Vous est-il déjà arrivé d’écouter une émission de radio et de vous dire : « Moi aussi je pourrais répondreais à ça les doigts dans le nez » ? Moi oui, souvent. Mais quand ce sont des gamins de huit ans qui se retrouvent face au micro mythique du Jeu des 1 000 €, là, ça devient autre chose. Une toute petite commune d’Eure-et-Loir a vécu ça début décembre : trois jours de folie douce, de rires, de stress et surtout d’une solidarité incroyable autour d’un seul objectif : offrir à toute l’école une classe verte dont tout le monde se souviendra.
Quand la radio nationale débarque dans une école de campagne
Berchères-les-Pierres, 1 200 habitants à peine, un clocher, une boulangerie, et soudain… une régie mobile garée devant l’école La Pierre-Blanche. Perches, enceintes, kilomètres de câbles : les enfants n’en revenaient pas. Pour eux, c’était Hollywood qui débarquait en plein champ de betteraves.
L’idée est venue d’un enseignant passionné de radio qui, un matin en écoutant l’émission, s’est dit : « Et pourquoi pas nous ? » Quelques mails, un peu d’audace, et hop, l’équipe accepte de déplacer le plus vieux jeu radiophonique de France dans cette école de REP. Parce que oui, derrière le plaisir, il y a une réalité budgétaire : les cars coûtent de plus en plus cher, les familles galèrent parfois, et une classe découverte, ça n’a rien d’automatique.
Le principe : les CE2 contre les adultes
Pendant trois jours, les élèves de CE2 ont joué pour de vrai. Pas de tricherie, pas de répétition : questions en direct (enregistré, mais en différé, soyons précis), et surtout un face-à-face inédit : les enfants contre… leurs propres professeurs, la directrice, et même le maire du village venu en renfort !
« Banco ! Banco ! Banco ! » Le cri résonne encore dans mes oreilles quand je repense à la scène. Voir une petite fille de huit ans hurler ça avec une conviction totale, c’est quelque chose qui marque.
Les moments culte n’ont pas manqué. Une question sur les félins ? Réponse immédiate des deux candidates : « Les végétariens ? » Toute la classe a explosé de rire, les profs ont rougi, l’animateur a gardé son calme légendaire et a répondu avec une douceur infinie : « Non… les félins ! » On était loin du stress des candidats adultes qu’on entend d’habitude.
Et le plus savoureux ? Quand les rôles se sont inversés. L’instituteur, pourtant habitué à tout savoir, s’est retrouvé à devoir épeler « logorrhée ». Silence de mort. Un élève lance, taquin : « Allez maître, vous pouvez y arriver ! » Échec cuisant et rires complices. Pour une fois, c’est l’adulte qui sèche devant trente paires d’yeux rieurs. Magique.
Plus qu’un jeu : un vrai projet pédagogique
Ce qui m’a le plus touché dans cette histoire, c’est la dimension éducative cachée derrière les éclats de rire. Les enfants ont découvert le fonctionnement d’une émission en direct : la régie son, le timing millimétré, le rôle de l’animateur, la prise de parole face à un micro. Autant de compétences qu’on n’apprend pas dans les manuels.
- Ils ont bossé la culture générale en s’amusant (et croyez-moi, certaines questions étaient corsées même pour un adulte).
- Ils ont appris à gérer le stress et l’échec avec le sourire.
- Ils ont compris la valeur de l’argent et la solidarité : chaque euro gagné ira dans la cagnotte commune pour que personne ne reste à quai.
L’enseignant à l’origine du projet le dit lui-même : « Avec l’inflation sur les transports, chaque euro compte pour alléger la note des familles. » Et dans une école où certaines situations sont compliquées, c’est loin d’être un détail.
Le suspense est intact… jusqu’à Noël
Alors, ont-ils gagné assez ? Ont-ils battu les profs ? Dépassé les 1 000 € ? Mystère total. L’émission spéciale « Noël » sera diffusée entre le 22 et le 26 décembre à 12 h 30. Autant vous dire que dans le village, on a déjà coché les dates sur le calendrier.
À la sortie de l’enregistrement, les petites candidates étaient sur un petit nuage. « On a eu peur au début, mais après ça allait ! Les copains ont dit qu’on avait cartonné ! » Leur fierté faisait plaisir à voir. Et franchement, peu importe le montant final, ils ont déjà gagné quelque chose d’inestimable : des souvenirs pour la vie.
Pourquoi cette histoire nous touche autant
Dans un monde où l’école est souvent résumée à des notes et des classements, voir des gamins se mobiliser pour un projet commun, rire ensemble, se serrer les coudes, ça fait du bien. Ça rappelle qu’on peut apprendre autrement, que l’école peut être joyeuse, solidaire, créative.
Et puis il y a cette image qui me reste en tête : une classe entière qui crie « Banco ! » à l’unisson. Si ce n’est pas la plus belle définition de l’enfance, je ne sais pas ce que c’est.
Alors rendez-vous fin décembre devant votre poste pour connaître le verdict. En attendant, on peut déjà parier sur une chose : ces CE2 ont déjà gagné le cœur de tout un village… et probablement celui de milliers d’auditeurs qui découvriront leur aventure.
Personnellement, j’ai hâte d’écouter l’émission. Et vous ? Allez-vous programmer le rappel ? Parce qu’une chose est sûre : on n’a pas fini d’entendre parler de ces petits champions d’Eure-et-Loir.
