Il y a des soirs où l’on attend l’éclair et où l’on n’obtient qu’une petite lueur. Samedi face à Rennes (5-0), Ousmane Dembélé est entré à l’heure de jeu et, pendant une demi-heure, il a presque joué… comme un numéro 6. Des remises simples, des ouvertures propres, une passe décisive pour Gonçalo Ramos. Pas un dribble, pas une accélération foudre. Certains supporters sont sortis du Parc en se disant : « C’est ça, le Ballon d’Or ?
Et pourtant, personne au club ne panique. Mieux : tout le monde valide cette version 2025 de « Dembouz », très loin de l’extraterrestre qui avait porté Paris jusqu’au toit de l’Europe quelques mois plus tôt. Alors, que se passe-t-il vraiment ?
Un retour géré minute par minute
Reprenons depuis le début. Fin octobre, Dembélé se blesse au mollet contre le Bayern. Sept semaines d’arrêt. À son retour, on pense qu’il va reprendre là où il s’était arrêté : slalom, vitesse, chaos organisé. Sauf que non. Le staff a changé de doctrine après les rechutes successives de plusieurs joueurs (dont Désiré Doué) au début de l’automne.
Luis Enrique l’a même reconnu publiquement : « Quand un joueur revient de blessure, il est à 100 % médicalement, mais pas à 100 % physiquement. J’ai appris qu’il fallait mieux gérer ça. » Traduction : on ne prend plus le moindre risque.
« Cette fois, on a décidé d’y aller vraiment étape par étape. On fixe le temps de jeu à l’avance et on ne dépasse pas. »
Un proche du staff parisien
Le plan est donc ultra-conservateur :
- 11 minutes contre Tottenham
- 26 minutes à Monaco
- 26 minutes contre Rennes
- Forfait (maladie) pour Bilbao
Chaque entrée est programmée, pesée, validée entre le staff médical, la cellule performance et le préparateur physique personnel du joueur. Objectif : zéro rechute avant la phase finale de Ligue des Champions et, surtout, avant la Coupe du Monde 2026.
Un corps qui dit stop aux folies
On oublie parfois que Dembélé traîne une réputation de cristal depuis ses années barcelonaises. Ischios, mollets, adducteurs… son historique musculaire est lourd. À 28 ans, il connaît son corps mieux que quiconque. Et depuis trois semaines, il refuse consciemment d’aller dans le rouge.
L’entourage du joueur le répète : il ne ressent plus de douleur, mais il n’a aucune intention de refaire des courses à 36 km/h ou des changements de direction brutaux tant qu’il n’aura pas retrouvé toutes ses sensations. C’est un choix assumé, presque stratégique.
D’ailleurs, quand on regarde ses statistiques récentes, on s’aperçoit que ses pics d’intensité sont volontairement plafonnés. C’est inédit pour celui qui était devenu, la saison passée, le joueur le plus explosif d’Europe.
Un rôle de métronome plutôt que de fusée
Contre Rennes, la blague a fusé en interne : « Il a joué comme Pirlo ! » L’image est exagérée, mais elle dit tout. Dembélé s’est placé entre les lignes, a orienté le jeu, a distribué. Pas de un-contre-un, pas de démarrages fulgurants. Juste de l’intelligence et de la propreté technique.
Et franchement ? Ça marche. Le PSG tourne à plein régime même sans sa version « mode avion ». Parce que l’équipe a appris à vivre avec un Dembélé à 70 % plutôt que de risquer de le perdre six mois à 110 %.
« On préfère un Dembélé à 80 % en mai qu’un Dembélé à 120 % en décembre et à l’infirmerie en février. »
Un membre de la direction sportive
2026, l’objectif qui change tout
Soyons honnêtes : si on était en pleine course au titre en avril ou en quarts de finale de C1, Dembélé forcerait probablement plus. Mais là ? Le PSG caracole en tête de Ligue 1, la phase de poules de Ligue des Champions est presque bouclée, et la vraie saison commence en février.
Ajoutez à ça une Coupe du Monde dans sept mois aux États-Unis, au Canada et au Mexique. Pour un joueur français de 28 ans tenant du Ballon d’Or, c’est l’objectif absolu. Deschamps suivra évidemment la charge de travail et la santé de son ailier star.
Du coup, tout le monde est aligné : le joueur, son entourage, le staff parisien et probablement l’équipe de France. On stocke de l’énergie. On monte en puissance tranquillement. On évite la zone rouge.
Et les supporters dans tout ça ?
Évidemment, ça coince un peu dans les tribunes et sur les réseaux. On a pris l’habitude de voir Dembélé mettre trois joueurs dans le vent avant de centrer en retrait ou de frapper en lucarne. Voir un Dembélé « diesel » qui joue simple, ça déroute.
Moi le premier, j’avoue que ça me fait bizarre. Mais quand on prend du recul, c’est plutôt malin. Combien de fois a-t-on vu des stars se griller en décembre pour être émoussées au printemps ? Cette fois, Paris semble avoir appris la leçon.
Alors, quand verra-t-on le vrai Dembélé ?
La réponse est simple : quand le corps dira oui et quand les matchs vaudront vraiment quelque chose. Probablement à partir de février-mars pour les 8es de finale de Ligue des Champions. D’ici là, on aura droit à des entrées de 20-30 minutes, parfois un peu plus si tout va bien.
Et honnêtement ? Tant que le PSG gagne 5-0 ou 4-0 sans forcer, qui va vraiment se plaindre ? L’important, c’est qu’en mai-juin, quand les lumières seront au maximum, Ousmane Dembélé soit prêt à remettre le costume de super-héros qui lui va si bien.
Parce que oui, le grand Dembélé va revenir. Il n’a pas disparu. Il se cache juste un peu, le temps de recharger les batteries. Et quelque part, c’est peut-être le signe le plus fort de sa maturité.
En attendant, on patiente. On savoure les passes laser et les remises en une touche. Et on se dit que parfois, le plus beau spectacle, c’est celui qu’on retarde exprès.
