Imaginez la scène : à peine sorti d’une saison où chaque point a valu de l’or, où les trois premiers se tiennent en moins de vingt points avant la dernière course, et voilà que les principaux rivaux se retrouvent autour d’une grande table, trinquent et rigolent comme de vieux potes. C’est ça, la Formule 1 version 2025. Et franchement, c’est peut-être le moment que je préfère dans toute l’année.
Le dîner de fin de saison, cette parenthèse hors du temps
Chaque année, peu importe la tension, peu importe qui déteste qui sur la piste, les pilotes se retrouvent pour ce repas devenu mythique. Pas de caméras officielles, pas de conférence de presse, juste eux, un bon restaurant et l’envie – réelle – de profiter une dernière fois ensemble avant que certains ne changent d’écurie ou que d’autres ne raccrochent le casque.
Cette année, l’événement avait une saveur toute particulière. Nous sommes le 4 décembre 2025, le Grand Prix d’Abou Dhabi approche à grands pas et trois jours plus tard, et le titre mondial va se jouer entre Lando Norris, Max Verstappen et Oscar Piastri. Autant dire que la pression est à son comble. Pourtant, 17 des 20 pilotes ont répondu présent. Seuls Fernando Alonso, Nico Hülkenberg et Lance Stroll ont décliné l’invitation.
Les Français au complet, une fierté discrète
Esteban Ocon, Pierre Gasly et le tout nouveau promu Isack Hadjar étaient là. Voir les trois tricolores autour de la même table, alors que Hadjar s’apprête à devenir le coéquipier de Verstappen l’an prochain, ça donne le sourire. Pierre et Esteban, habitués de ces soirées depuis des années, ont sûrement joué les grands frères avec le rookie. On imagine sans mal les anecdotes sur les kartings et les conseils prodigués entre deux verres.
J’ai toujours trouvé ça beau, cette transmission entre générations. Dans aucune autre discipline on ne voit ça à ce point. Les pilotes restent une petite famille, même quand ils se battent comme des chiffonniers le dimanche.
Lewis Hamilton, le cœur gros pour sa dernière
Le premier à publier une photo fut, sans surprise, Lewis Hamilton. Et quelle photo. On le voit au centre, bras ouverts, sourire immense, entouré de presque tout le plateau. Sa légende Instagram a fait fondre pas mal de monde :
« Nous sommes les seules personnes au monde à faire ce que nous faisons et pour cela, nous avons une chance incroyable. Je suis reconnaissant pour ce groupe de pilotes contre lesquels j’ai le privilège de courir et même si nous sommes concurrents, il n’y a que du respect et je suis fier de les appeler mes amis. »
– Lewis Hamilton
On sent l’émotion. C’est peut-être son dernier dîner en tant que pilote Mercedes (même s’il court déjà sous les couleurs Ferrari cette année, le passage reste symbolique). En tout cas, ça rappelle que derrière les millions et les rivalités, il y a des mecs qui se connaissent depuis l’adolescence et qui savent que tout ça peut s’arrêter demain.
Verstappen, Norris et Piastri : zéro tension apparente
Le plus impressionnant ? Les trois hommes qui vont se disputer le titre dimanche étaient là, assis probablement côte à côte, et semblaient passer une soirée géniale. Max a simplement posté une story avec « Good times ». Sobre, comme d’habitude.
Lando, lui, a sorti l’humour britannique dont il a le secret : « Aucune nourriture n’a été jetée ce soir ». Référence à peine voilée aux tensions passées avec Max, mais surtout clin d’œil complice. On sent que les deux-là ont tourné la page des accrochages.
Oscar Piastri, toujours aussi sec et drôle, a balancé une photo avec la légende : « Au cas où vous ne suivriez pas les 19 autres ». Le mec est en train de jouer le titre mondial et il trouve encore le moyen de chambrer tout le monde. J’adore.
Pourquoi cette tradition est plus importante qu’on ne le croit
On pourrait se dire que c’est juste un dîner. Mais en réalité, c’est bien plus que ça. Dans un sport où la moindre parole est scrutée, où chaque regard peut être interprété, ce moment permet de redescendre sur terre. De se rappeler qu’on fait le plus beau métier du monde, oui, mais aussi le plus dangereux et le plus éphémère.
Je me souviens encore du dîner 2021, après Abu Dhabi et la polémique. Tout le monde pensait que Verstappen et Hamilton ne s’adresseraient plus jamais la parole. Et pourtant, ils étaient là l’année suivante, à rire ensemble. La F1, c’est ça : 99 % de rivalité, 1 % d’humanité qui fait toute la différence.
- Ils partagent les mêmes frayeurs dans le mur à 340 km/h
- Ils connaissent la pression des médias et des sponsors
- Ils savent que demain, tout peut basculer (accident, perte de volant…)
- Et surtout, ils n’ont que 20 places dans le monde pour faire leur passion
Ces quatre points-là créent un lien indéfectible. Même entre ceux qui ne s’aiment pas forcément.
Et maintenant ? Direction l’enfer du Yas Marina
Dimanche, tout redeviendra sérieux. Les sourires laisseront place aux visages fermés dans le garage, les stratégies millimétrées, les arrêts aux stands au couteau. Norris doit rattraper 18 points sur Verstappen, Piastri est à 24… Tout est encore possible.
Mais quelque part, ce dîner aura permis à tout le monde de recharger les batteries mentales. De se rappeler pourquoi ils font ça. Parce qu’au fond, même quand on joue un titre mondial, on reste des gamins qui ont rêvé devant la télé en regardant Schumacher ou Senna.
Alors oui, la bataille sera féroce reprendra dimanche soir sous les lumières d’Abou Dhabi. Mais jeudi, pendant quelques heures, ils étaient juste vingt mecs (moins trois) heureux de vivre leur rêve ensemble.
Et nous, on a hâte d’être à dimanche… tout en gardant précieusement en tête cette image d’une grande tablée où, l’espace d’une soirée, la Formule 1 a montré son plus beau visage.
Personnellement, c’est ce genre de moment qui me fait aimer ce sport depuis vingt ans. La performance, oui. Mais surtout l’humain derrière le casque. Rendez-vous dimanche pour savoir qui soulèvera la coupe… et l’année prochaine pour un nouveau dîner, avec, peut-être, quelques visages en moins et d’autres en plus.
