nom de code : Toche et Nono. Des savons saponifiés à froid, des déodorants sans bicarbonate pour les peaux sensibles, des huiles démaquillantes divines… Tout est fabriqué dans leur labo maison avec des ingrédients ultra-clean. Très vite, ça marche : site internet, click & collect, marchés locaux, une vingtaine de revendeurs dans la région. Mais un truc manque cruellement : un endroit où les clients peuvent toucher, sentir, tester.
Ils cherchent, ils cherchent… Rien ne convient. Trop cher, trop loin, pas le bon feeling. À un moment, ils envisagent même de tout plaquer pour la Charente-Maritime. Sérieux. Les banques leur rient au nez : « Vous avez deux bilans, bon courage ailleurs ! » Retour à la case départ, un peu dépités mais toujours motivés.
Le coup de théâtre inattendu
Et là, la vie fait bien les choses. Ils sont à deux doigts de signer pour un local à dix kilomètres quand le fils de leur voisine frappe à la porte : « Maman vend la maison. » Ni une ni deux, visite express. Ce qu’ils voient ? Une maison classique… et un double garage qui fait « plop » dans leur tête. L’idée est tellement évidente qu’elle en devient folle.
« On a acheté la maison pour le garage. Clairement. La maison, on verra plus tard… »
Charlotte, encore amusée un an après
Un an de travaux plus tard (eux-mêmes, famille, amis, beaucoup de café), le garage est méconnaissable. 40 m² de douceur : parquet clair, murs blancs, étagères en bois brut, plantes suspendues, lumière partout. On s’y sent bien dès la porte poussée. Et surtout, on peut enfin tout sentir, tout toucher, tout essayer.
Une gamme qui donne envie de tout racheter
Ce qui frappe en entrant, c’est la richesse de l’offre. Sur internet, on voit déjà large, mais en boutique ? C’est le festival. Il y a même des éditions ultra-limités qui ne sont pas en ligne.
- Savons saponifiés à froid (mention spéciale au charbon végétal et à la carotte fraîche)
- Shampoings solides qui font des cheveux de sirène
- Déodorants crème ultra-doux (même pour les peaux de bébé)
- Dentifrice en pâte ou en tablette (oui, ça existe et c’est génial)
- Huiles démaquillantes qui enlèvent tout en 3 secondes montre en main
- Bougies parfumées coulées main dans des pots en verre recyclé
- Et même des coffrets cadeaux déjà prêts (la classe)
Le plus dingue ? Tout est toujours fabriqué sur place, dans le labo attenant. Quand on achète un savon, il a peut-être été coulé la veille. Ça change tout.
Le pari de l’hyper-local
En choisissant de rester à Buchères (2000 habitants, tout petit village à 10 minutes de Troyes), ils auraient pu avoir peur du manque de passage. Que nenni. Les gens viennent exprès. Les habitués du click & collect sont ravis de ne plus attendre dans le noir sur le trottoir. Les curieux poussent la porte « parce qu’ils ont vu de la lumière ». Et les touristes qui passent par Troyes pour les magasins d’usine repartent souvent avec un petit bout de savoir-faire local dans leur valise.
J’ai remarqué un truc intéressant : dans un monde où tout va vite, où les grandes enseignes bio ouvrent partout, les clients recherchent de plus en plus l’authenticité. Ils veulent discuter avec la personne qui a vraiment fabriqué leur crème. Savoir d’où vient l’huile essentielle de lavande (Provence, évidemment). Toucher le produit. Ici, c’est possible. Et ça fait toute la différence.
Entreprendre en couple : mission impossible ?
On pose souvent la question : travailler H24 ensemble, avec trois enfants à la maison, ça donne quoi ? Charlotte rit : « On a appris à poser des limites. Quand on ferme la boutique, on ferme vraiment. » Le comptoir est conçu pour qu’elle puisse faire les réassorts même quand Arnaud n’est pas là. Et quand ça déborde (coucou les commandes de Noël), toute la famille met la main à la pâte. Littéralement.
Leur secret ? Rester à taille humaine. Pas d’employé pour l’instant. Pas de course folle à la croissance. Juste le plaisir de faire bien, et de voir les clients repartir avec le sourire et un panier bien rempli.
Et demain ?
La maison attenante ? Elle servira peut-être un jour d’atelier plus grand, ou de lieu pour des ateliers DIY (fabriquer son propre baume à lèvres, qui dirait non ?). En attendant, la boutique tourne du mardi au samedi, fermée le mercredi et le dimanche pour respirer un peu.
Ce qui est sûr, c’est que leur histoire donne envie. Envie d’oser. Envie de transformer un garage banal en quelque chose de beau. Envie, tout simplement, de consommer moins mais mieux.
Si vous passez près de Troyes, faites un détour par Buchères. Poussez la porte. Vous sentirez la lavande, le sourire de Charlotte, et peut-être l’envie de changer un peu votre salle de bain.
Parce qu’au fond, les plus belles aventures commencent parfois juste à côté de chez soi.
(Article écrit après une visite sur place et plusieurs cafés partagés avec Charlotte et Arnaud – merci pour l’accueil !)
